CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Centrafrique : après le forum, les douze travaux d'Hercule

La réussite du forum chargé de relancer la construction de l'État n'est qu'une première étape. Il reste à mettre en oeuvre ses recommandations.

 

 

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Par Jacques Duplessy

 

 

Qualifié d'"exercice démocratique modèle" par le général Babacar Gaye, le commandant de la Minusca, le forum de Bangui, chargé de relancer la construction de l’État centrafricain s'est achevé le 11 mai. Plus de six cents délégués, répartis en quatre ateliers - "Paix et sécurité", "Justice et réconciliation", "Gouvernance" et "Développement économique et social"-, ont écrit une multitude de recommandations. Le texte de l'accord a été lu en séance plénière et acclamé par les membres du forum.

 

Quels sont les résultats concrets ?

Parmi les très nombreuses recommandations :- la prolongation de la période de transition. En raison de l'absence de listes électorales fiables, de problèmes logistiques et de l'absence des moyens de l'administration dans certaines régions, les élections ne pourront pas se tenir à la date prévue. Pour éviter le vide constitutionnel, il était nécessaire que le forum propose une solution. Les responsables de la transition seront maintenus à leur poste. Pour entrer en vigueur, la recommandation devra être approuvée par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).- la création d'une commission nationale Vérité – Justice – Réconciliation. Des comités locaux de paix et de réconciliation devraient aussi être mis en place. Il n'y aura pas d'amnistie pour les crimes de guerre.- la levée des sanctions frappant le commerce de diamants centrafricains.En marge du forum, un accord sur le désarmement a été signé par neuf groupes armés avec le ministre de la Défense. Il prévoit un regroupement des combattants et leur désarmement. Les miliciens pourront soit postuler pour rejoindre l'armée nationale ou la police, soit bénéficier d'une aide à la réinsertion. Les combattants étrangers n'ayant pas commis de crime de guerre seront rapatriés dans leur pays d'origine.

 

Et maintenant ?

L'exercice a été plutôt réussi, mais le pari de la paix et de la stabilité est loin d'être gagné. La lecture des recommandations du forum était à peine finie que des tirs d'armes automatiques ont éclaté devant l'Assemblée nationale. La Minusca a répliqué avec des grenades lacrymogènes. Des leaders anti-balakas ont affirmé que leurs revendications n'avaient pas été entendues. Ils réclamaient entre autres le départ de la présidente de la transition, Catherine Samba Panza. Mais il semble surtout que des éléments anti-balaka et ex-Séléka, plus ou moins contrôlés, mettent la pression pour faire sortir leurs camarades de prison.Le forum de Bangui n'a pas réussi à inclure toutes les forces politiques, notamment les anciens présidents François Bozizé et Michel Djotodjia, exclus des discussions du forum. Des partisans des deux chefs d’État faisaient partie des manifestants à la fin du forum. Ils possèdent de puissants relais dans le pays et pourraient compliquer la transition.

 

Les inconnus de l'armée et du désarmement

L'armée centrafricaine a signé un appel, réclamant notamment le versement des arriérés de solde. Son comportement dans cette période de sortie de crise reste aussi une inconnue. Le programme de désarmement et de reconstitution de l'armée et des forces de l'ordre demande de gros moyens financiers. La communauté internationale suivra-t-elle ? Les leaders des milices parviendront-ils aussi à tenir leurs troupes et à respecter les engagements pris ?

 

Un gros chantier : reconstruire

Les Américains viennent d'annoncer le versement de 7 milliards 350 millions de francs CFA (un peu plus de 11 millions d'euros) pour reconstruire les forces de sécurité et le système judiciaire. La préparation des élections s'annonce comme un chantier immense et difficile. La présidente, Catherine Samba Panza a déclaré espérer que les élections législatives et présidentielles pourront se tenir d'ici la fin de l'année. Là encore, le financement international sera nécessaire pour arriver à la tenue du scrutin. Après l'Union européenne, la France a annoncé le versement de 350 millions de francs CFA pour l'organisation. Mais le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a évalué le budget à 22 milliards de FCFA.

 

 

lepoint.fr



15/05/2015
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