CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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A l'ONU, la Centrafrique fait figure de nouvelle Somalie

Neuf mois après être intervenue au Mali pour en chasser les islamistes radicaux, la France agite le chiffon rouge de la menace terroriste pour mobiliser ses partenaires en faveur d'une action en République centrafricaine (RCA). Depuis le renversement en mars du président François Bozizé par les rebelles de la coalition Séléka, l'ancienne colonie française a sombré dans le chaos et la terreur.

Vingt-quatre heures après le "cri d'alarme" lancé par François Hollande à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, la France coprésidait, avec l'Union européenneet les Nations unies, une réunion ministérielle sur la crise humanitaire et sécuritaire en RCA. "Une zone de non-droit peut devenir un repaire pour tous les extrémismes", a mis en garde le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, avant d'évoquer le risque d'une "déstabilisation " des Grands lacs et des deux Soudans.

 

"SANCTUAIRE" TERRORISTE

L'infiltration de groupes venus du Mali/Sahel, ayant pu passer par le sud de laLibye et le Darfour, ainsi que d'éléments de Boko Haram, actif au Nigeria, n'est pas non plus exclue. Un message qui a eu une résonance particulière quelques jours après l'attaque de Nairobi, menée par des Chabab, islamistes somaliens.

"Les événements dévastateurs de ces derniers jours au Kenya démontrent combien l'anarchie ou des zones sous-administrées peuvent profiter aux groupes terroristes ou autres extrémistes", a estimé l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power, en référence aux années d'inaction en Somalie. Si elle confirme la crainte de Washington de voir la RCA devenir un "sanctuaire" pour terroristes, la diplomate n'exprime pas d'inflexion de la position américaine. L'administration Obama rechigne à signer un chèque en blanc à l'Union africaine (UA), qui s'est engagée à déployer 3 500 hommes en RCA. "Au-delà du problème financier,explique un diplomate, c'est le principe de contribuer financièrement à une force dont ils n'auraient pas le contrôle qui déplaît aux Américains."

La France, qui espère à terme le déploiement d'une opération de maintien de la paix, procédera par étapes. Elle soumettra au vote en octobre un projet de résolution endossant la création de la force panafricaine sous l'égide de l'UA et engageant les pays membres du Conseil de sécurité à un soutien financier et logistique, lequel, faute de consensus, devra être défini par une seconde résolution plus tard.

"Nous pouvons encore empêcher le pays de devenir une nouvelle Somalie", a assuré la commissaire européenne chargée de l'assistance humanitaire, Kristalina Gueorgieva, qui a cité l'émergence de "combattants étrangers, des mercenaires" venus du Soudan ou du Tchad. Le vide sécuritaire et l'absence totale d'Etat de droit "attirent déjà toutes sortes de groupes dangereux", dont la rébellion d'origine ougandaise, l'Armée de résistance du seigneur (LRA), et lesjenjawids (miliciens arabes) venus du Darfour, a confirmé M. Fabius.

 

Alexandra Geneste (New York, Nations unies, correspondante pour LeMonde)



26/09/2013
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