LA VILLE DE MOBAYE ECHAPPE TOTALEMENT AU CONTROLE DE L’EXECUTIF CENTRAFRICAIN.
Le conflit centrafricain déclenché le 11 décembre 2012 par la coalition des ex-Séléka à Ndélé, chef lieu de la préfecture de la Bamingui-Bangoran, jusqu’à la prise du pouvoir de Djotodia, chef charismatique de ladite coalition, le 24 mars 2013, n’a pas épargné les autres préfectures.
Les ex-Séléka ont étendu leurs influences sur toutes les villes, toutes les communes et tous les villages. Les modes de vie des Centrafricains ont changé en un laps de temps. De l’hospitalité, le Centrafricain lambda est passé à la cruauté. Incroyable mais plutôt vrai. La justice n’existe que de nom. Même Bangui, capitale de la République qui abrite le Palais de la Renaissance, la Primature et le Conseil National de Transition (CNT), n’est pas épargnée. Les Banguissois ne savaient à quel Saint se vouer. Les lieux de refuge, communément appelés « Ledger » étaient pleins à craquer. L’autorité de l’Etat ne s’exerçait nulle part. La RCA était transformée en jungle sous la présidence de Michel Djotodia. Les mercenaires tchadiens et soudanais agissaient comme bon leur semble. N’ayant aucune vision sur la dignité, les Droits de l’Homme, ils torturent, violent, incendient des villages et des maisons…
L’attaque coordonnée des Anti-Balaka du 05 décembre 2013 sur Bangui a enfoncé le clou. L’Etat Centrafricain était devenu moribond. Jusqu’à la date d’aujourd’hui, c’est-à-dire 08 mois après la démission de Michel Djotodia, aucune lueur d’espoir n’a jailli des cendres de Djotodia. Tout porte à croire que la RCA se résume seulement à la seule ville de Bangui. Les villes et villages qui sont tombés dans les bras, soit des ex-Séléka, soit des Anti-balaka subissent des cruautés indescriptibles. Les habitants vivent dans la peur à longueur de la journée. Ils sont torturés, tués sans qu’une voix ne se lève pour dénoncer ces violences. Certains humanitaires, citons entre autre le RJDH (Réseau des Journaliste pour les Droits de l’Homme) qui sillonnent certaines villes, dénoncent les exactions faites par les milices (ex-Séléka et Anti-Balaka). Mais aucune solution n’est trouvée par l’instance suprême de l’Etat pour barrer la route à ces hors-la-loi.
Seules certaines préfectures tenues par les Anti-Balaka reviennent peu à peu sous l’empire de l’Exécutif centrafricain. Quant aux régions occupées par les ex-Séléka, n’en parlons pas. De Batangafo à Bambari, en passant par Kaga-Bandoro et Bria, c’est le désespoir et le calvaire des Centrafricains non musulmans. L’Etat centrafricain, incapable d’asseoir son autorité dans ces zones, fait face à de multiples critiques de la part des habitants de ces contrées. Il en est de même pour le Km 5 à Bangui.
La ville de Mobaye, située au Sud-est de la RCA, chef-lieu de la Préfecture de la Basse-Kotto, échappe totalement au contrôle de l’Exécutif centrafricain. Le gouvernement que dirige Mahamat Kamoun sous la supervision de Catherine Samba-Panza, présidente de la transition ignore tout de cette ville de Mobaye qui, jadis, au temps du transporteur Yacoub, fournissait des poissons. Même les fonctionnaires centrafricains qui étaient affectés dans cette ville ne souhaitaient même pas la quitter à cause de l’abondance des produits vivriers à moindre coût.
Du fait de son abandon par le gouvernement, les fonctionnaires et autochtones de cette ville ont préféré se réfugier de l’autre côté de la rive du fleuve Oubangui en RD-Congo pour échapper aux sévices cruels des ex-Séléka.
En effet, le samedi 13 septembre 2014, pour un problème d’une cuvette de manioc, un agent de l’ex-Séléka a tué un pauvre cultivateur dans le village Bangui-Kette à 25 Km de Mobaye, sur l’axe Mobaye-Zangba, a témoigné le parent de la victime prénommé Pierre. Un cas similaire s’est produit à Ndawa à 25 Km de Mobaye sur l’axe Kongbo-Mobaye le vendredi dernier. La victime, un homme de trente (30) ans a été tué par un ex-Séléka car il a refusé de lui vendre un morceau de viande. La sœur cadette a été emmenée manu-militari dans leur camp à Mobaye au vu et au su de la MISCA, devenue ce lundi 15 septembre 2014, la MINUSCA. Aucune action n’est menée par ces forces internationales pour mettre fin aux souffrances des paisibles citoyens civils qui n’aspirent qu’à la paix et à la sécurité. Peut-on dire qu’il y a un Exécutif à la tête du pays ?
L’Etat centrafricain étant néant, presqu’inexistant, les milices ex-Séléka et Anti-Balaka en profitent pour étendre leur hégémonie sur les villes et villages conquis. Les forces multinationales qui sont censées ramener la paix sont aveuglées par la beauté naturelle des femmes centrafricaines. Du coup, leur objectif principal est détourné. Pauvre Mission de Sécurisation de la paix en Centrafrique et du retour de l’Autorité de l’Etat Centrafricain sur tout le territoire national ! Sans administration, peut-on parler d’un Etat au sens propre ?
Espérant que la MINUSCA relèvera le défi sécuritaire et que l’autorité de l’Etat centrafricain s’exercera sur toute l’étendue du territoire national, au détriment des ex-Séléka et Anti-Balaka qui empêchent le redéploiement de l’administration dans l’arrière pays.
Denis LOUGOUSSOU-NGOUVENDA
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