PORTRAIT
Naturalisé depuis 10 ans, un jeune entrepreneur originaire de Centrafrique décide de renoncer à sa nationalité Française
Joseph Langlois, entrepreneur de 29 ans, né à Bangui, en République Centrafricaine, vient d’envoyer au Président de la République et au Préfet du Bas-Rhin une demande de "dénaturalisation" afin de renoncer à la nationalité Française qu’il avait acquise par naturalisation en 2005.
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Un parcours d’intégration honorable
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Beni Diogo Kouyaté, un jeune diplomate et médiateur…à coeur ouvert !
Beni Diogo Kouyaté, est un jeune diplomate guinéen, qui a été médiateur dans la crise qui secoue la république centrafricaine. Actuellement, il est le Conseiller Personnel Permanent du premier ministre burkinabé de la Transition, LT Yacouba Isaac Zida dans le cadre d’un vaste chantier de réconciliation nationale et de réformes. Interview à bâtons rompus avec GuinéeTime.
En compagnie de la présidente de la transition de la RCA
GuinéeTime : M. Kouyaté, vous aviez pris une part active dans la médiation entre les belligérants en République Centrafricaine. Revenez sur cette expérience….
Beni Diogo Kouyaté : J’ai été effectivement désigné médiateur dans Le conflit centrafricain après plusieurs tentatives de nomination d’un médiateur national venant de la RCA même. Ceci ayant échoué, les belligérants : les Antiballaka et ex Séléka, unanimement, m’ont désigné comme médiateur. Ce qui a été entériné par la présidente de la transition Cathérine Samba Panza. J’ai assumé cette fonction durant 9 mois…Une chose qui n’a pas été facile du tout.
Quels sont les résultats atteints par vos actions ?
D’abord j’ai essayé de calmer la tension, les touts premiers accords de cessez-le-feu à Bangui, avant l’arrivée du
Secrétaire général de l’ONU, Ban-ki Moon. J’ai pu obtenir cela à 48 h de son arrivée…Une toute première rencontre entre les belligérants après plusieurs mois de violences, d’affrontements, de défis lancés et l’échec de la médiation sous-régionale. Depuis, une lueur d’espoir était née dans cette médiation centrafricaine. Beaucoup d’institutions sous-régionales et même internationales n’avaient pas pu.
En dépit de tout, vous avez fait votre lettre de démission que nous avions vu dans la presse
La démission n’est pas intervenue brusquement…Elle a été motivée par plusieurs raisons personnelles et professionnelles. La présidente Samba Panza n’était pas d’accord, mais par la suite elle a acceptée. Plus de 9 mois à la tête de cette médiation, après un tour dans les 4 grandes villes jugées impénétrables par des médiateurs, j’ai vu qu’on voulait détourner cette médiation de ses objectifs. Cette crise était militaro-politique mais d’autres pour des appétits politiciens, l’ont détourné pour en faire une crise confessionnelle, communautaire. Cela a été un premier dérapage.
La médiation centrafricaine est torpillée. Après l’Accord de Brazzaville signé sous l’égide du médiateur international Denis Sassou Nguesso, il était question d’organiser des commissions régionales de réconciliation. Le pays compte 16 régions administratives. Aujourd’hui, rien n’a été fait. Un seul pays, un même peuple, nous avons noté plusieurs chefs de médiation. Nous avions appris sur le terrain que « Beaucoup de médiateurs tuent la médiation ». Au moment où on pensait être seuls sur le terrain, la médiation des centrafricains nous voyaient très clairs parcequ’ils étaient associés à tout. C’est une crise entre centrafricains, tout d’abord. Le destin de la Centrafrique se joue aujourd’hui loin de la Centrafrique. Une médiation se tient à Brazzaville, une autre à Naîrobi au Kenya, loin des centrafricains. Quels seraient alors les résultats capables de constituer une lueur d’espoir pour les centrafricains ?
Vu tout cela, en tant que jeune médiateur, je ne saurai m’associer à cela avec des gens qui ne parlent que de leurs souvenirs, et moi je défends mon avenir. Le peu que j’ai pu apporter est indéniable. Je préfère que les centrafricains retiennent ça de moi.
Le jeune médiateur entre les belligérants
Vous êtes aussi vu à Ouagadougou depuis la mise en place de la Transition.
Il y a eu une insurrection au Burkina qui a vu le départ du président Blaise Compaoré. Il y a eu plusieurs médiations dans cette crise. Le peuple burkinabé a été très mâture dans la gestion en un temps bref de cette crise que beaucoup prévoyaient pour un long moment. Ma venue ici n’est pas fortuite. J’ai reçu un appel et j’avais une volonté de servir la sous-région et ce beau pays. J’ai été nommé par le premier ministre de la Transition Yacouba Isaac Zida comme Consultant Personnel Permanent dans le cadre de ses multiples projets de réconciliation et de dialogue national. Nous avions longtemps travaillé par rapport à la mise en place Commission nationale de réconciliation et des réformes qui est déjà annoncée et dont la mise en place officielle est très prochaine. J’ai été l’émissaire pour déposer, un peu partout en Afrique, les lettres d’invitation aux hautes personnalités.
