La France favorable à la relocalisation des musulmans en RCA
PARIS (Reuters) - La France s'est dite favorable mercredi à la relocalisation des populations musulmanes prises pour cibles par les milices anti-balakas en Centrafrique, tout en estimant que le déplacement des populations ne devait survenir qu'en dernier recours.
"La France est attachée à la protection de toutes les populations en République centrafricaine, y compris évidemment des populations musulmanes qui font l’objet de menaces et d’attaques intolérables", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, lors d'un point presse.
L'ambassade de France en RCA "procède à une évaluation de la situation des différentes localisations musulmanes, notamment au nord de Bangui", la capitale, a-t-il indiqué. "Nous sommes en faveur d’une relocalisation des personnes qui en exprimeraient le souhait" même si "le déplacement des populations doit être un dernier recours."
Le Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) s'est dit prêt la semaine dernière à participer à l'évacuation d'urgence de 19.000 musulmans vivant à Bangui et dans d'autres régions en raison des menaces que les milices chrétiennes anti-balakas font peser sur ces populations.
Cette initiative a été rejetée par le commandant de l'opération française Sangaris, le général Francisco Soriano, opposé à ce que la France réalise cette opération d'évacuation.
"Ma réponse est claire: je m'y refuse. Notre rôle est de protéger les populations et de tout faire pour qu'elles puissent vivre là où elles ont toujours vécu", a-t-il déclaré jeudi dernier lors d'une visio-conférence.
INQUIÉTUDES DES MUSULMANS
Plus d'un an après le début de la crise en Centrafrique, la situation sécuritaire reste préoccupante dans le pays et les 6.000 soldats de la force africaine Misca déployés aux côtés des 2.000 soldats français de l'opération Sangaris peinent à restaurer la sécurité.
Le coup d'Etat des rebelles musulmans de l'ex-Séléka en mars 2013 a été suivi par plusieurs mois d'exactions contre les chrétiens. Les violences se sont ensuite généralisées et ont pris pour cible les musulmans. Au total, des milliers de personnes ont été tuées et près d'un million d'autres ont été déplacées.
La décision du Tchad de retirer de la Misca son contingent fort de 850 hommes après avoir été accusé par l'Onu d'avoir tué une trentaine de civils fin mars à Bangui risque de compliquer un peu plus la donne dans le pays.
Dans une interview à France 24 diffusée mercredi, le chef de la Misca, Jean-Marie Michel Mokoko, estime que le retrait des soldats tchadiens est vécu avec inquiétude par les musulmans qui voyaient un peu dans les Tchadiens, accusés de partialité en raison de leur proximité avec les ex-Séléka, "leurs protecteurs."
"Leur départ, notamment dans la région de Bossangoa, va être difficile pour les populations et nous nous attendons à ce qu’il y ait des départs", a-t-il dit.
(Marine Pennetier et John Irish, édité par Yves Clarisse)
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