CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

Par Denis Lougoussou-Ngouvenda

Après les affrontements meurtriers du 05 décembre 2013, déclenchés par l’attaque coordonnée des Anti-balaka contre la coalition Séléka, le Km5, poumon économique de la ville de Bangui s’est vidé de ses habitants. Les populations non-musulmanes et certains musulmans se sont exilés ou ont trouvé refuge dans les camps de fortune, appelés communément « Ledger » par les Banguissois et les Banguissoises.
Le marché Km5 qui, jadis très animé et très bénéfique pour la Mairie de Bangui a perdu son existence et s’est transformé à un champ de bataille et à un abattoir humain. Le peuple centrafricain a dû croire que l’abattoir de Ngola dans la commune de Bégoua, à la sortie nord de Bangui et celui de Pétévo dans le 6ème Arrondissement de Bangui, spécialisés dans les abattages des bœufs, des porcs, des chèvres, des moutons…, ont été transférés au Km5. Les jeunes musulmans drogués de « chanvres indiens et de tramol » n’hésitent pas un seul instant à tirer sur tout ce qui bouge dans ce lieu. Les sujets non-musulmans sont pris pour cible. Les quelques rares extrémistes musulmans retranchés dans les mosquées « Babolo et Centrale » font leur loi, règnent en maître absolu sur les autres musulmans qui ne détiennent pas des armes. Ils dictent leur loi : la récente ville-morte imposée par ces derniers est un acte révélateur. L’autorité de l’Etat n’y s’exerce pas. C’est un véritable Etat dans un Etat comme le Vatican du Saint-Père François 1er à Rome en Italie.
A cela s’ajoutent les affrontements quasi quotidiens entre les forces internationales déployées en Centrafrique (MISCA, Sangaris, Eufor-RCA), pour désarmer toutes les milices (ex-Séléka, anti-balaka) et ces extrémistes détenteurs des armes à feu au Km5. Ils vont même accuser les éléments de la Sangaris et de l’Eufor-RCA d’être les fauteurs de trouble, oubliant de ce fait les Résolutions 2127 et 2134 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. C’est vraiment le ridicule, l’incompréhension des textes. Ceci atteste ce que Dieu a dit dans les Saintes Ecritures (la Bible) : « mon peuple périt faute de connaissance ». Les derniers affrontements du 19 au 20 Août dernier au Km5 entre ces extrémistes et les forces internationales (Sangaris et Eufor-RCA) ont dû clouer leur bec. Ceux qui, hier réclamaient à cor et à cri la partition de la RCA se sont tournés vers l’unité, la paix et la réconciliation nationale entre tous les centrafricains (musulmans et non musulmans). Un miracle s’est produit le mardi 02 septembre 2014 dans les locaux de la Mairie du 3ème Arrondissement entre le général Daffane, 3ème vice-président de l’ex-coalition Séléka et les jeunes musulmans. Est-il un scénario pour tromper la vigilance de la communauté nationale et internationale ? Ces extrémistes du Km5 sont-ils revenus à de bons sentiments ?
A les entendre s’exprimer sur les ondes de Radio Ndéké-Luka, l’on pourrait croire qu’ils sont fatigués de leurs nombreuses tueries, exactions causées ça et là et qu’ils voulaient se repentir avec le peuple centrafricain tout entier. La réunion initiée et présidée par le général Dhaffane est une perche tendue aux autorités de la transition, surtout à madame Jeannette Dethoua, ministre de la réconciliation nationale, du dialogue politique et de la promotion de la culture civique. C’est une opportunité, une occasion à ne pas manquer. Si nos dirigeants veulent conduire le peuple centrafricain vers l’unité, la paix, la réconciliation et la non-partition de la RCA prônés par les jeunes musulmans du Km5, le moment est venu. Les temps des discours stériles autour de la « mangeoire » sont révolus. Poser des actes par-ci, par-là serait la bienvenue. L’acte palpant que le général Dhaffane a posé lors de sa réunion avec les jeunes musulmans doit servir d’exemple aux autres leaders des ex-Séléka, d’où ils se trouvent et aussi aux leaders des Anti-balaka. Ce général a même affirmé que, nous citons : « Les récalcitrants doivent être traités comme tels… ». Il ressort clairement dans son propos que l’impunité est terminée. Les extrémistes du Km5 doivent définitivement enterrer la hache de guerre et s’orienter vers la paix, l’unité et la réconciliation.
Le général Dhaffane, l’un des partisans du déclenchement de la crise centrafricaine qui a propulsé Michel Djotodia à la magistrature suprême le 24 mars 2013, a brusquement retourné son veste. C’est un coup de tonnerre, du jamais vu en Centrafrique. Il a même promis d’organiser très prochainement des réunions avec les maires des huit (8) Arrondissements de la ville de Bangui et les leaders politiques. Selon lui, toutes les démarches qu’il compte mener ne sont pas d’ordre politique, mais plutôt humanitaire. L’acte posé par ce fils du pays mérite d’être loué par tous les partisans de la paix, de l’unité et de la réconciliation en Centrafrique. Une telle initiative est la recherche des solutions aux maux qui gangrènent la RCA. Qui oserait croire que ces extrémistes du Km5, détenteurs d’important arsenal de guerre pourraient revenir à de bons sentiments en réclamant haut et fort la paix, l’unité et la réconciliation, et en s’opposant à la partition de la RCA ? « Il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix ». Nos compatriotes musulmans du Km5 ont compris. L’heure a sonné pour les uns et les autres. Le général Dhaffane a donné le ton.
En somme, nous invitons principalement la ministre en charge de la Réconciliation Nationale, du Dialogue Politique, de la Promotion de la Culture Civique, les leaders politiques, les représentants des confessions religieuses, des ONG et des organismes internationaux, les Centrafricains, partisans de la paix, de l’unité et de la réconciliation à emboîter le pas au général Dhaffane. La paix n’a pas de prix, et tous doivent s’y adhérer pour un Centrafrique prospère de demain.