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TRIBUNE


Comment Foccart a bloqué les mouvements indépendantistes

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BONNE FETE DE 1er Decembre à tous !

 

 

 

Par malijet

 

Le continent noir est engagé dans des conflits armés qui risquent de compromettre l’existence de certaines nations. Si les intellectuels patriotes d’Afrique ne songent pas à trouver des solutions. Compte tenu de la gravité de l’heure, les quelques rares patriotes doivent se donner la main pour sauver ce qui est encore possible. Ces guerres, ces conflits sont rendus possibles par le pays colonisateur afin d’exploiter nos ressources minières. Foccart est de ceux-là qui ont balkanisé le continent noir. Jacques Foccart, qui fut l’un des metteurs en scène de la Françafrique, doit passer des moments difficiles dans sa tombe.

La Françafrique a connu son épilogue. Il revient à nous Africains de prendre notre destin en main sinon nous allons droit au mur. Il faut la France pour nommer une Tchado-Camerounaise à la tête de la Centrafrique. C’est aussi les Etats Unis qui ont élu Ellen Johnson Searleaf présidente du Libéria, une ancienne esclave noire américaine  ayant travaillé dans les institutions de Brettons Wood de retour au bercail.

La stratégie de Jacques Foccart est à l’époque un personnage très puissant : secrétaire général de l’Elysée aux Affaires africaines et malgaches, il dirige la plupart des services secrets, supervise les nominations aux principaux postes du parti gaulliste et de l’Etat, pourvoit enfin aux finances  du gaullisme.

Il va orchestrer avec efficacité cette mission de «confiscation des indépendances». Sa principale stratégie consiste à mettre en place des dirigeants  africains favorables à la France par le trucage d’élections et l’élimination physique de leaders des mouvements indépendantistes. La guerre contre les indépendantistes camerounais (1957- 1970) est la plus violente, avec des méthodes proches de la guerre du Vietnam ou des massacres de Madagascar (1948) : des centaines de milliers de victimes, l’assassinat des leaders Ruben Um Nyobé en 1958, Félix Moumié en 1960, Osende Afana en 1966, Ernest Ouandié en 1970.

Cette guerre va servir de leçon à tous ceux qui pouvaient avoir des velléités de résistance. Citons également l’assassinat du président indépendantiste togolais Sylvanus Olympio en 1963, sous la supervision des services secrets français.

L’assassin Etienne Eyadema, ancien gradé de l’armée coloniale, s’installe ensuite pour près de quarante ans au pouvoir. Bon nombre des chefs d’Etat choisis par Jacques Foccart ont été formés dans les écoles militaires françaises. Certains appartenaient aux services secrets français, comme ce fut le cas d’Omar Bongo, devenu ensuite  président du Gabon en 1967.

Des accords militaires, diplomatiques et économiques sont également passés avec les dirigeants de ces pays officiellement décolonisés. Nombre de ces accords comportent des clauses non publiées au Journal Officiel et sont toujours ignorés du Parlement français. Ils fixent l’accès  privilégié de la France aux matières premières dites stratégiques. Ils prévoient l’organisation, l’encadrement et l’instruction des forces armées des Etats «décolonisés», ainsi que l’intervention militaire française en cas de menace extérieure. Ils permettent enfin l’implantation de bases militaires françaises sur le continent africain.

Lorsque l’armée française ne peut agir directement, l’utilisation de mercenaires complète le dispositif. Les plus connus sont Bob Denard et Paul Barril, impliqués dans de nombreux «coups tordus» aux Comores, au Bénin, au Gabon, en Angola, au Rwanda ou encore au Zaïre (RDC). Chaque président africain est encadré par des membres des services secrets et par de multiples conseillers français.

Pour éliminer tout risque d’opposition intérieure, des polices politiques tortionnaires sont mises en place, formées à l’école française et aux méthodes expérimentées en Algérie par le général Aussaresses et le colonel Trinquier. L’ensemble de ce réseau est contrôlé par Jacques Foccart depuis le secrétariat général aux Affaires africaines et malgaches, plus communément appelé la «Cellule africaine de l’Elysée» (au 2 rue de l’Elysée), une instance surprenante puisqu’agissant en dehors de tout contrôle parlementaire, ou même ministériel.

