CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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« …L’instabilité en Centrafrique n’est pas un évènement isolé ou qu’on pourrait étudier isolément… » dixit Tahéruka Shabazz leader du Parti du Renouveau Panafricain (PRP)

Panafricaniste dans l’âme et politiquement engagé, Tahéruka Shabazz président du Parti du Renouveau Panafricain (PRP), se donne pour ambition de changer positivement l’image de son pays, la Centrafrique secoué par des crises cycliques d’instabilité. Le tout auréolé par des violences interreligieuses meurtrières sous l’œil impuissant des dirigeants et la classe politique du pays. Au micro de notre rédaction, l’homme parle sans détours de toutes les questions liées à sa patrie et l’Afrique. Interviews !
 
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1. Tahéruka Shabazz, quelle lecture faites-vous de la situation qui prévaut actuellement dans votre pays, la Centrafrique ?

 

Tahéruka Shabazz: « Tout d’abord merci de me permettre de m’exprimer dans les colonnes de Guinée Plus, qui est un média d’une grande visibilité et dont la renommée n’est plus à démontrer. Vous m’interrogez sur la question de l’actualité de la Centrafrique à l’heure actuelle. Depuis mars 2013, la RCA est entrée dans l’œil du cyclone d’une turbulence politique encore jamais vue pour nous autres Centrafricains et d’une violence insoutenable. Depuis un an et demi la Centrafrique vit dans un climat permanent de guerre civile avec une population complètement prise en otage par des groupes constitués de rebelles, de miliciens et de criminels armés. Cela à cause des pertes de vies humaines innombrables et à jeter plus de la moitié de population centrafricaine à être déplacée soit à l’intérieur du pays, soit dans les pays voisins en tant que réfugiées. La situation sanitaire et humanitaire est désastreuse. Les services de sécurités sont sous-équipés et démembrés comme les forces de défense de l’armée centrafricaine et de la gendarmerie. Grâce au soutien des pays de la CEEAC [Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale] les autorités de transition avec à sa tête Madame Samba-Panza, cheffe de l’Etat et présidente de transition, essaie tant bien que mal de maintenir un semblant d’Etat pour mener au processus électoral et à l’instauration de la réconciliation nationale. Et je pense que la situation ne pourra s’améliorer uniquement que par l’impulsion donnée par les Centrafricains avant tout. Tout dépend de nous et non de la soit-disant communauté internationale qui possède un agenda différent du notre. Ce que n’a pas manqué de souligné avec justesse le Président tchadien Idris Déby Itno lors d’une dernière interview accordée à Afrique Media TV où il explique que les membres de cette soit-disant communauté internationale et plus précisément les autorités françaises « sont intervenus comme nous en RCA pour trouver des solutions avec des agendas. Je parlerai de Sangaris biensur, la France. Ce que je vous dit je l'ai dit au Président Hollande de la manière la plus amicale possible. Les deux agendas n'étaient pas peut être dans l'intérêt de la RCA. ».

 

2. En votre qualité de Président du Parti du Renouveau Panafricain (PRP), que vous inspire l’instabilité à la tête de la Centrafrique ?

 

Tahéruka Shabazz : « Avant d’être le président du Parti du Renouveau Panafricain (P.R.P.), je suis d’abord et avant tout un Africain, un Africain du 21ème siècle qui observe avec acuité le simulacre géopolitique qui se déroule sous nos yeux où l’Afrique semble jouer comme au 20ème siècle le rôle de dindon de la farce. Et c’est ce qui m’est tout simplement insupportable et inacceptable. L’instabilité en Centrafrique n’est pas un évènement isolé ou qu’on pourrait étudier isolément. Elle participe d’un schéma, et osons le mot d’une conspiration gigantesque que nos dirigeants soit ne voient pas –ce dont je doute- feignent de voir ou ont peur de dénoncer et combattre. John Edgar Hoover, le désaxé sexuel qui dirigea le Federal Bureau Invesgation (FBI) américain de 1924 à 1972, disait avec science que « l'individu est handicapé en se retrouvant face à face avec une conspiration si monstrueuse, qu'il ne peut croire qu'elle existe ». Ainsi, le commun des Africains et des Afrodescendants ne perçoit pas avec clarté cette « monstrueuse conspiration » à laquelle la Centrafrique n’échappe pas comme la grande majorité du continent africain et du monde noir en général. Pourtant les faits sont là. Prenez une carte de l’Afrique, repérer les lieux où figurent les plus grandes richesses minières, forestières, agricoles et de réserve d’eau. Ensuite prenez une carte où figurent les pays africains en guerre ou au bord de la guerre civile. Superposez ces deux cartes et vous verrez que là où se trouvent ces richesses vous avez soit des guerres soit la propagation de virus génétiquement modifiés comme l’Ebola. Les faits sont là. Dans ma formation de physicien, j’ai appris que le hasard n’existait pas. Car le hasard n’est rien d’autre que le nom que l’on donne à une loi dont on ne comprend ni les tenants ni les aboutissants. Voilà pourquoi de toutes nos forces nous invitons tous nos frères des milices Séléka et Anti-Balaka à déposer les armes, car ils n’ont aucune idée de ce qui se cache derrière eux. Ils ne soupçonnent pas une seule seconde les intérêts en jeu, les personnes qui sont dans l’ombre et qui les manipulent sans qu’ils ne s’en rendent compte. Cette instabilité en Centrafrique prendra fin quand des hommes et femmes avertis prendront les rennes du pouvoir, informeront les Centrafricains et prendront les dispositions nécessaires pour neutraliser les ennemis des Africains en général et des Centrafricains en particulier ».

