CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Peut-on concevoir une paix durable sans le DDR ?

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La crise centrafricaine baisse peu à peu d’intensité. Les esprits semblent se calmer, même si de temps en temps, il y a des malfrats qui s’adonnent encore à leur sport préféré. Il ne reste qu’un problème d’effectif des FACA pour arrêter ces bandits de grand chemin. Malheureusement ce calme précaire fut-il, n’est jamais mis à profit pour consolider la paix. Personne, ni de la Communauté internationale, ni de l’Exécutif ne bouge le petit doigt. Le programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) n’est plus à l’ordre du jour. Aucune proposition n’est faite par les dirigeants, encore moins en direction des belligérants (Anti-Balaka et Séléka). Aucun schéma de sortie de crise n’est en vue. Peut-on concevoir la sécurité, la paix et la stabilité sans un programme ? Catherine Samba-Panza attend-elle tout de l’extérieur, de Rome, de Paris ou encore de Brazzaville ?

Dès lors que les chefs rebelles, Bozizé et Djotodia s’alignent sur la transition malgré eux, c’est pour que les troupes déposent les armes. En contrepartie, il faut leur trouver une occupation à travers la réinsertion. Tout le monde est spectateur. C’est fini, c’est la Bamboula. Il faut au moins procéder au recensement des combattants et leur faire des propositions de sortie de crise, englobant leur avenir et leur devenir après le désarmement.

Catherine Samba-Panza est dans sa tour d’ivoire, pendant que le gouvernement ne sait que faire. Or, l’ANE s’agite, mais en face, l’insécurité, le sous-financement, 5% seulement. Le gouvernement semble avoir perdu toute crédibilité devant les partenaires au développement et ne se préoccupe que des affaires courantes. C’est ce qui nous fait dire que la troisième transition serait la bienvenue pour propulser la RCA hors du gouffre. C’est alors que la RCA peut organiser des élections crédibles, transparentes et propres. Il faut dès à présent aller à la rencontre des belligérants pour un pré-dialogue constructif. Le dialogue dont tout le monde se gargarise, risque de passer à côté de la plaque, avec des conséquences aussi désastreuses. Les Nations-Unies ne tiennent pas un langage clair vis-à-vis des belligérants, car elles disent qu’il n’y a pas de DDR, mais il y a quoi ? L’Exécutif est embourbé, il faut toujours que les autres réfléchissent à sa place, proposent à sa place et exécutent à sa place.

Nairobi bis a fait bouger les lignes, en retour, l’Etat centrafricain doit saisir la balle au bond pour agir. Malheureusement, c’est l’immobilisme et un silence inquiétant qui s’installent. Le dialogue ne sera pas une baguette magique pour tout changer par enchantement. Des contacts dans les couloirs peuvent aussi arranger beaucoup de choses. Qui faut-il accuser si la crise rebondit ? Le leadership national fait cruellement défaut, et la RCA tourne en rond, sans option précise. Que faire de ces milliers de combattants Anti-Balaka, Séléka, et les populations déplacées tant internes qu’externes ? Des gens abandonnés à leur triste sort par les dirigeants de leur pays. Dieu merci, les ONG internationales humanitaires font ce qu’elles peuvent pour préserver la dignité humaine. Les Centrafricains ont les dirigeants qu’ils méritent, car jamais ils n’ont pu tirer les leçons de l’histoire. L’ignorance est véritablement pire que la mort.

Le président Denis Sassou-Nguesso, médiateur dans la crise centrafricaine, s’est réjoui des conclusions de Nairobi bis, mais en Centrafrique, c’est un calme plat. Les seigneurs de guerre ont eu le courage de transcender leurs clivages. Bozizé et Djotodia, dans un même hôtel pendant plusieurs mois, alors qu’à Bangui, un régime de transition n’arrive pas à redresser la barre, à rassembler les filles et fils du pays, à voler au secours des déplacés. La Vakaga sera la dernière préfecture pour les consultations à la base. Selon la Minusca, la Vakaga n’aura que trois (3) heures pour toute la préfecture de s’exprimer. Certains experts, dit-on, sont des œufs à préserver et ne peuvent pas passer la nuit dans la Vakaga. Sabotage, escamotage, négligence, nous ne savons quoi dire. Or, le Tsunami qui a ravagé le pays est parti de la préfecture de la Vakaga. La population doit ouvrir son cœur pour dire ce qui la préoccupe. Pourquoi la Minusca n’a pas posé de conditions pour les autres délégations ? La Minusca accompagne ou la Minusca impose sa propre volonté, ses caprices. C’est normal puisque les autorités ne sont pas à la hauteur de la transition et chaque camp fait ce qu’il veut, décide selon son bon vouloir, agit selon ses humeurs. La population de Vakaga a droit à un temps normal de consultation car c’est le foyer d’où est partie la contestation. Un peu d’égard pour les populations rurales qui en ont déjà vu de toutes les couleurs. La Minusca ne peut devenir un souci, un blocage, un obstacle dans le processus de la Consultation Populaire à la Base, même si c’est du vernissage. Il faut faire avec si cela peut faire bouger positivement les lignes.

La Minusca accompagne la RCA pour une sortie de crise. Si les dirigeants n’ont rien à dire ni à faire, la Minusca doit se substituer à eux pour rassurer les belligérants et leur donner des orientations quant à leur avenir. C’est un passage obligé pour la consolidation de la sécurité et de la paix, gage d’une stabilité durable. Les prolongations muettes auxquelles nous assistons sont de nature à inquiéter la population. Les déplacés ne voyant aucune garantie sérieuse seront réticentes quant à leur retour au bercail. La paix n’a vraiment pas de prix.

 

 

Julien BELA



07/03/2015
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