Cette stratégie permet de maintenir le système de domination et d’exploitation de type colonial tout en donnant une impression de décolonisation, puisque c’est un homme originaire du pays qui gouverne. Elle permet également à la France, puissance moyenne, de maintenir une position dominante dans les institutions internationales comme l’ONU, dans la mesure où les Etats d’Afrique francophone, officiellement indépendants, s’alignent généralement sur les choix de l’ancienne métropole. La domination politique et militaire des anciennes colonies s’accompagne d’une domination économique, via le franc CFA, monnaie des pays d’Afrique francophone contrôlée par la Banque  de France.

Enfin, la mise en place d’une Aide publique au développement (APD) sert officieusement au soutien financier des régimes «amis de la France», irriguant également les entreprises françaises, la francophonie, voire les bourses scolaires des enfants d’expatriés, ou encore plus récemment, une partie du coût de la rétention et de l’expulsion des immigrés clandestins. Au final, un faible pourcentage des cinq à huit milliards d’euros consacrés chaque année à l’APD sert réellement des objectifs de développement.

En 1967, l’ancien militaire et agent secret gaulliste, Pierre Guillaumat, architecte du Commissariat à l’énergie atomique et de la bombe nucléaire  française, crée la société ELF. En plus de ses activités pétrolières, cette entreprise sert de couverture pour le financement et l’action des services secrets, drainant d’énormes marges occultes réalisées sur l’exploitation de l’or noir africain (production non déclarée au large des côtes, surfacturation des investissements et des prestations, arnaque sur le préfinancement des productions futures).

Cette manne financière permet le contrôle des pays producteurs par la corruption des décideurs locaux, la co-organisation de scrutins truqués, le financement de polices ou de mercenaires, l’implication dans des coups d’Etat ou des guerres civiles, ou encore l’achat de la complicité de la classe politique française, autant de faits mis en lumière par les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky pendant l’affaire Elf, de 1994 à 2003. 

Foccart avait des jugements lucides parfois féroces sur les chefs d’Etat africains 

Ahidjo Ahmadou. Il entretenait des liens d’amitié avec Ould Daddah et Senghor, d’estime réciproque, mais sans atomes crochus, avec Houphouët. Avec ses voisins, il en allait différemment. «Faisons le tour, m’a-t-il dit un jour. Ngouabi est dangereux, Bokassa est fou. Tombalbaye n’a pas l’esprit plus sain. Macias (président de le Guinée équatoriale) est raide fou comme Sékou Touré. Bongo n’est pas raisonnable». 

Baré Mainassara (Ibrahim). Le colonel Ibrahim Baré Mainassara s’est montré le putschiste le plus pacifique qu’on ait jamais vu. 

Eyadema (Gnassingbé). Le président du Togo est un homme qui a démontré sa fermeté de caractère et sa confiance, à la fois en son étoile et en ses compatriote. Eyadema gouverne, d’une main de fer, assurément, mais a-t-il le choix ? Il a en face de lui des ennemis, soutenus par les autorités ghanéennes, qui sont armés et qui ont montré leur détermination à faire usage de leurs armes. 

Bédié (Henri Konan). Depuis très longtemps, je considérais Henri Konan Bédié comme le successeur le plus probable d’Houphouët  et le plus solide. C’est un homme très prudent, très habile. Bédié a sans doute un peu manqué de confiance en soi au début mais, maintenant, il gère parfaitement le patrimoine ivoirien. 

Habré (Hussein), en 1987. Ses qualités de chef de guerre l’aident à diriger l’Etat. Il est intelligent et capable, il a de l’autorité qu’il applique avec brutalité : il n’hésite pas à liquider ses adversaires. 

Mobutu (en 1996). C’est vrai que l’Etat ne fonctionne plus. C’est que Mobutu a pris beaucoup de champ. Malgré tout, et tant pis si vous me prenez pour un incurable conservateur, je suis convaincu que, par sa présence, le chef de l’Etat empêche le pire d’arriver, c’est-à-dire l’implosion de la nation. 

