CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Mathias Morouba : "Les Français doivent passer à l'acte en Centrafrique"

 

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Président de l'Observatoire des Droits de l'homme en Centrafrique, cet avocat que nous avons joint par téléphone à Bangui témoigne de la tension qui règne dans la capitale centrafricaine alors que les soldats français commencent à arriver dans le pays. 

Quelle atmosphère règne-t-il à Bangui ? 

Très morose. Je rentre tout juste de l'enterrement de Modeste Bria, un grand magistrat qui était le directeur général des services judiciaires. C'était un grand ami, un sage. Il a été assassiné samedi dernier par des membres de l'ex Séléka. Il y a beaucoup d’enlèvements et d'assassinats voire de menaces de mort à Bangui, Beaucoup de rumeurs aussi sur l'intervention de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique qui se prépare. Les gens ont très peur, d'autant qu’il y a eu des affrontements à 75 km d'ici dans la localité de Damara entre les ex-Séléka et les anti-balakas, les groupes de villageois qui ont pris les armes. Les combats ont fait plus de quinze mort dans les rangs des ex-Séléka. Pour les anti-balakas, nous n’en savons rien. Il y a eu beaucoup de blessés. 

La Centrafrique est-elle dans une situation pré-génocidaire ? 

Il y a aujourd'hui deux camps qui se font face : les membres de l'ex-Séléka qui s'en prennent aux chrétiens et les anti-balakas, des jeunes gens dont la plupart sont des chrétiens qui, eux, s'en prennent aux musulmans. Mais en terme d'atrocités, les membres de l'ex-Séléka ont pris de l'avance sur les autres. Tout cela est incompréhensible : ils ont le pouvoir, disposent des ressources puisqu’ils contrôlent aujourd’hui la quasi-totalité des zones minières, mais ils s'en prennent à la population. Pourquoi ? 

Est-on désormais en présence de chefs de guerre qui se partagent le pays ? 

Oui, c'est exactement cela. D'ailleurs il y a des rivalités parmi eux ; ces groupes se font même parfois la guerre pour ravir les butins, les mines de diamants ou d'or qu'ils contrôlent. La population civile est pour eux comme un butin de guerre. Certains de ces chefs de guerre contrôlent des parties du territoire ; on trouve parmi eux des enfants qui sont enrôlés. Il en est de même pour les anti-balakas. 

La France doit-elle intervenir ? 

Il le faut. Nous comptons énormément sur l'intervention de l'armée française. On voit déjà quelques tanks français dans les rues de Bangui. Les Français doivent passer à l'acte le plus rapidement possible. Il faut sécuriser le territoire. Ces gens ne comprennent que le langage de la force.

 
 

 

PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE GUION 

 


 



05/12/2013
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