CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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L'angoisse à chaque appel de Centrafrique

Jean-Christian et Véronique M’Boya ont fui la guerre en 2002 déjà. Installés à Sainte-Verge, ils craignent pour leur famille et leurs amis restés à Bangui.

 

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Véronique et Jean-Christian M'Boya ont quitté la Centrafrique en 2002. Aujourd'hui, c'est pour leur famille qu'ils sont terrifiés.

 

Par Léna Randoulet

 

Derrière leurs sourires et leur apparente sérénité, se cache une énorme angoisse. Dans leur salon de Sainte-Verge, Jean-Christian M'Boya et son épouse Véronique ont peur pour leur famille, restée à Bangui. Les violences qui secouent la République Centrafricaine ont déjà endeuillé les M'Boya : un cousin de Jean-Christian, instituteur, a été assassiné par un de ses anciens élèves.

 

 " On fait tout ce qu'on peut pour les aider à se mettre à l'abri "

Jean-Christian, intendant au lycée Jean-Moulin de Thouars, et Véronique, enseignante, vivent quotidiennement dans la crainte de recevoir de mauvaises nouvelles des frères, sœurs, oncles, cousins, restés à Bangui, avec qui ils entretiennent des contacts réguliers. « On se pose tous les jours la question de savoir ce qui va se passer demain. Dès que le téléphone sonne et qu'on voit l'indicatif de Centrafrique, c'est une angoisse terrible. »
Intarissable sur l'histoire tourmentée du pays, Jean-Christian estime que le conflit actuel est bien plus complexe qu'un affrontement entre chrétiens et musulmans. « C'est simplifié pour la compréhension », mais il analyse davantage les faits comme une escalade de la violence après la vengeance de populations trop longtemps laissées pour compte.

 

Une tradition de tolérance gâchée

Le couple éprouve un sentiment de gâchis. Véronique et Jean-Christian avaient dû quitter la Centrafrique en 2002, car l'insécurité ambiante leur faisait craindre pour leur vie. Pourtant, ce couple de chrétiens avait projeté d'y vivre et avait lancé un projet pour aider les Peuls, nomades musulmans, à vivre de la production laitière de leurs troupeaux. « En m'installant en Centrafrique, j'avais découvert un pays de grande tolérance, avec un vrai respect mutuel des deux religions », se souvient Véronique, pour qui quitter le pays a été un déchirement.
« Les gens sont devenus fous, regrette Jean-Christian. Ma famille a tout le temps peur, ils sortent peu et au moindre mouvement, ils rentrent vite. Les gens s'organisent : dès qu'il se passe quelque chose de suspect, ils tapent sur des casseroles pour alerter. »
« On fait tout ce qu'on peut pour les aider à se mettre à l'abri. Heureusement, ma famille m'écoute. Je leur ai dit "  On ne s'associe pas à ça ". » Véronique complète : « On leur envoie de l'argent pour qu'ils puissent mettre les enfants en province et manger. Si on a faim, on peut tomber dans la violence ».
Si la guerre centrafricaine leur paraît pour le moment « insoluble », Véronique et Jean-Christian sont rassurés de voir « la communauté internationale qui vient au chevet du pays ». Mais l'absence de mobilisation associative continue de les inquiéter. Tout comme le départ d'un de leurs amis, forcé à quitter le pays sans sa famille car chassé de son quartier pour sa religion musulmane et son appartenance à la famille du président déchu Djotodia. « On espère qu'il pourra arriver jusqu'à l'aéroport. » Comme lui, des milliers de Centrafricains sont « en danger à tout moment ».

 

Venir en aide aux enfants des rues

Véronique et Jean-Christian M'Boya ont longtemps mené un engagement associatif pour venir en aide aux enfants victimes du Sida. Avant la guerre, ils ont dû y mettre fin. Mais face aux événements actuels, ils envisagent de mettre quelque chose en place pour aider les enfants des rues, laissés orphelins par la guerre avec « des traumatismes incroyables ». Ils lancent un appel à toutes les bonnes volontés qui souhaiteraient leur prêter main-forte dans ce projet.


Contact : mboyafamily@gmail.com

 

 

lanouvellerepublique.fr



26/01/2014
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