CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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La RCA : Le règne de l’immaturité politique !

Par Henri Paul Akibata Kette 
 
 
En Mars 2012, sur le site sozoala.com j’ai partagé une tribune intitulée « Centrafrique, l’indécision qui tue ». Permettez que je reprenne quelques lignes ici :
« Savez-vous quel est le facteur le plus fréquemment observé dans les situations d’échecs au cours de la vie ? Le manque de savoirs ou de connaissances ? Non. L’absence de relations ? Non. L’insuffisance dans l’élaboration d’un plan avec des objectifs précis ? Non plus. Le principal facteur d’échec, c’est l’indécision ! »
La crise que la Centrafrique traverse depuis les indépendances et accentuée par le régime Bozizé, c’est surtout une crise politique caractérisée par l’indécision.
Typiquement, l’indécis est quelqu’un qui donne l’illusion de la réactivité et de l’action. Il parle beaucoup, tient des réunions, fait des meetings, mais se place dans l’impossibilité d’agir ou fait des demi-mesures. Emporté par ses promesses, se sachant incapable de les tenir, il n’a plus comme ressource que jouer la montre pour masquer son impuissance. Mieux, c’est invoquer la nature ou encore prier Dieu pour que les choses s’améliorent d’elles-mêmes. Et si ce n’est pas les deux, c’est attendre que ce soit les « Autres » qui fassent à sa place. Le moment du choix est sans cesse reporté au lendemain, parce que l’indécis n’en finit pas de délibérer, trouvant toujours de bonnes raisons de ne pas préférer un parti à un autre. Pourtant l’indécis a en général tout ce qu’il faut pour agir. Sauf la maturité. L’indécis est infantile. Infantilisé, par exemple, par les agences onusiennes, la communauté internationale, régionale ou sous régionale et tous les autres systèmes à qui il remet toujours sans cesse son sort.
 
 
Précaution : je ne me permets cette sortie pour clamer : « j’avais raison, je l’avais dit ! ». Aucunement. C’est à dessein pour nous (moi, y compris) inciter à un travail plus profond de prise de conscience des principaux enjeux auxquels notre pays est soumis.
Une fois encore, la crise centrafricaine est politique. Tout le monde est d’accord. Et donc pour un règlement, celui-ci ne peut et ne doit qu’être politique. Cependant je rajouterai que l’indécision en politique, dans ce pays en plein centre de l’Afrique, a pour cause l’immaturité des acteurs politiques due à une absence totale de patriotisme.
 
                       Quelques faits (marquants ?) politiques
 
 
 
Janvier 2013 : Début des erreurs ?
 
 
Janvier 2013, le pays est occupé au 2/3 par un groupe de rebelles coalisés. Un grand nombre d’acteurs politiques n’ont d’informations précises et fiables sur leurs prétentions. Quels sont les véritables commanditaires de ce mouvement ? Quelles sont leurs prétentions, concrètement ? Toujours est-il que des échos émanant des villes et régions conquises font état des exactions multiples sur la population civile. Pas de réactions de la part des politiques…
A Libreville se sont retrouvés divers opposants (opposition armée, non armée, démocratie, tutti, quanti et j’en passe) au régime incompétent et médiocre de François Bozizé. A l’instar des rebelles, il y a eu la présence de : Martin Ziguélé, Nicolas Tiangaye, Henri Pouzere, Crepin Mboli-Goumba, etc. Tous sont présentés comme des valeurs sûres de l'intelligentsia centrafricaine pour les uns, des expérimentés de la politique pour les autres, en finissant par la nouvelle génération, pour le reste. Mais un fait grave plein de conséquences s’était produit à Libreville : le Ministère de la Défense était attribué aux rebelles. J’ai cru rêver ce jour-là…
Avec un minimum de maturité, de courage et surtout de patriotisme, ce ministère devrait revenir à l’opposition démocratique. Elle (l’opposition démocratique) devrait être garante de la cause nationale, et surtout d’arbitre entre les deux belligérants va-t’en guerre (François Bozizé et Seleka). En principe et en principe seulement… car en République Centrafricaine tout est en principe. Rien ou très peu de choses dans les faits. L’immaturité a eu le dessus : le ministère de la défense à la Seleka, un chef d’état-major compagnon de fortune de Bozizé… Et l’ensemble du pays a eu finalement Seleka.
 
 
Mars 2013 : Méprise au peuple ou erreur d’appréciation ?
 
 
Précisément le 27 Mars 2013, à la question d’un journaliste de la RFI : Ce coup d’état, c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
Réponse du meilleur des opposants à Bozizé (c’est comme cela qu’on le présentait dans la presse internationale) : Un coup d’Etat n’est jamais une bonne nouvelle, mais compte tenu de la situation de notre pays et des conflits, ce dénouement qui n’a pas entraîné beaucoup de pertes de vies humaines, nous ne pouvons qu’en prendre acte.
C’est la déclaration de l’opposant le plus crédible au pouvoir de Bozizé. Comment peut-on interpréter de tels propos ? Point de spéculations. Cet homme ne serait pas affligé si l’on comptait parmi ces fameuses pertes de vies humaines, un parent direct, comment allait-il considérer la chose ? Ne point s’identifier à un peuple, comment peut-on lui amener du nouveau ?
 
