CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

ANALYSES


Pouvoirs à rallonge: le cas burkinabè, un avertissement pour les dirigeants africains

presidents africains.jpg

 

Au Burundi, Rwanda, Bénin, Congos.. plusieurs présidents africains sont accusés de vouloir, comme Blaise Compaoré, s'accrocher au pouvoir en modifiant leurs Constitutions. Mais les émeutes provoquées par les ambitions du dirigeant burkinabè, finalement chassé du pouvoir, devraient leur servir d'avertissement, estiment des analystes.

"Ce qui se passe au Burkina est un cas d'école", résume David Zounmenou, chercheur à l'Intitute for Security Studies, estimant que si Blaise Compaoré avait réussi à faire "passer l'amendement constitutionnel", alors les dirigeants du "Bénin, du Congo et des autres pays" lui auraient "emboîté le pas".

Mais c'est aussi "un avertissement, à la fois pour les régimes vieillissants et pour ceux qui essaient de se maintenir au pouvoir au-delà des limites constitutionnelles", poursuit Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group.

Le Burkina Faso s'est enflammé jeudi, jour prévu pour le vote d'une révision constitutionnelle qui aurait permis à son président, ou pouvoir depuis 27 ans, de briguer un cinquième mandat. En 24 heures, l'armée a pris les commandes, et Blaise Compaoré a lâché prise, annonçant quitter le pouvoir en début d'après-midi vendredi.

Ni le Burundais Pierre Nkurunziza, ni le Rwandais Paul Kagame, ni le Béninois Thomas Boni Yayi, ni Joseph Kabila en République démocratique du Congo ni encore Denis Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville n'ont publiquement déclaré leurs intentions de briguer des mandats au-delà des limites constitutionnelles.

Certains, comme Thomas Boni Yayi, nient même. Mais la plupart entretiennent le doute, tout en préparant le terrain par des voies détournées.

Au Rwanda, le débat sur un maintien de Paul Kagame au pouvoir a été lancé par trois petits partis proches du pouvoir.

Au Burundi, une réforme ouvrant la voie à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza a été retoquée, mais ses proches estiment qu'il pourrait se représenter sans même changer la Constitution, car il n'avait pas été élu au suffrage universel pour son premier mandat.

En RDC, l'opposition redoute que le pouvoir n'utilise une révision constitutionnelle sur des questions secondaires - l'élection des députés provinciaux - pour préparer une nouvelle campagne de Joseph Kabila en 2016.

Pour tous ces dirigeants, la question se posera quoi qu'il arrive rapidement: les élections sont prévues en 2015 au Burundi, en 2016 au Bénin, en RDC et au Congo-Brazzaville, en 2017 au Rwanda.


- 'Exaspération' -

Entre ces pays et le Burkina Faso, il y a des différences -- des dirigeants pas forcément "au pouvoir depuis aussi longtemps" -- et des similitudes -- "des divisions au sein du pouvoir, clairement des militaires qui ne sont pas totalement alignés derrière le président"--, poursuit M. Vircoulon.

Peu doutent que MM. Kagame ou Sassou-Nguesso "parviendraient à changer les règles pour rester au pouvoir", estime Paul Melly, du Chatham House. Mais dans des pays comme la RDC ou le Burundi, où le pouvoir est moins fort et la société civile "donne de la voix", l'entreprise serait plus risquée pour MM. Nkurunziza et Kabila, poursuit-il.

Pour M. Vircoulon, la tournure que prendront les événements dans tous ces pays dépendra beaucoup de l'"état d'esprit des populations". Et à ce titre, poursuit-il, "l'exaspération de la population est un peu similaire en RDC" et au Burkina Faso.

"Ce qui se passe au Burkina peut donner du courage aux peuples des pays de la région dont les chefs d'Etat veulent modifier la Constitution et donner à réfléchir aux dirigeants", renchérit un responsable onusien au Burundi.

Dans les rues de Bujumbura, nombreux étaient d'ailleurs ceux à parler vendredi du "courage du peuple burkinabè". "Les Burkinabè sont des lions, ils viennent de faire honneur à Sankara (père de la révolution burkinabè) et à toute l'Afrique", estime un haut cadre burundais, membre... du parti au pouvoir. "C'est un exemple qui devrait nous inspirer ici au Burundi car le président veut faire la même chose que Compaore".

Pour M. Zounmenou, il reviendra d'autant plus aux "citoyens de prendre leurs responsabilités" que les institutions régionales ne jouent pas leur rôle de garde-fou.

L'Union africaine, dont les règles sanctionnent pourtant les changements constitutionnels à des fins de maintien au pouvoir, n'a par exemple jamais pu stopper la révision constitutionnelle orchestrée par le Sénégalais Abdoulaye Wade pour se représenter en 2012, rappelle-t-il. Le dirigeant avait finalement été sanctionné, mais par les urnes.

En matière d'alternance politique, des pays se démarquent.

Après une série de coup d'Etat, le Ghana n'a plus connu, à partir de 1992, que des élections démocratiques, qui ont porté au pouvoir quatre présidents différents. En Tanzanie, où certes le même parti gouverne depuis les années 60, un projet de révision constitutionnelle est sur la table, mais qui ne permettra pas un troisième mandat au président Jakaya Kikwete.

Mais avant le Burkina Faso, d'autres pays avaient à l'inverse aussi vu leurs leaders prolonger leur vie politique au-delà des limites initialement permises: Djibouti, Tchad, Cameroun, Angola, Ouganda, Algérie, Togo...

"L'Afrique est le continent où on parle d'Ebola, de maladies, de chefs d'Etat qui tripatouillent leurs Constitutions pour rester au pouvoir", déplore M. Zounmenou. "Il est temps de changer cela, de mettre en place des structures démocratiques dépersonnalisées pour donner une chance au développement socio-économique".

 

 

https://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_3303111_201401101909188.gif


01/11/2014
0 Poster un commentaire

En Centrafrique, la violence se fait de plus en plus politique

Les troubles qui agitent Bangui, la capitale du pays, visent la présidente, Catherine Samba-Panza.

 

 

 

marche-contre-samba-panza.jpg

 

 

Par Tanguy Berthemet

 

Bangui n'est plus au bord du soulèvement mais quelque chose y a changé. À l'issue d'une semaine de heurts, la capitale de Centrafrique a retrouvé une vie un rien plus calme. Mais la situation reste très volatile. Vendredi matin, des coups de feu étaient entendus dans le quartier de Combattant, interdisant l'accès à l'aéroport, et des barrages étaient érigés au nord, à Gobongo, entretenant une certaine inquiétude. D'autant que la colère semble avoir changé de nature. «Il est évident que les derniers affrontements sont différents de ceux des mois passés. Il y a des visées très politiques cette fois», souligne une source française.

 

Selon plusieurs sources, les miliciens de différentes factions ont reçu ces dernières semaines des armes légères et des munitions provenant des stocks de l'armée centrafricaine mais aussi de l'étranger.