Avec Lt Zida, PM de la transition, Burkina
En Afrique, Karim Wade a été condamné par la Crei à 6 ans d’emprisonnement pour détournement de deniers publics…Quelle analyse en faites-vous ?
Karim est un grand frère que j’ai rencontré à maintes reprises. Macky Sall, dès son arrivée au pouvoir, je l’ai respecté par rapport aux réformes qu’il a engagées. Procès politique ou pas, quoiqu’on dise,, il faut préserver cette unité au Sénégal, une fierté en Afrique. La maturité démocratique du Sénégal est un acquis à préserver. On n’a pas besoin de troubles dans un pays comme le Sénégal. A cause de tout cela, j’exhorte -sachant bien ce qu’est la réalité-le président Macky Sall à grâcier son frère Karim Wade pour préserver l’unité et l’entente des fils au Sénégal.
L'angoisse à chaque appel de Centrafrique
Jean-Christian et Véronique M’Boya ont fui la guerre en 2002 déjà. Installés à Sainte-Verge, ils craignent pour leur famille et leurs amis restés à Bangui.
Véronique et Jean-Christian M'Boya ont quitté la Centrafrique en 2002. Aujourd'hui, c'est pour leur famille qu'ils sont terrifiés.
Par Léna Randoulet
Derrière leurs sourires et leur apparente sérénité, se cache une énorme angoisse. Dans leur salon de Sainte-Verge, Jean-Christian M'Boya et son épouse Véronique ont peur pour leur famille, restée à Bangui. Les violences qui secouent la République Centrafricaine ont déjà endeuillé les M'Boya : un cousin de Jean-Christian, instituteur, a été assassiné par un de ses anciens élèves.
" On fait tout ce qu'on peut pour les aider à se mettre à l'abri "
Jean-Christian, intendant au lycée Jean-Moulin de Thouars, et Véronique, enseignante, vivent quotidiennement dans la crainte de recevoir de mauvaises nouvelles des frères, sœurs, oncles, cousins, restés à Bangui, avec qui ils entretiennent des contacts réguliers. « On se pose tous les jours la question de savoir ce qui va se passer demain. Dès que le téléphone sonne et qu'on voit l'indicatif de Centrafrique, c'est une angoisse terrible. »
Intarissable sur l'histoire tourmentée du pays, Jean-Christian estime que le conflit actuel est bien plus complexe qu'un affrontement entre chrétiens et musulmans. « C'est simplifié pour la compréhension », mais il analyse davantage les faits comme une escalade de la violence après la vengeance de populations trop longtemps laissées pour compte.
Une tradition de tolérance gâchée
Le couple éprouve un sentiment de gâchis. Véronique et Jean-Christian avaient dû quitter la Centrafrique en 2002, car l'insécurité ambiante leur faisait craindre pour leur vie. Pourtant, ce couple de chrétiens avait projeté d'y vivre et avait lancé un projet pour aider les Peuls, nomades musulmans, à vivre de la production laitière de leurs troupeaux. « En m'installant en Centrafrique, j'avais découvert un pays de grande tolérance, avec un vrai respect mutuel des deux religions », se souvient Véronique, pour qui quitter le pays a été un déchirement.
« Les gens sont devenus fous, regrette Jean-Christian. Ma famille a tout le temps peur, ils sortent peu et au moindre mouvement, ils rentrent vite. Les gens s'organisent : dès qu'il se passe quelque chose de suspect, ils tapent sur des casseroles pour alerter. »
« On fait tout ce qu'on peut pour les aider à se mettre à l'abri. Heureusement, ma famille m'écoute. Je leur ai dit " On ne s'associe pas à ça ". » Véronique complète : « On leur envoie de l'argent pour qu'ils puissent mettre les enfants en province et manger. Si on a faim, on peut tomber dans la violence ».
Si la guerre centrafricaine leur paraît pour le moment « insoluble », Véronique et Jean-Christian sont rassurés de voir « la communauté internationale qui vient au chevet du pays ». Mais l'absence de mobilisation associative continue de les inquiéter. Tout comme le départ d'un de leurs amis, forcé à quitter le pays sans sa famille car chassé de son quartier pour sa religion musulmane et son appartenance à la famille du président déchu Djotodia. « On espère qu'il pourra arriver jusqu'à l'aéroport. » Comme lui, des milliers de Centrafricains sont « en danger à tout moment ».
Venir en aide aux enfants des rues
Véronique et Jean-Christian M'Boya ont longtemps mené un engagement associatif pour venir en aide aux enfants victimes du Sida. Avant la guerre, ils ont dû y mettre fin. Mais face aux événements actuels, ils envisagent de mettre quelque chose en place pour aider les enfants des rues, laissés orphelins par la guerre avec « des traumatismes incroyables ». Ils lancent un appel à toutes les bonnes volontés qui souhaiteraient leur prêter main-forte dans ce projet.
Contact : mboyafamily@gmail.com