CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Bossangoa attend l'armée française

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La vote de la résolution de l'ONU autorisant l'intervention militaire française en Centrafrique est prévue pour mercredi. Bossangoa, située à 300 km au nord de Bangui, la capitale, constitue l'épicentre de la crise sécuritaire et humanitaire dans le pays.

Quarante mille personnes sont réparties sur 5 hectares, autour de l'évêché. Parmi eux, Clément Namboisse égrène lentement et distinctement la longue liste des biens qu'il a perdus : "Une moto, la tôle de ma toiture, 9 bœufs, 27 chèvres, 17 canettes, 27 poulets…" Les ex-rebelles de la Séléka lui ont tout pris. "J'ai réussi à prendre la fuite rapidement, mais mon fils a été battu avant de pouvoir, lui aussi, leur échapper", se souvient l'ancien directeur de l'école Liberté de Bossangoa. Clément vit dans le camp depuis l'attaque de son quartier début septembre. Il en est convaincu : la présence des soldats français lui permettra, au moins, de retrouver un sentiment de sécurité. "Il faut que les Français interviennent par la force, que les hommes de la Séléka soient traduits devant la justice. Chaque jour, ils continuent de détruire nos maisons."

Pas un jour en effet sans que de nouvelles familles se présentent au camp. Frédéric Tonfio, le vicaire général de Bossangoa les accueille. L'homme d'église s'impatiente. "Pourquoi les Français ont-ils mis autant de temps à réagir? L'intervention est bienvenue mais elle reste tardive. Elle ne ressuscitera pas nos morts. Nous avons perdu beaucoup de vies humaines, beaucoup de parents, des milliers. Des corps n'ont pas été retrouvés, certains ont été jetés à l'eau, des personnes ont été kidnappées."

Pas une solution miracle...

Le décompte que fait Laurentine Namdamga est aussi rapide que tragique. Le 16 septembre, cette mère de huit enfants explique avoir été réveillée, très tôt, par des tirs provenant des ex-rebelles de la Séléka dans le quartier de Bossangoa où elle résidait. "J'ai demandé à mon mari de quitter la maison, par crainte que les rebelles ne le prennent pour un anti-Balaka [milice d'autodéfense composée en majorité d'hommes]. Je suis venue me réfugier dans le camp et j'ai attendu mon mari. Malheureusement, quand il a voulu nous rejoindre, il a été abattu devant l'église protestante." Depuis, Laurentine Namdamga vit sous une tente mise à disposition par l'Unicef et attend "que l'armée française chasse les Séléka, que les rebelles repartent d'où ils sont venus".

Les ONG aussi espèrent beaucoup de l'intervention française. Le représentant du Haut-Commissariat aux réfugiés en Centrafrique, Kouassi Lazare Etien, pense que "le déploiement de forces neutres, comme les forces françaises, est indispensable". Quant à Karline Kleijer, représentante sur place de Médecins sans frontières, elle estime que "ce type d'intervention menée par des armées étrangères n'est pas la solution miracle : encore moins dans des contextes aussi structurellement défaillants et effondrés que la Centrafrique aujourd'hui. Mais beaucoup de Centrafricains souhaitent que la communauté internationale les aide à mettre un terme aux exactions, attaques et représailles dont ils sont victimes".

 

Florence Richard, envoyée spéciale à Bossangoa (Centrafrique) - Le Journal du Dimanche



01/12/2013
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