 

Les premières tensions, le 9 octobre dernier, sont pourtant nées du clivage religieux qui ronge la Centrafrique depuis deux ans. Le lynchage d'un homme soupçonné d'appartenir à la Séléka, une coalition à majorité musulmane, a déclenché une réaction de cette communauté. Les rixes ont fait une dizaine de morts et plus de 6 500 réfugiés. Dès le lendemain, les miliciens chrétiens Anti-Balaka, qui se muent de plus en plus en bandits armés, avaient changé de cibles. Descendus du quartier de Boy-Rabe ou de Boeing, les hommes s'en prenaient aux habitants, sans grande considération de religion, mais aussi aux troupes internationales. Plusieurs patrouilles de la Minusca, les soldats de l'ONU, mais aussi de l'Eufor, la force européenne, ont été accrochées.

En réaction, la Minusca a renforcé son dispositif sécuritaire. Dans les jours suivants, plusieurs quartiers ont été pris par cette fièvre. À Ouango, au sud de Bangui, les clashs accompagnés de pillages sont devenus plus «ethniques». Pour circonscrire l'incendie, les contingents pakistanais et rwandais de la Minusca ont ouvert le feu, tout comme l'Eufor. Au total, une quinzaine d'Anti-Balaka ont été abattus en six jours d'affrontements. «Ils voulaient tester notre réponse. Elle a été forte et je pense qu'ils ont compris que la solution au problème ne passe pas par la violence», assure un militaire.

L'attaque de Ouango est une première. Cette zone, qui était récemment encore épargnée, abrite des résidences chics, dont celle de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza. Cette dernière y a vu une tentative de «déstabilisation» des institutions. Non sans raison. Pour un responsable africain, c'est bel et bien la chef de l'État qui est la cible de cette agitation. «Elle a créé beaucoup de frustrations en consultant beaucoup de gens mais sans jamais prendre en compte leur avis», souligne-t-il. La formation d'un nouveau gouvernement en août, dirigé par l'un de ses proches, Mahamat Kamoun, a été très mal prise. La population, qui ne voit guère la vie s'arranger depuis l'accession au pouvoir de la présidente en février, se détourne peu à peu d'une femme qui ne descend jamais dans les rues et a un entourage pléthorique. Sans pour autant soutenir les Anti-Balaka.

 

«On assiste à une coalition assez improbable entre Séléka, Anti-Balaka et politiques, tous unis dans leur rejet de la présidente»Un diplomate
 

La révélation parJeune Afrique de la disparition de 2,5 millions de dollars sur les 10 millions offerts à la Centrafrique par l'Angola a achevé de ternir son image. La présidence a assuré que le magot avait été directement donné au ministère, sans passer par les caisses de l'État, pour pouvoir agir plus vite. Sans vraiment convaincre. Sentant une opportunité, Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président du Conseil de transition, a ordonné une enquête parlementaire.

«On assiste à une coalition assez improbable entre Séléka, Anti-Balaka et politiques, tous unis dans leur rejet de la présidente», résume un diplomate. La communauté internationale, à commencer par la France, continue de soutenir officiellement Catherine Samba-Panza, faute de choix. En coulisses, Paris s'agace. L'organisation du futur scrutin présidentiel, comme tous les dossiers gérés par le gouvernement actuel, est au point mort. Or, pour la France, l'élection d'un président légitime est le seul espoir de se dégager du coûteux bourbier centrafricain.

 

Le Figaro

 


17/10/2014
0 Poster un commentaire

RCA. Les soldats de la paix sont confrontés à leur plus grand défi, la protection des civils sur fond d'escalade de la violence

https://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_3407699_201402080103338.jpg

 

 

La MINUSCA se trouve face à son plus grand défi depuis son déploiement le mois dernier, a déclaré Amnesty International jeudi 9 octobre alors qu'ont été signalés des affrontements armés et des violences motivées par l'intolérance religieuse qui ont coûté la vie à des civils dans la capitale, Bangui.

 

DES PORTE-PAROLE SONT DISPONIBLES

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) se trouve face à son plus grand défi depuis son déploiement le mois dernier, a déclaré Amnesty International jeudi 9 octobre alors qu'ont été signalés des affrontements armés et des violences motivées par l'intolérance religieuse qui ont coûté la vie à des civils dans la capitale, Bangui.

« Ces informations alarmantes annoncent la plus grande épreuve qu'ait eu à affronter la MINUSCA. Elle doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les civils menacés par la recrudescence de la violence », a déclaré Christian Mukosa, spécialiste de la République centrafricaine à Amnesty International.

« La principale crainte pour les civils est un retour aux violences dévastatrices dont Amnesty International a été témoin en décembre 2013. La MINUSCA doit travailler avec toutes les parties au conflit afin de prévenir les homicides illégaux et les agressions de civils. »

Des tirs nourris de mitrailleuses et de mortiers, ainsi que la mise à sac et l'incendie de logements et de commerces ont été signalés dans divers secteurs de la ville, sur fond d'affrontements entre la Séléka, les forces anti-balaka et d'autres groupes armés. Cependant, les autorités provisoires centrafricaines sont jusqu'à présent restées silencieuses face à cette escalade de la violence.

Le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué jeudi 9 octobre que les tentatives des travailleurs humanitaires pour se rendre auprès des blessés et récupérer les morts ont été compromises par des menaces.

Les sources d'Amnesty International dans la ville affirment que des dizaines de personnes, dont des civils, ont été tuées depuis mardi 7 octobre.

 



Christian Mukosa, spécialiste de la République centrafricaine à Amnesty International, qui a effectué des recherches sur place cette année, suit les événements actuels et est disponible pour des entretiens.

Pour obtenir plus d'informations ou prendre rendez-vous pour un entretien, veuillez prendre contact avec Sadibou Marong : +221 33 869 30 03/ +221 77 658 62 27
Courriel : sadibou.marong@amnesty.org

 


10/10/2014
0 Poster un commentaire

Les groupes armés en RCA

ONU RCA.jpg

 

 

BANGUI, 18 septembre 2014 (IRIN) - Le lancement officiel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a eu lieu cette semaine. La MINUSCA a pris le commandement des 6 000 soldats déployés par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) de l’Union africaine.

Le déploiement des forces de maintien de la paix suit l’accord de cessation des hostilités signé en juillet par plusieurs groupes armés agissants dans ce pays en proie à des insurgés de tout poil et frappé depuis une vingtaine d’années par une série de coups d’État.

Cette instabilité chronique était censée prendre fin en 2008 grâce à un « dialogue politique inclusif ». Cependant, les engagements pris lors de cette initiative historique n’ont pas été appliqués conformément aux attentes des principaux groupes armés ou d’autres groupes qui ont depuis pris les armes par frustration.

Au cours des deux dernières années, certains de ces groupes ont été neutralisés militairement ou dissouts, d’autres sont en passe d’être dissouts et d’autres encore sont toujours actifs.

Voici un aperçu de ces groupes.



Les Forces armées centrafricaines (FACA)

 

https://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_3892435_201407025119655.jpg


Ces dernières décennies, les 7 000 à 8 000 membres des FACA ont davantage constitué une menace envers la population qu’une garantie de leur sécurité. Les FACA sont craintes pour leur brutalité et les violations graves des droits de l’homme qu’elles ont commises en toute impunité. Elles ne s’éloignent jamais vraiment de la capitale, Bangui.

C’est là que l’armée, sous-financée, ethniquement déséquilibrée, mal administrée, à peine entraînée et mal payée a été vaincue par la rébellion de la Seleka, qui a pris le pouvoir en mars 2013, pillant toutes les armes trouvées dans les casernes. Michel Djotodia, leader du coup d’État, a ensuite annoncé la dissolution des FACA.

