A Tourcoing, la maire de Bangui témoigne sur la situation centrafricaine
Depuis mercredi, Catherine Samba-Panza scrute les chaînes d’information pour avoir des nouvelles de Bangui, ville dont elle est maire. « Après mon départ, il y a eu une explosion de violences. J’ai mes collaborateurs, mes amis, ma famille au téléphone, ils sont terrés chez eux. Ils ne peuvent me dire ce qui se passe à l’extérieur. » Elle explique que des bandes incontrôlées ont semé la terreur dans une ville qui abrite 20 % de la population du pays. « La Seleka, qui a été pourtant dissoute, est aujourd’hui une alliance cosmopolite de groupes armés et de bandits de grand chemin. La République centrafricaine vit dans une spirale de violence depuis une vingtaine d’années. » Elle raconte avoir vécu « tous les conflits à Bangui depuis 1996. J’ai été menacée à plusieurs reprises. Le 24 mars 2013 (NDLR : jour de la prise de la ville par la Seleka), j’ai eu la visite d’une quinzaine d’hommes armés venus prendre de l’argent et des véhicules. »
Pour Catherine Samba-Panza, les politiques hommes portent une lourde responsabilité dans le contexte actuel. « La République centrafricaine a toujours vécu en totale harmonie avec ses religions. Or des hommes politiques les ont instrumentalisées et il s’est créé une fracture dans la population. Il y a encore moyen d’y remédier. »
« Un regain d’espoir »
L’édile juge l’intervention militaire française indispensable. « On m’a dit qu’il y avait eu des manifestations de joie lors de l’arrivée des forces françaises à Bangui. Cela nous donne un regain d’espoir. Mais il faut se rappeler que, lors de la Seconde Guerre mondiale, les Centrafricains se sont mobilisés pour la France libre. Nous avons d’ailleurs beaucoup d’anciens combattants. Aujourd’hui, la France peut nous renvoyer l’ascenseur dans le cadre de la solidarité internationale. » Mais la maire de Bangui confie que le déploiement militaire français n’a pas été décidé en début de semaine. « Lors de l’assemblée générale de l’Association des maires francophones (AIMF) le 15 novembre, François Hollande m’a saluée et confié
Penser à l’après-conflit
Et même dans un contexte très trouble où « l’ennemi » n’est pas clairement identifié, Catherine Samba-Panza est optimiste et pense déjà à l’après-conflit. « Et là, clairement, notre État n’a pas les moyens pour se relever. » Elle appelle à la coopération internationale dont la Centrafrique a jusqu’ici peu bénéficié, « alors qu’elle est développée au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali… Aujourd’hui nous avons besoin de vous. »
L’élue raconte qu’avant même les derniers événements, Bangui était confrontée à «d’énormes problèmes de sécurité » mais aussi d’infrastructures suite aux pillages de mars. «La structure municipale était complètement paralysée. Il y avait des problèmes d’assainissement, de santé, des amoncellements d’ordures qui bouchaient les canaux d’évacuation. Le risque d’épidémie est important. Des choses ont commencé à se mettre en place jusqu’aux événements actuels. Il faut remettre en place ces actions prioritaires ! » Elle est dans le Nord - Pas-de-Calais pour nouer des partenariats mais n’a qu’une hâte : retourner à Bangui. Le vol est prévu mardi. « Ma place est là-bas auprès de la population. Je veux voir ce que je peux leur apporter… »
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