Ngouabi (Marien), ancien président congolais. Après son ssassinat, les Congolais ont gravé de lui l’image d’un homme pur et dur mais qui me parait surfaite. Ngouabi n’était pas dur. Il était manipulé par les extrémistes et son parcours a été tout sauf rectiligne ; il louvoyait entre les tendances. Quant à la pureté…

En janvier 1970, Bongo lui a annoncé de ma part que l’aide d’urgence qu’il avait demandée lui serait accordée avec le concours de la Compagnie minière de l’Ogoué. Ngouabi a réfléchi, puis il a répondu : «Ecoute, c’est très bien, mais cet argent j’aimerais que tu me l’apportes toi-même à Brazzaville, parce que, tu comprends, ma femme a grande envie d’un appartement à Paris.» 

Patassé (Ange- Félix). C’est un homme compliqué. 

Ratsiraka (Didier). C’est un homme difficile à cerner. Il a fait des études brillantes à l’Ecole navale, où il a été reçu sans favoritisme. C’est un négociateur dur. Il a quelquefois des comportements étranges. Côtier, métis et conscient de sa valeur, il est très complexé, il peut être agressif.

En 1973, ministre des Affaires étrangères, il se répandait en propos déplaisants sur la France et les Français. Nous avons demandé à notre ambassadeur, Maurice Delauney, d’avoir un entretien avec lui à ce sujet.

Exposant ses griefs, le ministre lui a dit qu’il aurait dû sortir premier de sa promotion à l’Ecole navale, mais qu’il avait été rétrogradé au cinquième rang parce qu’il  était Malgache. En réalité, les élèves étrangers ne sont pas classés et, selon ses notes, il aurait été troisième. 

Sankara (Thomas). J’ai rencontré un Sankara charmant et qui semblait heureux de s’entretenir avec moi. Il m’a offert un diplôme parcheminé de parachutiste. J’ai senti une espèce de fascination qu’exerçait sur lui l’ancien collaborateur du général de Gaulle, le parachutiste de la Seconde Guerre mondiale. J’ai eu l’impression d’avoir en face de moi un homme très intelligent et curieux, qui aurait été capable de devenir raisonnable. 

Sassou Nguesso (Denis). Il tire argument des bons rapports qu’il a eus avec Jacques Chirac pendant la cohabitation et il essaie de se faire passer maintenant pour l’homme de Chirac et le seul capable, par conséquent, d’obtenir le soutien de la France afin de mettre un terme au marasme. Sassou Nguesso, tout ancien chef d’Etat qu’il soit, est aujourd’hui  un opposant, et agressif. 

Wade (Abdoulaye). C’est un homme plein de contradictions. Il a eu un parcours en dents de scie, tantôt se montrant calme et logique, tantôt adoptant un comportement exalté et tenant un langage irresponsable. 

Yhombi Opango (Joachim), ancien président et ancien Premier ministre du Congo. Quand on connaît la suite, c’est-à-dire l’accession au pouvoir de Joachim Yhombi en 1977, il peut être intéressant de relever qu’en 1977, il peut être intéressant de relever qu’en 1972, Yhombi, alors commandant en chef de l’armée, cherchait un contact avec moi ; il m’envoyait de nombreux messages.

Au mois d’octobre, il avait demandé à Houphouët quelle serait l’attitude de la France à son égard s’il prenait le pouvoir. La réponse a été qu’il ne devait attendre aucune espèce de soutien pour réaliser ce qu’il projetait.

 

Rassemblés par Fatou CISSE

SourceInter De Bamako


01/12/2014
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Tribune | ONU : des Casques bleus pour donner une chance à la paix en Centrafrique

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 Par Mgr Dieudonné Nzapalainga et Omar Kobine Layama
 
Mgr. Dieudonné Nzapalainga est archevêque de Bangui, et l’Imam Omar Kobine Layama est président de la Communauté islamique de la République centrafricaine.
 
 

 

L’arrivée des soldats français a beau avoir ralenti l’effusion de sang, une présence onusienne de maintien de la paix de plus longue durée est nécessaire pour assurer la paix dans notre pays.

Alors que nous sommes nombreux à préparer les fêtes de fin d’année, notre pays, la République centrafricaine (RCA), que la plupart des habitants de la planète auraient du mal à situer sur la carte, reste au bord d’une guerre aux aspects religieux. Plus de deux millions de personnes, soit près de la moitié de la population du pays, ont désespérément besoin d’aide. À l’heure où nous écrivons, près de 40 000 personnes sont entassées dans l’enceinte de l’aéroport de Bangui, la capitale, sans abri ni toilettes. Des centaines de personnes ont été tuées, certains d’entre eux des patients qu’on a fait sortir de force des hôpitaux pour les exécuter. Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit "gravement préoccupé par le danger imminent d’atrocités de masse". Nous craignons que faute d’une réponse internationale plus importante, notre pays ne soit condamné aux ténèbres.