Actuellement, l’armée est à peine fonctionnelle et, grâce à un embargo des Nations Unies sur les armes, elle n’est même presque plus armée.

Reconstruire une armée reflétant la diversité de groupes ethniques du pays et capable de contribuer à la sécurité nationale est l’une des tâches les plus importantes et difficiles auxquelles la RCA doit faire face.



La Seleka CPSK-CPJP-UFDR

 

DJOTODIA.jpgNOUREDINE.jpgDAFHANE.jpg





La Seleka (« alliance » en sango, la langue nationale) était une coalition de mouvements rebelles formée dans le but de destituer le président, M. Bozizé. Créée en septembre 2012, elle comprenait la Convention Patriotique du Salut du Kodro (CPSK), la Convention des patriotes pour la justice et la paix fondamentale (CPJP-Fondamentale – faction dissidente de la CPJP) et l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), fondée en 2006 par le futur leader du coup d’État, Michel Djotodia, revenu de son exil au Bénin pour prendre les commandes du groupe.

Dans sa déclaration inaugurale, la Seleka appelait à ce que les termes d’un accord entre le gouvernement et l’UFDR soient respectés et à l’application des conclusions du dialogue national.

La Seleka a brièvement participé à un gouvernement d’union nationale décrété par M. Bozizé, avant de se retirer puis de renverser le président le 24 mars 2013. Une fois au pouvoir, la Seleka, qui a dirigé le pays pendant 10 mois, a rapidement été marquée du sceau de l’infamie pour ses violences envers les civils dans les villes qu’elle occupait. Selon l’analyste en sécurité, Yves Golo Gatien, la Seleka comptait d’ailleurs dans ses rangs des « délinquants, des criminels, des bandits de grands chemins, des fugitifs recherchés par la justice et des mercenaires soudanais et tchadiens ».

M. Djotodia a annoncé la dissolution de la Seleka le 14 septembre 2013. Depuis, le groupe porte le préfixe « ex », même si les combattants de l’alliance demeurent actifs, sous le commandement de Joseph Zoundeko, et n’ont pas été désarmés.

Après la démission de M. Djotodia en janvier 2014, la plupart des anciens rebelles ont quitté Bangui. Quelques milliers sont restés, avec leurs armes, dans trois camps militaires de la capitale. Ils ont maintenant le contrôle de facto de la majorité du territoire centrafricain du centre au nord.

La présidente de transition, Catherine Samba Panza, a supervisé un cessez-le-feu entre les ex-Seleka et les anti-balaka (voir ci-dessous), mais certaines factions ne reconnaissent ni cette trêve, ni le gouvernement de transition formé en mars. Des groupes d’ex-Seleka rivaux se sont affrontés à plusieurs occasions.

La milice anti-balaka

 

https://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_4107254_201409184141509.jpghttps://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_4107251_201409184122634.jpgNGAISSONA.jpg




Fin 2013, monseigneur Nestor Désiré Nongo Aziabgia, évêque de Bossangoa, écrivait : « Les nombreuses atrocités et violations des droits de l’homme perpétrées par la Seleka ont créé un sentiment de rébellion et poussé des hommes, incités par la violence, à organiser leur propre défense et leur propre justice [...] Les troubles au sein de différents segments de la population ont conduit à l’émergence de groupes d’autodéfense, dont les anti-balaka. »

Cette déclaration explique en partie la recrudescence du mouvement anti-balaka, mais pas sa véritable origine. Cette dernière date du début des années 1990. L’absence de toute institution de sécurité nationale avait alors entraîné l’apparition d’unités d’autodéfense dans le nord-ouest pour protéger les villages des bandits.

Si une grande partie des violences en RCA a été présentée de manière simplifiée comme un conflit entre musulmans et chrétiens et bien que de nombreux civils musulmans aient été tués ou attaqués parce qu’ils étaient soupçonnés de soutenir la Seleka (dont la majorité vient du nord-est, une région marginalisée majoritairement musulmane), les anti-balaka ne se considèrent pas comme une organisation chrétienne. Nombre d’entre eux portent d’ailleurs des accessoires propres aux animistes.

Un diplomate de Bangui a décrit les anti-balaka comme un ensemble hétéroclite de « paysans sans terres désoeuvrés, de bandits sans emploi [et] d’enfants des rues déscolarisés rejoints par d’anciens membres des FACA et de sympathisants de l’ancien président Bozizé. »

« Tout aussi désorganisés que les ex-Seleka, mais répartis en petits groupes de quelques individus, [les anti-balaka] ont été abandonnés à eux-mêmes, forcés de saisir les propriétés d’autrui – souvent avec une extrême violence – pour survivre », a-t-il ajouté.

Les anti-balaka contrôlent maintenant près de la moitié de la RCA, sous les ordres d’une douzaine de commandants répartie en différents secteurs et dont certains ont été arrêtés.

Un membre éminent des anti-Balaka, Patrice Edouard Ngaissona, a été ministre du gouvernement de M. Bozizé.

Révolution Justice (RJ)

 

sayo.jpghttps://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_4107234_20140918325246.jpg




Brièvement appelée Union des forces armées centrafricaines pour la restauration de la démocratie, RJ a été créée officiellement en 2013 par d’anciens membres de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie fondée par Jean Jacques Demafouth en 2006 et démantelée en 2011. Dirigée par le commandant Armel Sayo, RJ est active dans le nord du pays, plus précisément dans les préfectures d’Ouham et Ouham-Pende, près de la frontière tchadienne. Nombre de ses membres ont servi dans la garde présidentielle de l’ancien président Ange Felix Patassé. Son chef actuel a été commandant de la garde présidentielle.

D’autres membres appartiennent à des groupes d’autodéfense du nord-ouest et la plupart sont de l’ethnie Sara-Kaba. Le mouvement possède peu d’armes, de véhicules ou d’autres équipements. La plupart de leurs armes à feu sont artisanales.

À l’origine, l’objectif du groupe était de renverser M. Djotodia. Après le départ de ce dernier, RJ a annoncé que son but était d’assurer « la stabilité de tous les Centrafricains, quelle que soit leur communauté » et de lutter « contre tout ce qui va compromettre à la tranquillité des Centrafricains », comme les ex-Seleka et Baba Laddé, le chef des rebelles tchadiens actifs dans cette région.

Le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC)

 

MISKINE.jpg

Le FDPC a été créé début 2006 par Martin Koumtamadji (plus connu sous le nom d’Abdoulaye Miskine), un associé de l’ancien président Ange-Félix Patassé. En décembre de la même année, M. Miskine a signé un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement de M. Bozizé, mais l’accord a été violé plusieurs fois. Composé à l’origine d’un petit nombre de combattants, le FDPC ne contrôlait qu’un étroit secteur près de la frontière tchadienne. Le mouvement s’est développé fin 2008 et a alors lancé des attaques contre l’armée. En février 2009, le FDPC, soutenu par le MLCJ (voir plus bas), a menacé de redoubler de violence, accusant M. Bozizé de rompre avec ses engagements passés dans le cadre du traité de paix et de faire acte de mauvaise foi.

