CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Sécuriser l'Afrique sans être son gendarme

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Vendredi à l'Elysée, François Hollande avec le Premier ministre de la République centrafricaine, Nicolas Tiangaye. (Bernard Bisson/JDD)

 

Le président de la République française a conclu samedi le sommet France-Afrique en précisant la mission des forces françaises en Centrafrique.

Promis juré, l'intervention française ne relève en rien de la si décriée "Françafrique". La preuve en est, dit-on au ministère de la Défense, qu'en mars dernier la France a refusé d'entendre l'appel au secours du président Bozizé : "Nous n'avons pas à intervenir pour sauver un régime." Et si Paris a déployé l'intégralité des 1.600 soldats dont elle a annoncé l'envoi en Centrafrique, c'est pour accomplir une mission prioritaire qu'a rappelée François Hollande samedi : "Désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations", afin de "permettre le moment venu des élections libres et pluralistes". L'intervention française sera "rapide, efficace" a ajouté le chef de l'État. Chercheur à l'Iris*, Jean-Pierre Maulny confirme la distinction entre cette intervention et celles qui, par le passé, pouvaient relever de la Françafrique : "C'est contrainte et forcée que la France intervient cette fois-ci. Elle y est obligée."

Un diplomate tient à préciser que le sommet qui vient de s'achever à Paris n'a "rien à voir avec celui de La Baule en 1990. À l'époque, les Africains venaient écouter la voix de la sagesse en France et repartaient avec l'ordre d'appliquer ces principes. En 2013, nous sommes dans la concertation. Les Africains sont devenus des acteurs à part entière, ils ne sont plus passifs." Au ministère des Affaires étrangères, on convient tout de même que l'agenda - le déclenchement de l'opération en plein sommet franco-africain - "n'est pas idéal. Envoyer des troupes au moment où l'on insiste sur l'idée que c'est aux Africains d'assurer leur sécurité… Mais il a fallu prendre ses responsabilités".

Demande de "mobilisation" financière

Un participant à la session consacrée au thème paix et sécurité dit avoir été frappé par l'approbation des chefs d'État africains sur la nécessité de cette intervention de la France. "Puisqu'ils ne sont pas encore capables de le faire eux-mêmes…"

Car demeure le manque, cruel, de moyens. La vieille idée d'une "force panafricaine d'intervention rapide" a pourtant ressurgi ce week-end à Paris. Les chefs d'État ont appelé samedi à une "large mobilisation internationale" pour la financer, Paris s'engageant à soutenir sa mise sur pied d'ici à 2015. "Elle monte en puissance", assure-t-on au Quai d'Orsay. "Mais le problème n'est ni la volonté politique ni les effectifs, mais les capacités logistiques et la formation des troupes." D'où la proposition de François Hollande d'aider à former 20.000 soldats africains par an. 

"Passer de l'assistance au partenariat" 

Au ministère de la Défense, on ajoute que Paris est prêt à doter cette future force d'équipements de transmission et de renseignement : "Nous voulons passer de l'assistance au partenariat." Avec toutefois deux idées derrière la tête : maintenir les effectifs français sur le continent (plus de 8.000 hommes) et passer à une présence plus discrète. D'abord axée sur le renseignement et la lutte antiterroriste pour les troupes au Tchad, au Mali, au Burkina et au Niger, puis avec la présence de deux drones Reaper qui devraient être très prochainement basés au Sahel en permanence.

* Institut de relations internationales et stratégiques.

 

Alexandre Duyck - Le Journal du Dimanche



08/12/2013
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