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Centrafrique: le retour de François Bozizé jugé improbable

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Paris (AFP) - 11.09.2013 10:12 - Par Anne LE COZ

 

Six mois après la chute de l'ex-chef d'Etat centrafricain François Bozizé, actuellement à Paris, ses partisans ont pris les armes pour, disent-ils, le réinstaller au pouvoir mais cette perspective est jugée improbable par les experts.

Depuis dimanche, des combats entre partisans armés du général Bozizé et anciens rebelles de la coalition Séléka, qui a porté au pouvoir son chef Michel Djotodia, ont fait au moins 60 morts autour de Bossangoa (ouest), et des hommes se réclamant du président déchu tenaient toujours mardi plusieurs villages de ce fief du clan Bozizé.

Lévy Yakété, porte-parole du président renversé le 24 mars, a affirmé mardi à l'AFP que les combats avaient été menés par des soldats de l'ancienne armée centrafricaine (FACA). "C'est le début des opérations destinées à remettre au pouvoir le président Bozizé", a-t-il assuré.

Des affirmations qui laissent sceptiques les spécialistes qui doutent de la capacité de "Boz" à mobiliser une nouvelle rébellion armée.

Pour Roland Marchal, chercheur au CNRS, les récents combats ont éclaté "dans une zone très délimitée du pays", dont le président déchu est originaire. Il s'agit de "combats entre le Séléka et la tribu de Bozizé qui a mis en place des groupes d'autodéfense villageois, auxquels se sont joints sans doute des éléments résiduels de divers groupes armés et des anciens services de Bozizé", ajoute Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG).

Mais "les conditions de formation d'un mouvement armé ne sont pas réunies", estime M. Marchal qui met en avant le manque de financement, d'armes mais aussi de soutien régional. "Personne dans la région ne veut voir revenir Bozizé", assure-t-il.

Par ailleurs, souligne-t-il, les FACA, qui ont fui sans combattre devant l'offensive du Séléka en décembre 2012, "ne se sont jamais battues, ni pour défendre Bozizé, ni pour défendre (Ange-Félix) Patassé", son prédécesseur qu'il avait renversé en 2003. "Entre les discussions de bars sur le thème +on va les foutre dehors+ et la réalité de l'action, il y a un pas qu'ils ne peuvent pas franchir", dit-il.

Bozizé, un hôte encombrant

Arrivé à Paris fin juillet pour une "visite privée" après un premier exil au Cameroun, François Bozizé n'a toujours pas quitté la France, son "deuxième pays", selon l'expression d'un de ses proches.

Après plusieurs interviews dans lesquelles il affichait sa soif de revanche, l'ancien chef d'Etat reste aujourd'hui muet laissant les déclarations belliqueuses à son entourage, par la voix d'un Front pour le retour de l'ordre constitutionnel en Centrafrique (FROCCA), créé en août à Paris et qui dit s'appuyer sur un collectif d'"officiers libres" sur le terrain.

Officiellement, Bozizé se tait "par courtoisie envers ses hôtes", dit un proche. Officieusement, ses "hôtes" lui ont intimé de se taire.

Pour la France, qui tente de mobiliser la communauté internationale pour éviter que son ancienne colonie ne devienne un "Etat failli", la prolongation du séjour parisien de Bozizé devient de plus en plus embarrassante et Paris ne cache plus son impatience de voir ce visiteur encombrant quitter le territoire.

En mai, les nouvelles autorités de Bangui avaient annoncé l'émission d'un mandat d'arrêt international contre Bozizé pour crimes contre l'humanité et génocide mais, concède une source centrafricaine, "les papiers n'ont jamais été faits".

Aujourd'hui, certains responsables à Bangui tentent de faire porter le chapeau de l'insécurité généralisée aux partisans de l'ancien président. Mais, pour Thierry Vircoulon, "la thèse du Séléka sur un prétendu complot de Bozizé est une diversion. Le vrai problème, c'est l'impopularité du Séléka", qui multiplie les exactions depuis l'arrivée au pouvoir de son chef.

"Djotodia a créé une situation qui se retourne contre lui-même. Il ne contrôle rien", affirme M. Vircoulon, qui accuse le Séléka d'avoir eu "la main lourde dans la zone tribale de Bozizé" et d'avoir "rasé des villages".

"Cela va se reproduire et, si la communauté internationale ne fait rien, la dynamique locale fera que la situation va s'aggraver", prévient-il.

 

© 2013 AFP



11/09/2013
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