En 2012, le FDCP s’est rapproché de la Seleka lors de son avancée vers Bangui, avant de prendre des distances avec la coalition. En juin 2013, le groupe a affronté la Seleka à une centaine de kilomètres de Baboua, dans l’ouest de la RCA, essuyant de lourdes pertes. Le FDPC avait quitté sa base le long de la frontière tchadienne pour s’installer dans l’ouest de la RCA, plus précisément dans la région de Baboua, près de la frontière camerounaise. De là, les hommes de M. Miskine ont attaqué des villages et des camps peuls dans les deux pays, prenant des enfants en otage pour exiger des rançons. Leur chef a été arrêté au Cameroun, où il demeure incarcéré.

La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP)

 

https://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_4107222_201409182628490.jpg


La CPJP a été créée fin 2008 dans le nord-est du pays (dans la région de Ndélé plus précisément). Le groupe a signé un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement en juin 2011 et a rallié la Seleka après la destitution de M. Bozizé. Après avoir passé un autre pacte avec Bangui, le mouvement a été dissout en septembre 2013.

Le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ)

 

SABONE.jpg


Créé par Abakar Sabone, le MLCJ est un groupe issu d’une scission au sein de l’UFDR en août 2008. Son chef a signé un accord de paix en décembre 2008 avant d’annoncer avec le FDPC, en février 2009, qu’il reprenait les armes. M. Sabone a accusé M. Bozizé de faire preuve de mauvaise foi, lui reprochant d’avoir exclu ses hommes du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Il s’est ensuite rapproché de ce dernier, qui l’a nommé en 2010 commissaire au sein de la Commission électorale mixte et indépendante (CEMI). Après l’accord de Libreville signé en janvier 2013 par le gouvernement, les anciens rebelles de la Seleka et des politiciens, il a rejoint le gouvernement d’union nationale. Mais il a vite changé d’allégeance après la chute de M. Bozizé pour rejoindre la Seleka. Il est même devenu conseiller spécial de Michel Djotodia, son ancien compagnon de l’UFDR.

L’Union des forces républicaines (UFR)

 

NDJADER.jpg


L’UFR a été fondée et est dirigée par le lieutenant-colonel Florian Ndjadder, fils d’un général de police tué dans une tentative de coup d’État contre l’ancien président Ange-Félix Patassé. Le groupe opérait dans le nord-ouest, mais est inactif depuis plusieurs années. Le mouvement s’est divisé en deux en 2010, donnant naissance à l’UFR-Fondamentale, dirigée par Askin Nzenge Landa. Les deux groupes ont signé l’accord de cessation des hostilités à Brazzaville.



Le Front populaire pour le redressement (FPR)

 

BABA LADE.jpg


Le FPR a été créé début 2011 par Baba Laddé, ancien officier de la gendarmerie tchadienne, pour « défendre les communautés peules ». M. Laddé est lui-même peul.

Le FRP a été considérablement affaibli début 2012 après une attaque par hélicoptère et forces terrestres des FACA et de l’armée tchadienne. L’attaque a entraîné la destruction des bases d’opérations du FPR.

Un accord de paix passé en 2012 avec le gouvernement centrafricain appelait les combattants du groupe à rentrer au Tchad, mais nombre d’entre eux sont restés dans les régions frontalières et certains ont combattu contre des unités de RJ et des ex-Seleka.



L’Armée de résistance du Seigneur (LRA)

 

KONY.jpg


Créée en Ouganda au milieu des années 1980 dans le but de destituer le président Yoweri Museveni, la LRA, connue pour ses monstrueuses violations des droits de l’homme, est présente en RCA depuis 2008 avec environ 200 combattants, malgré les efforts combinés des FACA, de l’armée ougandaise et des conseillers de l’armée américaine.



Les Bandits

 

https://static.blog4ever.com/2013/06/744338/artfichier_744338_4052341_201408293801885.jpg




Des bandits, connus localement sous le nom de zaraguina, opèrent en bandes organisées et bien armées qui tuent, enlèvent en vue de demander des rançons, pillent et incendient des maisons. En l’absence de forces de sécurité nationale efficaces, ils agissent en toute impunité. Les éleveurs peuls sont leur principale cible en raison de la valeur de leur bétail. Leurs attaques ont conduit des dizaines de milliers de personnes à fuir leur village pour mener une vie précaire dans la brousse, sans accès à leurs champs ni aux marchés. Les importations par les principales voies commerciales ont été coupées, notamment en provenance du Cameroun. Le rapatriement des réfugiés de RCA au Tchad a également été entravé par leurs activités.

 

Irinnews.org


18/09/2014
0 Poster un commentaire

Samba Panza à l ‘Ag de Onu, plus d’un an après la suspension de son pays

SAMBA PANZA.jpg

 

La présidente de transition en Centrafrique, Mme Catherine Samba-Panza a quitté Bangui, lundi soir pour New York où elle va participer aux travaux de l’assemblée générale du conseil de sécurité des Nations unies à l’invitation du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon.

La Centrafrique prend part ainsi pour la première fois à l’Assemblée générale de l’ONU depuis sa suspension après le coup de force de Michel Djotodia et de son ex- alliance rebelle Séléka en mars 2013

Selon une source officielle, une réunion spéciale sur la situation en Centrafrique sera organisée le 26 septembre en marge des travaux de l’ONU pour débattre des questions liées à la sécurisation du pays, l’appui de la communauté internationale dans le processus politique en toile de fond le respect de l’Accord de Brazzaville.

Les participants discuteront aussi de l’organisation des élections et surtout l’épineux problème de l’élargissement ainsi que la révision de la charte constitutionnelle de transition, précise la source.

Lundi a eu lieu le transfert d’autorité entre la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Ce transfert d’autorité représente la réussite complète du mandat de la MISCA et le commencement de l’action militaire et policière de la MINUSCA en République centrafricaine », a souligné le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU dans une déclaration à la presse.

A ce jour, la MINUSCA compte 6.500 militaires, 1.000 policiers et une composante civile supplémentaire qui sont en train de se déployer progressivement dans le pays. La Mission compte mettre la priorité sur la protection des civils, le processus politique et le rétablissement de l’autorité de l’Etat.

 

Signature : APA

16/09/2014
0 Poster un commentaire

Centrafrique : « De la prédation à la stabilisation »

anti balle AK.jpg

 

C'est le titre d'un rapport que l'organisation internationale sur la bonne gouvernance, l'International Crisis group, ICG, vient de publier sur la Centrafrique.

Dans ce rapport, l'organisation affirme que la crise actuelle en République centrafricaine, qui a débuté en décembre 2012, a participé à la faillite de l'Etat. Le rapport met surtout à l'index le pillage qu'ont orchestré bon nombre de dirigeants qui ont fait main basse sur l'économie illicite du pays.

Pour cette organisation, le bref passage de la Seleka au pouvoir, entre mars et décembre 2013, a été marqué par une gouvernance en trompe l'œil. Et Joseph Bidoumi, le président de l'association centrafricaine des droits humains, d'ajouter :

« Le régime Seleka nous a amené là où nous n'etions jamais arrivés avant en termes de crimes, d'abus et de mauvaise gouvernance. Si certains hauts responsables d'Afrique ou d'ailleurs, ont soutenu Michel Djotodia avec le regime Seleka, je me rappelle vous avoir dit une fois que dans le regime Seleka, il y avait que des pyromanes, c'est-à-dire ceux qui avaient mis le feu au pays et qui étaient revenus comme des pompiers pour éteindre le même incendie donc cela ne m'étonne pas que des gens qui avaient donné l'impression de soutenir Djotodia l'ont laissé faire les pires exactions qu'ait connu le pays. »

Le président de l'association centrafricaine des droits humains, Joseph Bidoumi, fait aussi allusion au soutien du Tchad apporté au pouvoir de l'ancien président Michel Djotodia et de l'intervention des soldats envoyés par NDjamena en RCA. Pour lui tout cela a participé a faire de la Centrafrique un état sans droit ni loi.

