CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

BAMBARI: LE KIDAL DU CENTRAFRIQUE?

BAMBARI.jpg

 

PAR JOSEPH AKOUISSONNE

 

 

INTERVENTION

 

Il y a des analogies implacables. Il y a des concomitances surprenantes, qu’on ne peut pas ne pas tenter d’interpréter et d’analyser. Ce sont les interventions de la France au Mali et en Centrafrique. Elles étaient justifiées. Elles avaient reçu une large approbation de la part des populations maliennes et centrafricaines - et soulevé un immense espoir : garantie de l’intégrité territoriale de ces pays ; fin des massacres ; protection des populations. C’est au nom des accords de défense signés avec les deux pays que la France est intervenue. Depuis les indépendances, elle a toujours agi de cette façon avec la plupart des Etats de l’Afrique Francophone. Mais, on le sait, ses interventions ne peuvent avoir lieu qu’avec un mandat de l’O.N.U. et de l’Union Africaine. Il se trouve que, pour rassurer le public français et montrer inutilement leurs muscles, certains responsables ont fait dans la surenchère, proférant partout des phrases guerrières : « Nos forces n’en auront que pour six mois… » Au bout des six mois, le Mali est devenu un sable mouvant et le Centrafrique, un bourbier inextricable…

 

CONCILIABULES ET MANIPULATIONS

A Kidal, au Mali, la France a-t-elle négocié en catimini avec le mouvement séparatiste touareg ? Aujourd’hui, les sécessionnistes ont repris Kidal et sont invités sur les plateaux des médias français, où ils posent leurs conditions pour de futures négociations… Voilà donc des séparatistes que l’armée française combat à Kidal et qui ont table ouverte à Paris ! Quant à l’armée malienne, impuissante, elle a dû se retirer après avoir perdu de nombreux soldats. Le Mali est toujours coupé en deux. Aujourd’hui, on dirait presque qu’il faut tout recommencer. Et qu’en est-il du financement de ces groupes de factieux qui défient les armées nationales africaines ? Est-ce qu’il ne faudrait pas poser ouvertement la question ? Mais tout le monde ou presque connaît la réponse : « ce sont nos amis du Golfe et, en premier lieu, ceux du Qatar, devant qui on déroule le tapis rouge à Paris, qui financent les djihadistes, pour qu’ils aillent tuer, en Afrique et ailleurs… » A Bambari, en Centrafrique, les forces françaises de Sangaris et celles de la MISCA ont laissé les criminels de la Séléka créer la « République du Nord Oubangui » Quelle humiliation pour le Gouvernement de Transition ! Mais est-il impuissant ? Ou complice ? On a aussi appris que l’injure et la trahison de Ndele ont été cautionnées, subrepticement, par les forces internationales. La Présidente de Transition elle-même a donné son aval. Parmi les conjurés de Bambari, on a pu reconnaître certains de ses conseillers. Est-ce qu’il ne s’agit pas d’un fait de haute trahison ? D’une faute politique gave qui risque d’avoir des conséquences incalculables pour le Gouvernement de Transition et sa Présidente ? Quant à la France, c’est la maîtresse de ce jeu d’ombres en Centrafrique depuis les indépendances…

 

 

UN CHAOS SANGLANT QUI S’ÉTERNISE

La situation en République Centrafricaine est explosive, pour ne pas dire insurrectionnelle. Il est à craindre que tous les prédateurs massés aux frontières ne rêvent déjà aux agapes après le partage du gâteau. Ajoutez à cela la cécité et la surdité des politiciens centrafricains, qui s’agitent et s’usent en vaines critiques, incapables de formuler des propositions concrètes pour pacifier le pays et le réconcilier avec lui-même. Ils devraient de toute urgence abandonner leurs politiques «politiciennes» et se mettre sans arrière-pensée au service de la paix. Sinon, ils risquent de ne prêcher bientôt que sur des ruines fumantes et des ossuaires. Car le peuple centrafricain est excédé, il n’en peut plus. Les Centrafricains ne cessent d’envahir les rues de Bangui en hurlant leur colère et leurs cris sont annonciateurs d’une tempête qui risque d’emporter tout le monde sur son passage. Car ils vivent une véritable descente aux enfers, une situation pire que celle qu’ils connaissaient avant le surgissement de la nébuleuse Séléka. Désormais, c’est une partition de fait du pays. Inacceptable pour tous les Centrafricains. C’est pourquoi ils n’hésitent plus à demander la démission de la Présidente de la Transition – alors que sa nomination à la tête du pays avait soulevé tant d’espoirs… Le désamour des Centrafricains vise, de la même façon, les forces de l’Afrique Centrale (MISCA) et française (Sangaris). Ils ont le sentiment qu’elles les ont trahis, en actant, au cours de messes basses, la partition de leur pays.

 

 

LES VRAIS HÉRITIERS DE BOGANDA, LE PÈRE DE LA NATION CENTRAFRICAINE

Les politiciens centrafricains d’aujourd’hui ont ruiné leur pays et affamé leur peuple pour des prébendes. Ils ont pris part aux mauvaises gouvernances successives. Les manipulateurs étrangers, eux, ne s’intéressent qu’aux ressources naturelles du Centrafrique, tout en claironnant qu’ils interviennent au nom des droits de l’homme. Les Centrafricains peuvent-ils se laisser duper, alors que le chaos sanglant a repris de plus belle et que l’Oubangui continue de charrier les corps mutilés d’innocents ? Le moment est venu de se tourner vers le peuple de la R.C.A. – et, enfin, l’écouter. Car ce peuple, qui était considéré comme un ramassis d’abrutis incultes par quelques intellectuels, fils du pays, ce peuple est devenu politiquement mûr. Il n’est plus prêt à écouter les calembredaines de qui que ce soit. Ce peuple est devenu celui de Barthélémy Boganda, Père de la Nation. Il a fait siens ses Préceptes. Il ne se laissera plus abuser. Ce vaillant peuple bantou résistera et se dressera devant tous les envahisseurs, d’où qu’ils surgissent. Les responsables de la Transition, les professionnels de la politique, tous doivent changer leur fusil d’épaule et se mettre enfin au service de la Nation centrafricaine et de son Peuple. Mesdames, Messieurs : désormais, pensez d’abord à votre Peuple. Si non, le tsunami qui se prépare emportera tout. MOLENGUES TI KODRO, TI BE AFRIKA, ALLA GBOU NGANGOU, ALLA ZIA NI A TI PÉPÉ ! Enfants de Centrafrique, tenez bon, n’abandonnez pas ! (En sango, langue nationale.)

 

A. DE KITIKI (2 juin 2014) 



16/06/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 80 autres membres