 
Avril 2013 : Michel Djotodia, président par acclamation.
 
 
Un chef rebelle, premier responsable des crimes innommables que le pays a connus, a été élu par acclamation et sous les applaudissements lors de la première session du Conseil National de Transition (CNT), organe servant de parlement pour légitimer des criminels. Aucun homme politique n’a dénoncé cette mascarade. En passant, faille-t-il rappeler l’ignominie où les Accords de Libreville sont appelés à être respectés, et servant de garantie au maintien de Nicolas Tiangaye comme premier-ministre ?
Depuis, les crimes continuent sans répit. Le premier responsable n’est inquiété et encore moins dénoncé par les différents opposants. Michel Djotodia semble même gagner en notoriété et crédibilité. Il reçoit pratiquement tous les hommes politiques centrafricains ou étrangers de passage à Bangui…
 
 
 
Juin 2013 : Le ballet continue
 
 
Les corps fumants du peuple, les larmes coulent encore, un homme se déclare candidat aux élections présidentielles… Une opportunité à ne pas rater ? Prise de l’avance sur les autres candidats ? Toujours est-il que l’indécence palpable est d’une évidence monstrueuse.
Au-delà, s’est-on posé la question de comment aller à ces élections ? C’est l’affaire de la France, de la communauté internationale, comme « on » aime bien le dire dans ce pays d’autistes…
Chut ! Il ne faut pas le dire. Nous sommes au pays où les critiques sont taxées d’attaques personnelles.
Et que dire, lorsqu’une personnalité politique réclame la démission de Djotodia le matin. Une fois reçu en audience, le soir, le discours change ? Ou encore un autre est allé le féliciter car n’étant à Bangui pour ses prestations de serment ? Ignorent-ils tous que c’est celui-là même (Michel Djotodia) qui est responsable de toutes les exactions dont le peuple subit les affres chaque jour davantage ?
Autre nouveauté : la rupture. Que met-on dans cette rupture ? Ne sera-t-il pas comme le « fameux » changement de 1993 où la RCA a vu des hommes changés aux différents postes de responsabilités avec les mêmes pratiques douteuses voire pires ? Quant à la qualité brillantissime des discours aux Nations-Unies, cela fait-il un programme ? Triste pays.
 
 
 
Eté 2013 : Mise sous-tutelle
 
 
Des initiatives individuelles, d’autres au nom des associations. Une autre partie revient à la société civile tenue par quelques noms connus de la place. Tous sont unanimes : il faut mettre la RCA sous-tutelle des Nations-Unies. Aucune précaution prise pour voir les conditions requises pour satisfaire telle décision. Des écrits et des écrits de la part des centrafricains ont atterri au secrétariat général de l’ONU.
Tous ont-ils pensé un jour, un seul instant à la responsabilité de leurs écrits devant les hommes et devant l’histoire ? Est-ce que même un de ces hommes s’est demandé la portée d’une telle initiative sur la Centrafrique, sur l’Afrique et le reste du monde ? Mais chacun dans son corps défendant veut jouer un tant soit peu un rôle politique. En Centrafrique, on réfléchit après coup, n’est-ce pas ?
 
 
 
Octobre 2013 : Au pays de l’impunité
 
 
Le Général Moussa Assimeh quitte Bangui. Direction ? Inconnue. Aucun homme politique ne sera en mesure de dire si cet homme se trouverait au Darfour ou à Birao ?
Aucun homme politique ne dénonce la soustraction de cet homme à la justice. Des candidats déclarés en passant par les candidats potentiels, silence radio. Seule la société civile essaie de pousser des cris d’orfraie. Et
 
personne pour relayer ses cris de désespoir. Ni la France et encore moins la communauté internationale.
Le bal de l’impunité continue dans ce pays ombre de lui-même porté par quelques personnes toutes omniscientes et omnipotentes les unes que les autres.
Ces quelques faits non exhaustifs démontrent à suffisance l’immaturité de la classe politique et des différents acteurs s’y engageant.
 
 
 
Election : qui dit élection ?
 
 
Aujourd’hui, tout le gratin politique a trouvé un nouvel élan : les élections. Raisonnement affolant, troublant : « Une fois un président élu, celui-ci pourra remettre de l’ordre ».
Comment ce président remettra-t-il ce fameux ordre ? Avec les troupes de la FOMAC devenue depuis lors MISCA ? Toujours c’est à l’ « autre » de faire pour nous, n’est-ce pas ?
Pourtant les vis sont en train d’être renforcées sous nos yeux. Le chef de la Seleka, signe des décrets (tous décrets devraient porter le contreseing du chef de gouvernement de la Transition, paraît-il) portant nomination dans la haute hiérarchie militaire où figure même des personnes sans numéro de matricule. Pour remettre de l’ordre dans le pays le nouveau chef d’Etat doit s’appuyer sur l’armée. Mais celle-ci est truffé des personnes incompétentes où le seul reflexe n’est que tuer, perpétrer des exactions inhumaines, protéger qu’une certaine catégorie de la population… Et même, comment battre campagne ?
 