Il faut assurer des services de base aux populations

Un constat relévé par l'ICG, dans son dernier rapport sur la Centrafique. Selon les experts de l'International Crisis Group, la Seleka s'est illustrée comme un régime de bandits qui a vidé lees caisses de l'Etat, et fait sienne les réseaux de trafic d'or, de diamants et d'ivoire dont certains de ses éléments étaient les pricipaux commanditaires.

Enfin, le rapport met en cause l'intervention internationale pilotée l'Union africaine, les Nations unies et la France. Des forces jusque là incapables de stabiliser le pays. L'ICG demande aux armées étrangères présentes en RCA de renforcer la protection des civils pour permettre le retour d'un système effectif de gouvernance à même de fournir des services minimum de base aux populations.

Rebelles de la Seleka.

Et pour permettre cela, l'ONG centrafricaine Paix-Réconciliation-Tolérance, PARETO, qui a inité une action de médiation entre anti-balakas et ex-Séléka. Une médiation qui, il y a deux jours de cela, a permis aux responsables des anti-balaka et ex-Seleka, groupes armés en conflit en Centrafrique, de se rencontrer et de discuter. Et les dirigeants de ces deux groupes ont décidé de prochainement mettre en place un comité conjoint de réflexion sur la situation que vit leur pays.

Néanmoins, pour l'instant aucun détail n'a filtré sur la date et le lieu de cette prochaine rencontre. Mais, selon l'ONG Pareto, les deux groupes armés ont la volonté d'aller de l'avant afin de mettre un terme aux souffrances des populations.

Depuis la destitution en janvier dernier du président Michel Djotodia, chef de l'ex-coalition rebelle Seleka, au profit de Catherine Samba-Panza, les deux mouvements armés continuent de s'affronter. A défaut d'être désarmées de force, ils ont été tenus à distance par les forces internationales présentes dans le pays. Au nord se trouvent les ex rebelles Seleka avec un QG à Bambari. Au sud, les anti-balaka, milices fidèles à l'ancien président François Bozizé. La réconciliation envisagée devra donc briser de nombreuses entraves…

membres de la milice Anti-balaka.

Il s'agit pour la Seleka et les anti-balaka de trouver des solutions à plus de 15 mois de crise. Une crise marquée par des massacres ethnico-religieux. Néanmoins, la tentative de dialogue est positivement appréciée par la communauté internationale et autres observateurs. D'ailleurs, dans le pays, on assiste à une reprise des activités économiques et au paiement des salaires des agents de l'état. Mais l'insécurité est loin d'avoir régressé.

Les ingrédients de l'instabilité demeurent. Les anti-balaka et la séléka continuent de s'affronter. La semaine dernière, au moins 22 personnes été tuées à Liwa, un village situé à 10 km de Bambari. Malgré cette situation, l'ONG Pareto espère que bientôt, les débats entre les deux mouvements pourront mettre fin à ces événements malheureux.

 

DW


18/06/2014
0 Poster un commentaire

Centrafrique : Martin Ziguélé en embuscade

Martin_Zigu.jpg

 

Par Mathieu Perrin

 

Depuis le lundi 20 janvier dernier, Catherine Samba-Panza a été élue présidente par le Conseil National de Transition. Elle dispose d’une année pour rétablir le calme et le dialogue intercommunautaire dans le pays, mais aussi pour organiser une élection présidentielle prévue pour février 2015, à laquelle elle ne pourra pas se présenter. Mais les traditionnels prétendants, plutôt discrets jusqu’ici, seront de la partie.

Parmi eux, Martin Ziguélé, ancien Premier Ministre du défunt Ange Félix Patassé et président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), risque fort d’obtenir le soutien discret mais solide de la France.

Déjà, lors des élections présidentielles de 2011, il arrive en seconde position face à François Bozizé. Il forme alors avec les autres candidats le Front pour l’Annulation et la Reprise des Elections de janvier 2011 (FARE). Ce mouvement qui n’a jamais atteint son objectif a été dissout en octobre dernier par son porte­ parole, Nicolas Tiangaye, proche de Ziguélé et Premier Ministre du précédent président de transition Michel Djotodia, jusqu’en décembre 2013.

Lors de la formation du gouvernement de Tiangaye, il s’est bien gardé de négocier un portefeuille ministériel afin de ne pas être associé à la crise que subit le pays. Ziguélé est proche du gouvernement français et il ne s’en cache pas : le MLPC est d’ailleurs l’unique parti centrafricain membre de l’Internationale Socialiste !

Lors du Congrès du Parti Socialiste d’octobre 2012 à Toulouse, Ziguélé fut même invité à la tribune pour adresser ses « sincères et amicales félicitations pour le changement qui vient de s’opérer en France, par l’élection de notre camarade François Hollande à la tête de l’état Français. Que le camarade François Hollande trouve ici l’expression de notre profonde admiration, et de nos vœux de plein succès. » Ah... le camarade Hollande ! Touchante déclaration d’amitié ou habile manifestation d’intérêt commun ?

Car il va de soi que si Ziguélé remportait les prochaines élections, la France aurait sans aucun doute gagné une belle victoire, en se targuant du retour à la « démocratie » en RCA et du « succès » de l’opération Sangaris. Et en guise de récompense, la possibilité pour elle et ses grandes entreprises (Total, Areva, etc.) d’affirmer leur mainmise sur ce pays.

 

survie.org


02/04/2014
1 Poster un commentaire

Amadou Haya Sanogo et Michel Djotodia : 2 putschistes, un point commun

sanogo.jpgMichel-Djotodia.jpg

 

Leur point commun est d’avoir pris le pouvoir par la force sans réussir à le conserver et d’être contraint par la communauté internationale à le quitter sans délai.

 Quelque soit la gravité de la situation dans un pays, un coup d’Etat n’est jamais une solution. En Afrique, les militaires qui ont pris le pouvoir par la force, ces derniers temps, n’ont pas pu rester à la tête de leur pays. Ils ont été contraints à rendre le tablier. Les cas récents de Amadou Haya Sanogo du Mali et de Michel Djotodia de la Centrafrique sont illustratifs. Sans oublier, le cas du capitaine Dadis Camara de la Guinée Conakry. 

Tout d’abord au Mali, à la suite d’une mutinerie des hommes de rang ont pris d’assaut le Palais de Koulouba. Le président ATT ayant pris la tangente, les mutins à leur tête un certain capitaine Amadou Haya Sanogo, s’empare du pouvoir, le 22 mars 2012.  Après avoir réussi leur coup, Amadou Haya Sanogo et ses camarades, regroupés au sein du comité national pour le redressement de l’Etat et la restauration de la démocratie (Cnrdre), ont fait face à une forte pression de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour le retour à l’ordre constitutionnel. En effet, le président de l’ex Cnrdre, Amadou Haya Sanogo, a fini par accepter. La suite est connue et c’est Dioncounda Traoré (alors président de l’Assemblée nationale) qui a eu à conduire la transition.

