Bozoum : Un religieux dresse le bilan des exactions commises sur la population dans les 3 derniers mois
Le curé de l’église catholique de la ville de Bozoum (nord), le Père Aurelio Gazzera, qui enregistre au quotidien la plainte des victimes des exactions des hommes de l’ancienne Séléka, a établi le bilan des cas de meurtres, de tortures et sévisses corporelles qui sont se sont produits au mois d’octobre et début novembre dans cette région. Des assassinats, tortures et beaucoup d’autres violations des Droits de l’homme ont été énumérées par le religieux. Le RJDH a pris connaissance du document et vous le livre.
Le samedi 2 novembre, un homme nommé Doui âgé de 26 ans, a été assassiné vers 19 heures par des hommes de la Séléka, sur la route principale, entre le marché et le centre ville de Bozoum. D’après les circonstances, relatées par Père Aurelio, « la victime était soupçonnée d'avoir tué un habitant de Bozoum, dans les champs, quelques jours auparavant, avec des coups de machettes. Certains jeunes étaient en train de le trainer en justice, quand les éléments de la Séléka sont arrivés en moto, et ils l’ont abattu », a-t-il expliqué.
Un autre cas de meurtre s’est produit le 17 octobre au village de Tatalé. Il s’agit d’un chasseur qui s’est rendu au marché afin d’acheter des munitions de chasse. Le vendeur lui demande de patienter et a appelé les hommes de la Séléka qui sont venus l’arrêté, le ligoté avant de l’emmené dans leur base, là où il a subi des tortures avant d’être égorgé.
« Son corps n’a pas été retrouvé, des témoins ont fait savoir que ces hommes en arme ont jeté le corps dans le cours d’eau. Avant de l’égorger, les éléments de la Séléka ont pris sur lui une somme de 28 000FCFA », a expliqué, notre source.
Des cas de tortures, blessures et autres exactions enregistrés entre octobre et novembre
Un acte de torture dont deux hommes ont été victimes, s’est produit le 4 novembre. Les deux venaient du village de Bata situé à quelques kilomètres de la ville de Bozoum, pour se rendre au marché.
« Pindong Emanuel, venait de Bata en moto à destination de Bozoum. En route, il a rencontré un homme appelé Ouatara qui lui a demandé de le remorquer au marché pour vendre une chèvre. Emanuel l'a amené, ils ont traversé la barrière et payé les formalités. Au moment où la première victime voulait rentrer, les éléments de Séléka qui se trouvaient sur la barrière lui ont fait savoir que son compagnon de route est un "suspect". Et ils l’ont obligé à retourner le chercher, puis ils l’ont arrêté à son tour », a mentionné le religieux.
Les deux hommes ont été dépouillés de leur argent, ainsi que la moto. Ces derniers ont été aussi battus.
Toutefois, avant ce cas de torture, le 31 octobre, un homme âgé de 25 ans, père de deux enfants, a été blessé à coup de crosse d’une arme de marque AK47, par un élément de la Séléka qui était ivre. Ce dernier a soupçonné sa victime d’appartenir au groupe d’autodéfense, "Anti balaka".
Après avoir été conduite à l’hôpital, la victime présentait des blessures à l’œil. Cet acte s’est déroulé trois jours après le départ d’une mission du Bureau de intégré des Nations Unies en Centrafrique, qui a séjourné dans cette ville », a ajouté Père Aurelio, dans son rapport.
Un homme âgé de 34 ans, agriculteur et vendeur, marié et père de quatre enfants, a été passé à tabac par ces hommes en arme, le 26 octobre. Ces derniers l’ont soupçonné d’avoir vendu des munitions de guerre…
« Les éléments de la Séléka étaient venus le chercher trois fois chez lui, parce que quelqu'un leur avait dit qu'il vendait des munitions. Le samedi, ils ont fouillé sa maison et ils n'ont pas trouvé de munitions. Ils ont emporté sa moto, des sachets de liqueur d’une valeur de 240.000 FCFA ».
La victime est allée se plaindre auprès du colonel Ibrahim, qui commandait ces troupes, après avoir l’écouté, l’officier de cette coalition a ordonné à ses hommes d’arrêter le plaignant et de le battre. « Le colonel lui a ensuite exigé de payer une somme de 200 000 FCFA puis 20 000 à ses deux éléments, avant d’être libérée ».
Les actes de violences enregistrés entre le mois de septembre et octobre
Du 10 au 12 octobre, deux agriculteurs habitant le village de Boalo, sur l’axe Bossangoa, ont été arrêtés ligotés et torturés par des hommes de la Séléka. Les victimes se sont rendues à un marché hebdomadaire à moto pour vendre du manioc. Au moment, ces hommes en arme devraient aussi aller organiser une réunion dans cette localité.
Quand ils ont aperçu les deux hommes, ils les ont soupçonnés d’appartenir au groupe des Anti Balaka. Ces victimes ont été automatiquement arrêtées et transférées à Bozoum, pour être torturées. Ils présentaient des cicatrices des blessures partout sur le corps et des collusions au niveau des bras entrainant des difficultés à mouvoir le bras. Les deux hommes ont perdu 44 000 FCFA. En guise de leur libération, ils avaient payé une somme de 70 000FCFA.
Trois personnes issues d’une même famille ont été arrêtées ligotés et torturés, par ces hommes en arme. Les faits se sont produits de 29 septembre au 6 octobre à Bozoum. Il s’agit des frères qui réparaient les motos. Un élément de la Séléka a accusé le frère aîné d’avoir volé sa moto.
« Un prétexte suffisant pour arrêter le réparateur et ses deux frères. Ils ont été mis aux arrêts du dimanche 29 septembre au dimanche 6 octobre. Pendant sept jours, ils subissaient de coups, le frère cadet ne pouvait plus bouger son bras gauche, car il est resté ligoté dans la geôle, avec ses frères. Il a été transféré à l’hôpital de Paoua pour recevoir des soins de santé. En plus, les ravisseurs ont exigé une amende de 30 000 FCFA pour leur libération et 4 000 FCFA pour le "droit de geôle".
«Ce rapport ne relate qu'une très petite partie des actes de violences commises par la Séléka dans la ville de Bozoum et les zones périphériques, parce que beaucoup de victimes n'ont pas eu le courage de venir les dénoncer », a précisé Père Aurelio. Le religieux qui signale par ailleurs que le mercredi 6 novembre, ces hommes en arme ont tenu une réunion avec le secrétaire général de la préfecture, le maire et les chefs de quartiers. « Les éléments de la Séléka se sont plaint parce que le Père Aurelio continue de les dénoncer et parce qu'ils n'ont pas eu le courage de venir l'abattre », a-t-il conclu.
RJDH-RCA
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