 

3. Cette situation exprime-t-elle l’échec de la classe politique centrafricaine ?

 

Tahéruka Shabazz : « On ne peut pas faire de la politique sans courage. Or en l’état, il faut que quelqu’un ait le courage d’analyser au spectroscope politique le bilan de la classe politique centrafricaine. Et à ce sujet, le PRP est complètement en accord avec la population centrafricaine qui dans son écrasante majorité impute la responsabilité de la situation du pays à l’inconséquence, l’incompétence et l’anti-patriotisme du personnel politique centrafricain des trente dernières années. Quel que soit le domaine que vous prendrez (éducation, santé, économie, culture, défense, diplomatie, industrie, administration, etc.) les curseurs sont tous dans le rouge. Bien avant l’arrivée de Michel Djotodia et de ses troupes au Palais de la Renaissance [présidence centrafricaine] le pays était déjà failli. Mais comme on dit « c’est le dernier coup de hache qui tombé l’arbre » et du coup on a alors tendance à ne retenir que le passage des derniers locataires de la présidence. Mais le ver était dans la mangue depuis longtemps. Le code génétique de la classe politique est vérolé. Le logiciel politique en Centrafrique plein de virus doit être changé au risque de voir disparaitre la nation centrafricaine. C’est une question de vie ou de mort. Aussi devenons changer aussi bien le contenu que le contenant. Il s’agit de renouveler la pensée politique et la classe politique centrafricaine de fond en comble. Ces hommes et femmes périmés doivent laisser la place. Et nous comptons bien sur nos aînés toujours restés fidèles aux idéaux de la Nation centrafricaine pour nous épauler à reconstruire ce pays en miettes ».

 

4. Que proposez-vous pour inverser la tendance ?

 

Tahéruka Shabazz : « Nous proposons notre pensée, notre vision, notre idéologie : le géo-panafricanisme d’expansion. Un projet de société destinal établi de façon endogène, dynamique et efficiente.

 

5. Vous voulez briguer la magistrature suprême de votre pays, dites-nous pourquoi les centrafricains doivent vous faire confiance ?

 

Tahéruka Shabazz : « Vous savez le leadership ne s’improvise pas. Regardez notre Histoire en Afrique, depuis les cinquante mille dernières années jusqu’à la perte de notre souveraineté. Les parvenus, les aventuriers étaient exclus du pouvoir. Ils l’étaient non seulement à cause de leur incompétence congénitale mais aussi et surtout à cause de leur absence de mémoire, de leur méconnaissance des choses du passé, de l’Histoire. Si aujourd’hui l’Empire anglo-hollandais domine le monde, c’est entre autres parce qu’il a une longue mémoire et a fait en sorte que ses concurrents, à commencer par la France, perdent la mémoire en décapitant leur bibliothèque politique vivante à savoir leur roi et sa famille. Dans le même temps, cet Empire anglo-hollandais transmettait de génération, de père en fils, les secrets, les enseignements pour toujours avoir un train d’avance sur les nouveaux Etats qui se créaient et qui étaient démunis face à ce monument de mémoire. Quand le Prince Charles montera sur le trône du Royaume Uni à la place de sa mère la Reine Elisabeth II, il aura été préparé des années durant et se présentera comme l’héritier de toutes les techniques de déstabilisation d’un pays, de tous les coups fourrés, des relations que ses ancêtres auront patiemment accumulés et mis à sa disposition et qu’il se devra de transmettre à son tour à son fils le Prince William, Duc de Cambridge. Ce n’est pas seulement son sang ou sa formation académique qui font de lui le digne héritier de la couronne britannique. C’est l’assimilation de tout ce que je viens de dire. Or pour ma part, j’ai été préparé depuis mon enfance au leadership. Non pas seulement parce que ma famille descend de la royauté traditionnelle complètement détruite par les colons français comme d’autres familles royales en Centrafrique. Mais parce que depuis mon initiation dans les bois sacrés de Kaga Bandoro, par mes maîtres dont mon oncle Amy assassiné par des barbares ivres de haine (paix à son âme), jusqu’à aujourd’hui tout ce que j’ai fait était dans le sens de me préparer à assumer mes responsabilités. Que ce soit mon expérience militaire, ma société d’agro-alimentaire, ma formation universitaire et didactique, mes livres, mes conférences, mes activités caritatives, ma famille, mes relations diplomatiques etc. Tout concourt à cela, même s’il est évident je n’ai pas besoin du pouvoir pour vivre. Puisque tout ce que j’ai accompli était loin des arcanes du pouvoir politique. Néanmoins, j’ai une obligation morale envers ma Nation, car j’y suis attaché plus fermement que les doigts à la main. D’où ma pleine disponibilité pour les Centrafricains. De plus, je m’inscris dans les pas de mon maître spirituel l’Honorable Ministre Louis Farrakhan qui lui-même était le fils spirituel du Très Honorable Elijah Muhammad à qui le Monde doit des hommes comme Malcolm X, Muhammad Ali, Khalid Abdul Muhammad et en général ce qu’on a appelé aux USA le « Nationalisme Noir ». C’est dans la lignée de ces hommes illustres que je souhaite inscrire mon magistère ; des hommes qui ont très clairement démontré leur incroyable capacité à relever leur peuple ».