Au Centrafrique, on assiste presque au même scenario. Après avoir également chassé François Bozizzé du pouvoir, Michel Djotidia ne mènera pas la transition à terme. Une guerre éthnico-confessionnelle l’emporte. Tout comme Amadou Haya Sanogo. Il a été contraint, par les chefs d’Etat de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (Ceeac) qui s’étaient réunis, la semaine dernière, en sommet extraordinaire à N’Djamena, le contraignant à la démission, avec son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, à la tête de la République Centrafricaine.

Signalons qu’au sommet des chefs d’Etas de la Ceeac, les tractations se sont tenues jusqu’à 4 heures du matin, entre les membres du Conseil national de transition centrafricain (Cnt), des proches du chef de l’Etat centrafricain issus de l’ex-rébellion Séléka qui a pris le pouvoir à Bangui en mars, et des représentants des milices antibalaka, hostiles à Michel Djotodia, président par intérim autoproclamé depuis le 24 mars 2013.

La communauté internationale reproche au président, Michel Djotodia, de ne pas parvenir à mettre fin aux violences inter religieuses et aux exactions dans son pays. Et c’est face à ces violences, qu’après avoir démissionné, Djotodia a quitté Bangui pour s’exiler à Cotonou samedi dernier. L’objectif est de rétablir l’ordre dans le pays et d’organiser le plus rapidement possible des élections qui permettront de rétablir la paix.

Michel Djotodia a, tout de même, pu réussir à fuir son pays, il n’en est pas de même pour Amadou Haya Sanogo qui est en prison, accusé d’enlèvements et complicités de meurtre sur 21 soldats. Sanogo et Djotodia, deux hommes un destin…ou un point commun.

 

 

Aliou Touré 

Source: Le Matin du 16 jan 2014


16/01/2014
0 Poster un commentaire

Opération Sangaris en Centrafrique: des attentes, de l'impatience, et des rancoeurs

 afp.jpg

Une pancarte "Non à la France" trône le 3 janvier 2014 dans un marché du quartier musulman "PK5" de Bangui (AFP, Miguel Medina)

 

De Xavier BOURGOIS (AFP)

 

Bangui — Un mois après le lancement de l'opération Sangaris en Centrafrique, certains observateurs parlent déjà d'enlisement, d'autres de manque de moyens, mais côté centrafricain, c'est surtout l'impatience qui prime, alors que Bangui connaît toujours la violence.

En visite à Bangui jeudi, le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian a défendu bec et ongles l'opération. Tout en reconnaissant la difficulté de celle-ci, il a raillé les "analystes autoproclamés" qui brandissent le risque d'enlisement, s'appuyant sur le succès récent du Mali.

"En février, des experts disaient +au Mali, la France commence son enlisement+. Heureusement que nous n'avons pas écouté les experts", a-t-il déclaré devant ses soldats.

L'intervention de l'armée française, -en appui à la Force africaine-, le 5 décembre 2013 au lendemain d'une journée sanglante dans la capitale centrafricaine, a suscité des espoirs immenses au sein d'une population épuisée par un cycle infernal de représailles entre milices chrétiennes et ex-rébellion Séléka.

Les populations s'impatientent

Mais dans l'immense camp de déplacés de l'aéroport de Bangui, où s'entassent plus de 100.000 personnes, l'attente se transforme parfois en exaspération: "Dans ce tout petit Bangui, avec ces tout petits mercenaires étrangers, Sangaris ne peut pas régler le problème en deux jours avec leurs chars ? (...) Donnez nous des armes, on va s'en occuper, nous!", s'indigne Yaketé Souvenance, un déplacé de ce camp où ne vivent que des chrétiens.

Situé sur une zone ultra sensible, ce camp est une poudrière où la tension monte à tel point que l'ONG Médecins sans frontières, qui avait installé un hôpital improvisé, a du en retirer ses expatriés, et que les distributions de vivres sont régulièrement ajournées.

"La tâche ne se fait pas en trois jours", expliquait jeudi M. Le Drian. A l'évidence, la multiplicité des forces en présence n'aide pas. Dans les quartiers populaires de Bangui, il est difficile de distinguer un anti-balaka armé -de la milice d'auto-défense soutenue par une grande partie de la population chrétienne-, d'un citoyen lambda, d'autant qu'au passage des patrouilles, il est aisé pour eux de se fondre dans la nature.

L'une des missions principales de la force Sangaris, le désarmement, est au c?ur des débats. "Toute personne armée qui n'a pas lieu de l'être est désarmée, et si besoin de force", assure une source militaire. Mais la tâche est colossale, presque irréaliste, dans une capitale où les armes ont coulé à flot depuis l'entrée de l'ex-rébellion Séléka en mars.

"Le désarmement n'a pas eu lieu (...) Une partie des Séléka se sont réfugiés dans les casernes et sont restés armés. Quant aux anti-balaka, même si on leur enlève les kalachnikov, ils continuent à se battre à la machette", estime Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) en charge de l'Afrique.

Les musulmans se méfient de la France

Dans les quartiers musulmans, où règne la rumeur, on se persuade que la France soutient les anti-balaka au détriment des civils musulmans, régulièrement victimes de lynchages en pleine rue et en plein jour.

Sur les murs du "PK 5", près de l'aéroport, les inscriptions "non à la France" succèdent aux "Sangaris assassins". Depuis deux jours, les tentatives françaises d'installer des points fixes dans ces quartiers ont abouti à des manifestations sauvages de riverains, installant des barricades enflammées.

"L'interposition c'est la pire des postures : on est attaqué et critiqué des deux côtés", souligne Thierry Vircoulon, responsable de l'Afrique centrale pour International Crisis Group (ICG).

Cette posture inconfortable, beaucoup d'officiers français la reconnaissent, et tentent de faire de la pédagogie: "Nous sommes là pour tous les Centrafricains", martèlent régulièrement les chargés de communication de la force.

Mais pour l'heure, les violences continuent. Le problème, selon Philippe Hugon, c'est qu'il s'agit "d'une opération de maintien de l'ordre urbaine, de police et de gendarmerie. Ce n'est pas avec des chars et des hélicoptères qu'on règle ça, aussi bien entraînée que soit l'armée".

Plus d'un million de personnes ont fui leurs foyers en Centrafrique depuis le mois de mars, dont la moitié des habitants de Bangui, selon l'ONU. Un millier de personnes ont été tuées.

Dans le reste du pays, seul un contingent d'une centaine d'hommes est stationné à Bossangoa, dans le nord-est. "Les troupes françaises ont été recentrées sur Bangui, c'est la priorité, poursuit M. Hugon, il s'agit aujourd'hui d'assurer une paix minimale et d'éviter une guerre civile".

 

Copyright © AFP 2014.


04/01/2014
0 Poster un commentaire

Le drame de la Centrafrique: Une autre prédation humanitaire occidentale

republique-centrafricaine.jpg

Par Chems Eddine Chitour

 

 

«Il pleut toujours là où c’est mouillé»

 Proverbe africain

 

Ce proverbe résume le destin des pays africains faibles qui, pour leur malheur disposent de réserves minières convoitées. Encore une fois et pour ne pas changer l’Afrique se signale par un énième conflit. Souvenons-nous en décembre c’était le Mali aux prises avec les islamistes d’Al Qaîda en décembre 2013. C’est un autre pays, la Centrafrique, aux prises dit-on depuis quelque temps à un conflit religieux. La France a été appelée à intervenir pour faire régner l’ordre après y avoir entretenu le désordre… Brève présentation de la Centrafrique.