En tant que principaux dirigeants religieux des communautés chrétienne et musulmane de notre pays, nous avons conscience qu’il nous incombe de montrer un chemin loin des violences communautaires. Certains de nos confrères, qu’ils soient prêtres ou imams, ont payé le prix ultime pour assumer cette responsabilité, et nous craignons que le pire ne reste encore à venir.

C’est en mars de cette année que les violences ont éclaté, lorsque la Séléka, une coalition de groupes armés peu structurée et composée majoritairement de musulmans, s’est emparée du pouvoir après un coup d’État. Dans les mois qui ont suivi, la Séléka a pillé et tué, déclenchant des attaques de représailles par des groupes d’auto-défense civile, chrétiens pour la plupart. Lorsque les troupes françaises sont arrivées pour tenter de rétablir la sécurité et désarmer tous les groupes armés, l’ancienne milice Séléka s’est mise à fuir vers le Nord, ses membres déguisés en civils. Il existe aujourd’hui un danger bien réel d’effroyables représailles contre des musulmans ordinaires qui se retrouvent dans une situation précaire et sont susceptibles d’être visés par des actes de vengeance.

En réponse à cette crise, nous avons crée une plateforme interconfessionnelle dont l’objectif est d’apaiser les tensions et empêcher l’aggravation des divisions et du chaos. Le conflit dans notre pays n’est pas en soi un conflit entre musulmans et chrétiens, c’est une crise humanitaire grave provoquée par une instabilité politique et militaire chronique. Mais, si rien n’est fait, la crise pourrait enclencher sa propre dynamique irrépressible, et dangereuse. Nous nous sommes rendus aux quatre coins du pays, dans des centaines de villages, nous entretenons avec de nombreux Centrafricains pour leur transmettre un message de paix et de réconciliation qui leur offre une vision alternative au carnage. Lors de nos déplacements, qui n’ont été possibles que grâce à la protection de soldats africains, nous avons été témoins de la peur omniprésente que ressent tout un chacun.

On retrouve chaque jour des corps sans vie le long des routes ou dans les buissons ; nous avons rencontré des personnes si pressées de fuir qu’elles ne pouvaient même pas enterrer leurs enfants. Si les forces françaises et africaines ont donné à notre pays la possibilité d’amorcer un nouveau départ, les progrès réalisés sont fragiles, et les troupes ne sauraient porter ce fardeau à elles seules. En autorisant le déploiement de troupes supplémentaires dans notre pays, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU votée ce mois-ci nous a redonné espoir. Cependant, seule une force onusienne de maintien de la paix disposera des ressources nécessaires pour protéger nos civils de manière satisfaisante. L’ONU devrait de toute urgence convenir d’envoyer sur place une telle force.

Lors de nos rencontres avec le président Hollande et Laurent Fabius ainsi qu’avec l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, nous leur avons expliqué que la sécurité que conférerait une force de maintien de la paix onusienne nous permettrait de sauvegarder l’avenir de notre pays. Grâce à l’aide des Casques bleus de l’ONU pour sécuriser nos routes et nos habitations, l’acheminement d’une aide et de vaccins pourrait éliminer le sentiment de peur en le remplaçant par un espoir, et s’avérer un véritable dividende de la paix propre à unir notre peuple. Un engagement de l’ONU à l’égard de notre pays nous permettra de nous concentrer sur le rétablissement d’une coexistence entre nos communautés.

La réconciliation et la paix sont possibles. Nous sommes tous les deux nés dans un climat de tolérance. Nous avons toujours eu pour habitude de célébrer et de respecter les différentes religions ; Noël et le Ramadan sont des jours fériés. Il nous faut reconstruire aussi bien notre pays que notre tissu social, et nous comptons sur l’ONU pour nous en donner la possibilité. La paix n’a pas de prix ; nous espérons que la communauté internationale nous aidera à l’obtenir.





 


24/12/2013
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