 
Conférence nationale exclusive
 
 
Depuis Libreville, le mot est lâché. Par un homme qui est incapable de le faire chez lui. Ali Bongo, demande aux Centrafricains de s’asseoir et de discuter… Comme toujours. A la fin : amnistie générale, gouvernement d’union nationale. En attendant la prochaine crise. Les politiques s’y activent en coulisse. D’autres y voient une occasion d’aller en profondeur des choses sans se demander comment ? Et qui va payer, car celui qui paiera, aura des exigences qui ne vont guère dans le sens véritable du peuple. Et qui décidera du programme de ce ballet des indécis et autres immatures ? Les uns et les autres entendent y trouver une occasion de se refaire une beauté, ou tout simplement un poste ministériel ? Alors allons à la conférence nationale avec les assassins de nos frères, les pilleurs de nos biens, les violeurs de nos mères, soeurs et filles. Tant qu’à faire. Pourvu qu’on se parle. Pourvu que nous ayons la paix. Aucun préalable requis. Tout le monde est innocent. Point de fautifs, et encore moins de comploteurs. Quant aux commanditaires de la Seleka, oublions ces mots. Allons à la conférence des cons, des cocus, des violentés, des violés, des assassinés, etc. Pendant ce temps des généraux Soudanais sont à Bangui formant des personnes ne parlant la langue nationale… Voilà une personne qui parle le jour et qui manoeuvre autrement le soir. Et nous voulons nous asseoir avec celle-ci pour parler de quoi ? Tristes Centrafricains perdus dans des contradictions morbides, viles pour cause d’indécision doublée d’une immaturité à faire pâlir un handicapé mental…
 
 
Pour le début ou pour la fin ?
 
 
Ces quelques faits non exhaustifs veulent être une espèce de miroir où le Centrafricain doit se voir comme il est. Et comme j’ai déjà partagé sur le site sozoala.com "L’Homo Centrafricanus" c’est-à-dire un Être passif et dépendant.
L’indécision et l’immaturité ne sont-elles pas des caractéristiques premières des êtres passifs et dépendants ?
Que dire de plus ? J’ai honte de dire : j’avais raison. Je l’avais dit. Que faire d’autres aujourd’hui ? Je me pose et repose la question. J’ai lu et relu un nombre considérables de tribunes publiées sur ce site. Et je me demande les raisons majeures de nos écrits si personne ne semble vouloir tirer profit ? Est-ce qu’un jour François Bozizé a-t-il lu les innombrables contributions sur ce site ? Et Ziguélé ? Et Tiangaye ? Et tous les autres acteurs ou candidats ou supposés à la course au palais de la Renaissance ?
Eh oui, frères et soeurs tant que la RCA n’aura des hommes et femmes capables d’écouter, capables d’interagir et de s’identifier avec l’homme de la rue, celui qui n’a pas de diplôme, celui qui est dans une commune telle que : Mbolo-Kpata, ou Guiligui, Yambété, à Moloma, à Topia, à Vougba-Baléfondo, à Yéngou, à Soumbé, à Dan-Gbabiri, à Bilolo, à Vokouma, etc. Rien de tangible en Centrafrique ne se fera.
D’ailleurs de tous ceux qui entendent aller aux élections, personne ne peut et ne veut s’identifier à ces compatriotes laissés-pour-compte. Aucun politique ne veut et ne peut prendre en compte leurs différentes souffrances, leurs pleurs et autres espoirs qui ne sont que chimères et se transformant chaque jour davantage à un cauchemar sans fin.
Et la question qui taraude inlassablement : pourquoi ? Parce que nous avons une classe politique remplie des immatures, des indécis qui perpétuent le caractère passif et dépendant d’un peuple pourtant porteur d’un potentiel réel.
Je continuerai le combat pour que la pratique de la vraie politique triomphe définitivement dans le pays de mes pères. Que cette terre acquise chèrement par Boganda soit mienne et que je prenne soin comme de chaque être y habitant comme mes enfants, ma femme, mon père et ma mère.
Frères et soeurs, notre pays est occupé sous nos yeux, ne feignons point l’ignorance. Centrafricaines, soyez hommes. Centrafricains soyez femmes. Toi, au pays de Boganda soit humain. Et l’humain récuse la bassesse, l’ignominie, la vilenie telles en place depuis plus de 2 décennies accentuées par la Seleka…
 
Singuila Mingui


11/11/2013
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