 

Brève histoire et géographie de la République centrafricaine

La République centrafricaine, est un pays d’Afrique centrale, dont la population est estimée à 4.500.000 habitants, pour une superficie d’environ 623.000 km². Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud), et connaît pour l’essentiel un climat tropical. La Centrafrique (RCA) est un pays enclavé sans accès à la mer. La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l’uranium, l’or et les diamants. Le pétrole et l’énergie hydroélectrique sont d’autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour. Les Français colonisèrent la région à la fin du xixe siècle et l’administrèrent sous le nom d’Oubangui-Chari. Le projet colonial français, avait pour objectif de traverser le continent africain d’ouest en est. Ce projet est stoppé net en 1898 à Fachoda, par les Anglais (on parle du fameux complexe français de Fachoda).

Le premier chef de l’État, Barthélemy Boganda, est considéré comme le père de la nation centrafricaine. En 1965, lors du «coup d’État de la Saint-Sylvestre», le sergent Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir. On sait que les diamants de Bokassa – scandale qui éclaboussa le président Giscard D’Estaing- lui permirent d’avoir un sursis pour régner, voire devenir un empereur dont le journal satirique français le Canard enchaîné a pu écrire que «son état empirait».

En septembre 1979, «l’opération Barracuda», organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko. En effet, Bokassa se rapprochait de plus en plus de Kadhafi dont la politique au Tchad est en contradiction complète avec les intérêts français. David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé du pouvoir le 1er septembre 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire. jusqu’en 1993, année où, suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La Baule, en France sous le président Mitterand, Ange-Félix Patassé désigné par la France est élu président de la République. En 2001, une tentative de coup d’État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui. Après une nouvelle série de troubles et malgré l’intervention de la communauté internationale (Minurca), le 15 mars 2003, le général François Bozizé réussit, avec l’aide de militaires français (deux avions de chasse de l’armée française survolaient Bangui pour filmer les positions des loyalistes pour le compte de Bozizé) et de miliciens tchadiens (dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au pouvoir.» (1)

«Une élection présidentielle a eu lieu, après plusieurs reports, le 13 mars 2005, L’accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile ravage le pays entre 2004 et 2007, jusqu’à la signature d’un accord de paix en France. Cependant, les rebelles reprennent les armes fin 2012, lançant une série d’attaques démarrant la deuxième guerre civile de Centrafrique. Le 24 mars 2013, les rebelles de la coalition Seleka s’emparent de Bangui et Bozizé s’enfuit. Michel Djotodia s’autoproclame président de la République centrafricaine. Mais les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Seleka, majoritairement musulmans, amènent l’insécurité dans le pays, et des milices chrétiennes d’auto-défense, les anti-balaka se forment. Le conflit débouche sur une situation «pré-génocidaire» selon la France et les États-Unis. Le 5 décembre 2013, une résolution de l’ONU permet à la France d’envoyer des troupes armées en Centrafrique (opération Sangaris) aux fins annoncées de désamorcer le conflit et de protéger les civils.

 

L’acharnement sur la Centrafrique pour cause de richesse

Pourquoi cet acharnement pour le pouvoir et pourquoi la sollicitude permanente de la France, ancienne puissance coloniale? Est-ce une guerre ethnique? Est-ce un conflit religieux? D’après le World Factbook de la CIA (USA), près de 50% de la population est chrétienne dont 25% de catholiques et 25% de protestants. 15% des habitants sont de religion islamique. Le reste de la population, soit environ 35%, reste fidèle aux religions africaine traditionnelles (animisme, génies, ancêtres, divinités).

La réponse est dont surtout économique. Les Centrafricains avant les interférences vivaient en bonne intelligence. La culture du coup d’Etat permanent est entretenue de l’extérieur, notamment de la France avec sa politique gravée dans le marbre de la Françafrique- France à fric- pourrions nous être tenté de dire, qui peut prendre des formes différentes. La deuxième raison concerne les richesses de ce pays. Bien qu’il soit très arriéré du point de vue économique, le revenu par habitant vaut 350 dollars en 2007. L’agriculture représente 55% du PIB. La croissance était 2% en 2005. L’activité minière (or et diamants) constitue l’autre ressource importante de la République centrafricaine en matière de recettes d’exportation. Il faut signaler la présence de multinationales dont Areva: le Groupe industriel français spécialisé dans l’exploitation de l’uranium de la région de Mbomou à Bakouma.


Archéologie récente du conflit

Si on remonte plus loin, on s’aperçoit que le conflit larvé avec des interférences extérieures date pour la période récente de la fin de l’année dernière. Patrick O’Connor écrit: «Les Etats-Unis et la France sont en train d’envoyer des troupes supplémentaires en République centrafricaine (RCA) alors que les milices anti-gouvernementales progressent vers la capitale Bangui. L’intervention fait partie d’un renforcement plus général des opérations militaires impérialistes sur l’ensemble de l’Afrique alors que Washington et ses alliés européens s’efforcent de maintenir leur domination stratégique sur le continent et le contrôle de ses ressources naturelles ». (2)

« Les Etats-Unis et la France menaient déjà des opérations militaires en RCA avant qu’une offensive des rebelles ne menace de renverser le gouvernement du président François Bozizé. (…) Washington a profité de la crise pour consolider davantage ses opérations militaires en Afrique. Le déploiement en RCA qui a eu lieu quelques jours à peine après l’annonce de l’armée américaine qu’une brigade armée spéciale forte de quelque 3500 soldats allait mener des activités continues partout sur le continent. Une nouvelle ruée sur l’Afrique est en cours. (..) Derrière l’attitude fausse de la «non-intervention», le gouvernement français travaille incontestablement main dans la main avec le gouvernement américain pour déterminer l’issue de la crise en République centrafricaine.(2)

La cause de toutes ces sollicitudes? On n’est pas naïf au point de croire que c’est la raison humanitaire. Patrick O’ Connor décrit l’influence soft de Chine que les Occidentaux combattent: «Le 17 juin 2009, l’ambassadeur américain Frederick Cook avait envoyé un câble disant, «relations France-RCA sérieusement sous tension,» (…) Une autre dépêche envoyée cinq mois plus tard était intitulée «L’influence chinoise grandissante en RCA est évidente. Il ajoutait qu’environ 40 officiers de l’armée de la RCA étaient formés tous les ans en Chine, contre les deux ou trois officiers qui allaient aux Etats-Unis et les 10 à 15 en France. En montrant clairement les calculs prédateurs qui se cachent derrière la présence américaine et française en République centrafricaine, le câble faisait référence aux «riches ressources naturelles inexploitées» du pays en prévenant: les investissements français étant moribonds et l’influence française de façon générale en déclin, les Chinois en toute probabilité se positionnent comme étant le principal bienfaiteur de la RCA en échange de l’accès aux vastes dépôts d’uranium, d’or, de fer, de diamants et probablement de pétrole. (3)

 

La détermination de la France à intervenir

La France déterminée a procédé par étapes: «Durant sa visite du 13 octobre à Bangui, la capitale de la Centrafrique, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé que la France déploierait des troupes supplémentaires dans le pays à la fin de l’année.

