CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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A quand le rayonnement de l’université de Bangui ?

Par Jacques-Oscar Youméré

 

A quand le rayonnement de l’université de Bangui ?

Ce n’est plus un secret de polichinelle, l’unique Université de Bangui traverse depuis plus de deux (2) décennies une crise sans précédent. L’Université, creuset du savoir et moteur de développement, ne semble être plus à la hauteur de sa mission, celle qui consiste à former des cadres compétents dans tous les domaines de la vie sociale. Aujourd’hui, il est courant de se moquer des élèves et étudiants, sous-prétexte qu’ils n’ont plus de niveau, mais à qui la faute ? Il faut le dire sans ambages que la faute incombe à nos dirigeants des vingt (20) dernières années. Le monde évolue, et les institutions de part le monde également évoluent. Le manque d’une vision réelle de développement de la part de nos dirigeants a fait que l’Université de Bangui n’est pas au diapason des autres Universités, pour ne pas parler des Universités de l’Afrique de l’Ouest, du Maghreb ou de l’Occident. Regardons seulement tout proche de nous au Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, voire le Tchad, les dirigeants de ces pays voisins, ayant compris la nécessité de doter les jeunes du savoir intellectuel, source et ressource renouvelable, ils se sont investis à hauteur des centaines des milliards pour avoir des Universités modernes, dignes d’être appelées Universités. C’est le cas du président Ali Bongo du Gabon, qui a compris très tôt que le meilleur investissement pour un développement durable passe nécessairement par la mise en place d’un système éducatif dynamique. Dès lors, il a créé de nombreuses Universités au Gabon avec des infrastructures et structures adéquates. C’est le cas du président Obiang Nguéma Mbassogo de la Guinée Equatoriale, pour ne citer que ces exemples.

Par contre, en Centrafrique, depuis plus de cinquante (50) ans, l’Etat a seulement construit une seule Université, vieille en infrastructure, incapable de contenir plus de 15.000.000 d’étudiants que compte le pays. Construit en 1972 par le grand visionnaire, feu Bokassa 1er , pour ne contenir que 300 étudiants, aujourd’hui, la démographie scalaire et estudiantine met en péril le fonctionnement de ladite institution. La vétusté des infrastructures de l’Université de Bangui a fait d’elle l’appendice des autres Universités.

Un enseignant de cette Université nous fait savoir qu’il y a un réel problème d’enseignants qualifiés, car, à l’heure où il nous informe, on note seulement 17 professeurs d’Université, 38 Maîtres de conférences, 78 Maîtres-assistants et 167 assistants. Malgré ce nombre restreint d’enseignants, l’Etat est incapable de leur fournir des conditions requises de travail. Car, il convient de souligner au passage ici, que les arriérés de vacation des enseignants du supérieur courent vers la troisième année, avoisinant 2 milliards de francs CFA. La bibliothèque, le restaurant, le campus, les salles des classes, les laboratoires, les assises, les tableaux, et autres matériels de support font cruellement défaut à l’Université de Bangui (UB). Il y a des manquements énormes, et c’est au vu et au su de ces manquements que Ecobank, en partenariat avec l’UB, essaie d’apporter sa modeste contribution en réfectionnant la faculté de Droit, et en la dotant de quelques tables-bancs. Merci Ecobank, on souhaite que d’autres partenaires, à travers ton exemple, volent au secours de l’UB. Ne voilons pas la face, l’Etat est à bout de souffle. Quelques partenariats ont été tissés avec d’autres Universités, mais beaucoup de conditions restent à remplir pour les rendre profitables au service du développement scientifique et de l’enseignement supérieur. Même dans le cadre de la coopération, on note des dysfonctionnements dans d’autres Départements qui sont nés des non-mesures d’accompagnement de la part de l’Etat centrafricain. Même les professeurs missionnaires de la sous-région d’Afrique Centrale ne viennent à l’UB que pour les soutenances en Master, et quelques cas de soutenance de Thèse de Doctorat. En fait, avec le système LMD, il faut nécessairement une école doctorale. Malheureusement, la création de cycle doctorale pose problème. La nécessité de créer un projet de mise en place du cycle doctoral doit interpeller les responsables rectoraux et le gouvernement. Car, en principe, chaque faculté doit avoir son école doctorale.

Par ailleurs, l’UB ne dispose pas d’une structure de publication scientifique, en dehors de la seule revue en ligne « revue centrafricaine d’anthropologie ». Plus grave encore, c’est le mutisme de l’UB dans les crises que traverse le pays. Certains observateurs attendent de l’Université de Bangui, surtout des universitaires, des chercheurs et enseignants, des conférences, des méthodes accélérées de résolution de conflits entre les politiques, les communautés, en fait la communauté nationale et internationale sont impatients de ne voir l’UB proposer des solutions, des pistes de sortie de crise, ou du moins informer l’opinion nationale. Car, quand on parle de l’intelligentsia centrafricaine, d’emblée, on fait allusion à l’Université de Bangui. Même si cette manière de percevoir les réalités est teintée à tort ou à raison, il est temps que l’UB se réveille, pour prouver qu’en dépit des crises qu’elle traverse, elles est vivante et est le centre du savoir intellectuel du pays.



17/10/2013
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