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Centrafrique: Joseph Kony, chef d'une des plus cruelles rébellions

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KAMPALA (© 2013 AFP) - Joseph Kony, dont la Centrafrique dit négocier la sortie de clandestinité, a troqué l'aube d'enfant de choeur pour le treillis du rebelle, semant depuis 25 ans la mort dans la region, à la tête de la cruelle Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Créée vers 1988 avec l'objectif de renverser le président ougandais Yoweri Museveni pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements, la LRA s'est forgé une effroyable réputation à force d'enlèvements d'enfants et de mutilations de civils à grande échelle.

Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire, Kony a transformé, après les avoir kidnappés, des dizaines de milliers de garçonnets en soldats dociles et de fillettes en esclaves sexuelles.

Jusqu'à l'annonce de sa présence probable en Centrafrique mercredi, il était difficile déterminer où se trouvait Kony depuis que ses troupes avaient été chassées par l'armée régulière du nord de l'Ouganda en 2006. Il avait seulement été localisé dans les forêts équatoriales impénétrables des pays voisins, errant entre République démocratique du Congo (RDC), Centrafrique, Soudan et Soudan du Sud.

Prophète auto-proclamé, il y a poursuivi ses exactions, avec un contingent amaigri de partisans, réduit désormais à quelque 150 combattants éparpillés en petits groupes et pourchassé inlassablement par les armées de la région, appuyées par une centaine de membres des forces spéciales américaines.

En 2005, Kony devient, en compagnie de quatre de ses adjoints, le premier suspect inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) qui délivre un mandat d'arrêt international contre eux pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, au nombre desquels meurtres, viols, esclavagisme, enrôlement d'enfants.

Traqué

Les informations sur Kony sont rarissimes. Le peu d'éléments biographiques disponibles proviennent d'ex-combattants de la LRA et de nombreuses ex-"épouses", ayant fait défection, faits prisonniers ou libérés par l'armée ougandaise.

Sa date de naissance précise est inconnue, mais il est supposé avoir vu le jour au début des années 1960, dans le département de Gulu, dans le nord de l'Ouganda. Issu de la minorité Acholi, on sait juste que son éducation se limite à l'école primaire.

Il prend les armes en 1987, ralliant le Mouvement du Saint-Esprit (HSM) fondé l'année précédente par la rebelle messianique Alice Auma Lakwena pour combattre le nouveau président de l'époque, Museveni, qui venait de renverser des dirigeants issus du nord du pays.

Alice Lakwema, ex-prostituée décrite comme sa cousine ou sa tante, s'exile cette même année au Kenya. Sous la houlette de Kony, une faction du HSM devient la LRA.

Les rares photos disponibles de celui qui se fait appeler "Professeur", "Saint Père" ou "Grand Maître" par ses partisans, montrent un moustachu au physique banal, de taille moyenne, en treillis militaire.

Ceux qui - de gré ou de force - l'ont côtoyé, racontent qu'il régit tout, de la tactique militaire aux règles d'hygiène personnelle, terrifiant ses subalternes en affirmant recevoir ses ordres du Saint-Esprit. D'anciens proches le créditent de pouvoirs surnaturels, le disant capable de "lire dans vos pensées".

D'ex-"concubines" rencontrées par l'AFP en 2006 lui attribuent une soixantaine de femmes et au moins 42 enfants. Il "affirme exaucer la volonté de Dieu", avait raconté l'une d'elles, Evelyn, kidnappée par la LRA et forcée d'"épouser" Joseph Kony avant d'être libérée par l'armée ougandaise.

Les exactions de Kony et sa politique d'enlèvements d'enfants lui ont rapidement fait perdre le soutien des populations du nord, pourtant très hostiles au gouvernement Museveni, qui déplacera de force - officiellement pour les protéger - deux millions de personnes dans le cadre de sa lutte anti-LRA.

Le chef suprême de la LRA n'est qu'exceptionnellement apparu en public, la dernière fois en 2006, dans la localité soudanaise de Ri-Kwangba, frontalière de la RDC, dans le cadre d'un processus de négociations entamé alors avec Kampala.

En avril 2008, attendu à Ri-Kwangba pour parapher un accord de paix longuement négocié, il fera faux bond à la dernière minute, réclamant un abandon préalable des poursuites de la CPI.

En 2006, il assurait à un journaliste occidental, un des rares étrangers à l'avoir rencontré, qu'il n'était "pas un terroriste" et combattait "pour la démocratie".

Ses victimes, elles, racontent avoir été forcées de mutiler ou tuer leurs amis, voisins ou proches, quelquefois en les mordant jusqu'à la mort, et parfois de boire le sang de leurs victimes dans le cadre de rites effroyables.

Depuis quelques années, on dit cependant Kony affaibli, traqué et terré dans une forêt qu'il arpente depuis plus de 25 ans.



21/11/2013
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