Des miliciens de la Seleka, dont beaucoup viennent du Tchad ou du Soudan voisin, ont été accusés à plusieurs reprises de saccager des églises et de terroriser les communautés chrétiennes. (…) Ce projet fait partie d’une multiplication des interventions militaires françaises en Afrique visant à garantir les intérêts géostratégiques français et à contenir l’influence croissante de la Chine sur le continent. En moins de trois ans, la France a déjà mené trois guerres en Afrique, en Libye, en Côte d’ivoire, et celle toujours en cours au Mali. En décembre 2012, les forces rebelles de la Seleka sont passées à l’attaque contre les forces du président alors en place, François Bozizé, s’emparant de villes dans le nord et l’est du pays. La Seleka a accusé le gouvernement de revenir sur les accords de paix de 2007-2008 qui imposaient de payer les guérilleros rebelles et de les intégrer dans l’armée nationale.» (4)

Pour rappel, le 11 janvier 2013, les accords de Libreville ont temporairement empêché un coup d’état et initié un accord de partage du pouvoir. L’accord n’a toutefois eu qu’une courte durée; les forces rebelles de la Seleka, avec le soutien tacite des puissances impérialistes, ont lancé une offensive contre les forces de Bozizé. Bozizé a été renversé le 24 mars, et le chef rebelle Michel Djotodia s’est déclaré président. Paris s’est retourné contre Bozizé quand celui-ci a infléchi sa politique en faveur de la Chine et passé des accords bilatéraux sur les investissements, le commerce et le développement d’infrastructures. C’est dans ces conditions que Paris a soutenu la coalition Seleka. La Seleka est constituée de factions armées dissidentes venant du Nord-Est, et dominée par les musulmans, comme l’Ufdr et la Convention des patriotes pour la justice et la paix.(4)

La première semaine de décembre, le gouvernement français a donc lancé l’opération Sangaris. Officiellement, il est question de sauver la population menacée par un conflit interne. (…) Après la Côte d’Ivoire en 2010, la Libye en 2011 et le Mali en 2012, c’est donc au tour de la Centrafrique d’être le théâtre d’une intervention militaire française sur le continent africain. Le président François Hollande a qualifié l’opération d’ «humanitaire», et a ajouté que «les Français doivent être fiers d’intervenir quelque part sans intérêts». (5)

Tony Busselen invite à ne pas être naïf, il poursuit:

«Quoique… Le mercredi 4 décembre, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères et collaborateur proche de Mitterrand entre 1981 et 1995, rend public un rapport commandé par le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France. Védrine note: «Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au Sud du Sahara a décliné de 10,1% à 4,7%.» Jeudi 5 décembre, la France obtient un consensus au Conseil de sécurité de l’ONU autour de la résolution 2172 pour une nouvelle intervention dans la République centrafricaine (RCA). Cette résolution est un compromis assez compliqué. La France aurait voulu, comme au Mali, une mission de l’ONU qu’elle viendrait appuyer. Mais, vu la résistance de l’Union africaine, cette option d’envoi d’une mission des Nations unies sera rediscutée dans trois mois. Entre-temps, l’Union africaine déploiera une mission de 6000 hommes (Misca) qui remplacera les Forces africaines de la Communauté d’Afrique centrale (Fomac), actuellement présentes avec 1400 soldats. La France, de son côté, a reçu l’aval du Conseil de sécurité pour lancer une opération parallèle au Misca ».(5)

«Le même vendredi 6 décembre conclut Tony Busselen, Hollande préside un sommet à l’Elysée où sont invités 53 gouvernements africains. Lors de ce sommet, Hollande lance la proposition d’entraîner 20 000 soldats par an pour une force de l’Union africaine. (..) La France veut ainsi affaiblir l’Union africaine et renforcer des structures régionales plus contrôlables. Ces événements cadrent donc bien avec une stratégie visant à retrouver une hégémonie économique dans la région, aujourd’hui menacée par la montée de l’influence de pays émergents comme la Chine et l’Inde. Pas exactement une «intervention sans intérêts», donc (…) Si, aujourd’hui, la République centrafricaine est complètement K.O. et que l’anarchie y règne, c’est en grande partie la France qui en est responsable. Sur le plan économique aussi, le pays n’a jamais cessé de dépendre de la France. Ainsi, la société d’énergie française Areva décidait en 2010 de reporter l’exploitation de la mine d’uranium de Bakouma jusqu’au moment où le prix de l’uranium allait augmenter. De même, la politique monétaire du pays est définie à Paris par la Banque de France…» (5)

Conclusion

En 2050, le quart du monde sera africain. Ce qui positionne le continent qui regorge de richesse comme une destination incontournable des prédateurs. Cinquante ans après, le destin de l’Afrique est toujours décidé dans les anciennes officines. On est en droit de se demander si le temps de la Françafrique est révolu. C’est un fait, durant ce cinquantenaire, que l’Afrique n’a jamais connu la paix du fait des interférences des anciennes puissances coloniales, de la rareté des matières premières dont l’Afrique regorge et de l’apparition de nouveaux acteurs qui font à l’Afrique des propositions qu’elle ne peut pas refuser.

Devant toutes ces avanies, que pense-t-on que l’Afrique fait? Coordonne-t-elle en vue d’une sécurité alimentaire? En vue d’une médecine de qualité? Etudie-t-elle un développement endogène? Demande-t-elle qu’on la laisse en paix en alimentant en armes des belligérants ou en soutenant des tyrans qui refusent l’alternance? Rien de tout cela, sa «force d’action rapide» avec les armes des Occidentaux est devenue une vue de l’esprit. A titre d’exemple, le Tchad d’Idris Deby joue les chiens de garde de la France tant qu’il est en odeur de sainteté jusqu’au prochain coup d’Etat. La politique française concernant ses «colonies», quel que soit le président a une longévité remarquable. Les pays francophones-anciens ont tous des dictateurs adoubés par Paris.

En  définitive au juste, pourquoi ce  nouveau conflit? Apparemment l’excuse d’ingérence humanitaire est toute trouvée. Cette fois çi c’est le conflit religieux qui est mis en avant. Pendant ce temps les mêmes médias qui diabolisent avec une géométrie variable nous parle du Sud Soudan -arraché au Soudan-, qui se déchire pour le pétrole . Il y aurait des milliers de morts, une famine épouvantable et personne ne bouge si ce n’est Ban Ki Moon qui présente sa bourse vide  pour recueillir l’aumône , auprès  pays riches en vain. Ainsi va le Monde.

 


 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique e np-edu.dz

1. La République centrafricaine Encyclopédie WIkipédia

2. Patrick O’Connor 04 janvier 2013 :

http://www.mondialisation.ca/les-etats-unis-et-la-france-deploient-des-troupes-en-republique-centrafricaine/5317704

3. Patrick O’Connor: L’armée française supervise un accord de partage Mondialisation.ca, 02 février 2013

4. http://www.mondialisation.ca/la-france-va-intensifier-son-intervention-militaire-en-centrafrique/5355735

5. République Centrafricaine: La France en quête d’influence Tony Busselen http://www.michelcollon.info/Republique-Centrafricaine-La


27/12/2013
0 Poster un commentaire