 

6. Que faites-vous présentement pour y arriver ?

 

Tahéruka Shabazz : « La seule chose acceptable en ces temps de crise : se mettre au service du peuple, de la Nation, de la population centrafricaine dans toutes ses composantes, dans toute sa diversité, dans toutes ses richesses. Très tôt le PRP a pris contact avec les autorités de transition pour apporter sa pierre à l’édifice sans rien demander en retour afin de proposer des solutions de sortie de crise que nous avons transmises au ministère de la réconciliation nationale qui nous a assurer que nos propositions ont été étudié en hauts lieux. Nous avons également profité de notre tournée africaine pour nouer des liens des contacts avec des panafricains soucieux de la stabilité du continent et émus par la situation des Centrafricains. Cela nous a permis de lancer des opérations humanitaires comme l’envoi dans les hôpitaux de Bangui de médicaments de première nécessité. Nous avons aussi eu le soutien de Sa Majesté Impériale An-Anu : El-Bey, héritier de la maison royale des Maures qui nous a envoyé des stocks de semences et des purificateurs d’eau pour les populations centrafricaines. Et d’autres activités sont en préparation. Je les mettrai en place une fois ma tournée africaine terminée. C’est sur le terrain que l’on juge de la crédibilité d’un homme politique. Et ce dont je vous parle, je l’ai déjà fait au Sénégal dans le village de Nguérane en plein pays sérère où les populations locales m’ont décerné en présence du ministre sénégalais de l’aménagement du territoire, Me Oumar Youm, un diplôme pour mon investissement social et économique dans ce village. La création d’emplois est pour moi un impératif catégorique. Et pour cela nul besoin d’attendre d’occuper la fonction de Président pour le faire. Pour ma part, ça a déjà commencé. Les Centrafricains peuvent juger sur pièce ».

 

7. Vous êtes attachés au panafricanisme, sous quel angle l’exprimez-vous ? Des précurseurs de cette idéologie ? D’une nouvelle vision pour l’Afrique ?

 

Tahéruka Shabazz : « En effet, le panafricanisme est la voie politique que j’ai hérité de mes devanciers que ce soit Henry Sylvester Williams, Marcus Mosiah Garvey, Cheikh Anta Diop, Mouammar al-Gaddhafi et bien d’autres encore. Et comme l’exige la tradition, je me dois de conserver ce que je reçois en héritage et de l’enrichir à mon tour. C’est ce que je fais en actualisant ce courant politique avec le géo-panafricanisme d’expansion -que j’ai développé dans mes ouvrages et articles- qui se veut plus dense, plus nourris, plus en adéquation avec nos préoccupations du 21ème siècle. Aussi, soucieux de l’avenir de l’Afrique, nous avons adjoint au corpus panafricain déjà existant une doctrine sociale et une doctrine économique endogènes et ambitieuses ».

 

8. Votre mot de la fin

Tahéruka Shabazz : « S’il est vrai la RCA traverse une situation chaotique, je n’oublie que d’autres pays africains doivent faire face à un autre poison lancé pour décimer les nôtres et nos économies aussi efficacement qu’une guerre civile ; je pense notamment à tous ces pays d’Afrique de l’ouest touchés par le virus génétiquement modifié d’Ebola qui fait des ravages au Libéria, au Nigéria et en Guinée. Bien sûr je prie pour toutes ces victimes innocentes, et ces courageux personnels sanitaires de ces pays mais je prie également pour que Dieu donne la force à nos dirigeants, à nos populations pour relever ce défi mortel auquel nous sommes tous soumis. Je crois en l’Afrique, aux Africains, aux Afro descendants et en notre capacité de résilience. Vive l’Afrique, vive la femme africaine, vive la jeunesse africaine ».

 

 

Guineeplus.net

 



22/09/2014
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