CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Gl Babacar Gaye: «Appliquons à la lettre les accords de Brazzaville»

Ce lundi 15 septembre, les soldats de la paix de l’Union Africaine présents en Centrafrique passent sous casque bleu et rejoignent la Minusca, une mission de maintien de la paix de l’ONU qui disposera d’un mandat plus large que celui de la force africaine présente jusqu'ici. Avec combien d’hommes et quel type de matériel la mission va-t-elle débuter ? Quels sont les objectifs de cette nouvelle mission ? Pour en parler nous recevons le général Babacar Gaye, le chef de la Minusca.

 

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Version audio

 

RFI : Avec combien d’hommes lancez-vous cette Mission de maintien de la paix ? Quels sont les nouveaux pays contributeurs par rapport à la Force africaine ?

 

Babacar Gaye : Nous avons une autorisation de 12 000 hommes, nous allons commencer au total avec 7 600. Notre plan d’opération initial est un plan qui est très raisonnable, c’est vraiment une année après notre mandat, c'est-à-dire en avril 2015, que nous devons être totalement capacité pleine et entière, ce qui déjà ne serait pas mal. Mais je suis en train de pousser, et monsieur Hervé Ladsous, mon patron à New York (Ndlr Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'ONU), nous soutient dans ça, pour que dans les 90 jours, nous ayons encore une meilleure disponibilité opérationnelle. Evidemment, nous aurions espéré démarrer au complet, mais nous dépendons des Etats membres. Nous avons la chance que le Maroc, le Pakistan, le Bangladesh vont rejoindre les bataillons congolais, camerounais, gabonais, burundais et rwandais qui opèrent déjà dans ce pays. Nous aurons donc dix bataillons d’infanterie qui vont être déployés sous ce théâtre d’opérations.

 

 

Est-ce que vous avez déjà des moyens aériens, des hélicoptères ?

 

Oui. Monsieur Ladsous tient beaucoup à ce que les hélicoptères que nous avons volent lors de la cérémonie de transfert d’autorité, j’espère que les temps seront cléments et qu’ils pourront voler.

 

Combien ?

Nous avons prévu un total de neuf hélicoptères, nous en avions deux qui étaient arrivés sur place, nous espérions avoir les autres hélicoptères notamment sri lankais avant le transfert d’autorité. Peut-être que l’on aura une bonne surprise demain.

 

Est-ce que, dès le début de la Minusca, vous allez pouvoir transporter des troupes à l’intérieur du pays ?

Mais c’est déjà le cas puisque nous allons hériter du dispositif de la Misca, ses troupes sont déjà à l’intérieur du pays. Nous allons bien sûr réorganiser ce dispositif en fonction de notre mission, qui je le rappelle est un triptyque : protéger les populations, contribuer à la restauration de l’autorité et de l’Etat et appuyer le processus politique, mais nous sommes déjà à l’intérieur du pays.

 

Est-ce que les trois états-majors régionaux que vous deviez déployer, Bria, Kaga-Bandoro et Bouar, sont déjà prêts ?

J’ai le plaisir de vous faire savoir que ces états-majors sont déjà en place, les généraux commandants vont rejoindre dès qu’ils seront, en somme, passés sous béret bleu, les états-majors de police également vont rejoindre. Je sais qu’il y a une attente très forte de la part de la population. C’est un de mes soucis de répondre à cette attente et dès le départ, de placer nos marques, de montrer ce qui est en train de changer et surtout ce que nous voulons faire avec les Centrafricains.

 

A partir de quand pensez-vous que vous allez pouvoir rayonner à partir de ces états-majors régionaux, vers des localités de moindre importance ?

Je crois plutôt que de vous donner une date butoir, sachez que c’est notre souci numéro un.

 

Quelles vont être les règles d’engagement de la Minusca ? A quelles conditions concrètement vos forces vont pouvoir intervenir pour venir en secours des civils ?

Les règles d’engagement sont un document essentiel, un document confidentiel des Nations unies, mais ce qui est certain, c’est que nous avons le mandat de protéger les populations et nous intervenons sous le chapitre 7. Je vais être très clair sur ce point, nous n’approchons pas cette mission avec un état esprit coercitif, nous considérerons que ce qui est notre atout numéro 1, c’est le processus politique qui est en cours. Ce qui a été signé à Brazzaville et qui comporte un article relatif au regroupement des combattants, c’est cela qui est pour nous l’atout numéro un. Nous essaierons d’en convaincre les différents groupes armés, nous essaierons de mobiliser les fonds pour que ce regroupement puisse se faire, nous nous arrangerons avec eux, pour avoir, après le regroupement, des règles très claires de conduite, mais nous garderons une capacité de coercition. Nous ne laisserons pas massacrer les populations, parce que c’est notre devoir et nous savons compter sur le soutien de l’opération Sangaris qui, comme le conseil l’a dit, est en soutien de la Minusca, bien sûr dans des conditions à régler avec les autorités françaises.

 

Quel est aujourd’hui votre message à la population et aux groupes armés ?

 

Le message aux groupes armés est que je comprends les raisons qui ont pu les amener à prendre les armes. Aujourd’hui, nous sommes dans un processus où leurs préoccupations, leurs aspirations vont être discutées au sein du forum de réconciliation nationale et de reconstruction de Bangui. Je leur demande donc d’appliquer à la lettre, avec nous, les accords de Brazzaville. Ceci est vraiment essentiel pour l’avenir de leur pays. Je dis à la population qu’il faut qu’elle soit patiente, il faut que les Centrafricains soient eux aussi au chevet de leur pays. Nous sommes ici pour les accompagner, et nous comptons beaucoup sur leur contribution pour que cette mission soit un succès.

 

Qu’est-ce que vous répondez aux Centrafricains qui craignent une mise sous tutelle de leur pays ?

 

On peut craindre ce que l’on veut. Moi ce que je sais, c’est que j’ai un mandat, et que, nulle part dans mon mandat, il n’est question de tutelle. On me demande de contribuer à la restauration de l’autorité de l’Etat, de soutenir un processus politique par mes bons offices, de protéger les populations, et je vais le faire en parfaite coordination et intelligence avec les autorités de ce pays. Et j’en profite pour dire que, une mission de maintien de la paix est en accompagnement d’un processus politique, nous avons la chance d’avoir ce processus politique, nous ne comptons pas nous substituer aux Centrafricains. C’est leur volonté de stabiliser leur pays et nous sommes là pour les y aider, avec une capacité d’agir chaque fois, dès que de besoin, contre les perturbateurs des processus politiques et les perturbateurs de la paix et de la stabilité.

 

 

Par Laurent Correau-RFI

 



15/09/2014
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