CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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UN MAGISTRAT GANGSTERE A LA TÊTE D’UNE ORGANISATION CRIMINELLE VEUT LIQUIDER SON CLIENT POUR RECUPERER UN VEHICULE DE L’ETAT QU’IL A VENDU

 

Dire que le territoire de la RCA est devenue un 'war game' géant où s'affrontent des voyous armés de tout calibre n'est plus un secret pour personne. Mais voir un representant de l'Etat, un magistrat se livrer à un acte de gangstérisme augure que la RCA est devenue un no man's land où le plus fort en biskoto impose sa loi.C'est donc ce qu'à subit Achille Kolongo un paisible citoyen centrafricain.

 

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L’Harmattan : Kolongo Achille, Bonjour


Kolongo Achille : Bonjour


L’Harmattan : Pouvez-vous nous expliquer ce qui est arrivé dans votre famille il y 48h ? Pourquoi il y a eu cette agression sur vous et sur vos proches ? Quelle est l’origine du problème, comment cela était parti et qui était l’auteur ?

 

Kolongo Achille : Monsieur le Journaliste, je vous remercie pour cette occasion que vous m’offrez. Je m’appelle Achille Kolongo, je suis opérateur économique. Il y a de cela 48h, j’étais vraiment malade. A ma grande surprise, ma grande sœur Christine BABO est arrivée à la maison, pour dire qu’elle venait de la part de Monsieur FEIGANAZOUI Salomon qui est magistrat au Conseil d’Etat au Tribunal de Grande Instance de Bangui.
Entre moi et ce magistrat, Monsieur FEIGANAZOUI Salomon, il y a eu une affaire de véhicule. Il m’avait vendu un pick-up double cabine de marque coréenne, pour une valeur de huit millions (8.000.000) de FCFA. Et lorsqu’il m’a remis le pick-up, il y a une petite panne. J’ai donc eu à y faire des réparations, afin de remédier à cette panne, pour une valeur de huit cents mille (800.000)FCFA et ceci, en accord avec Monsieur FEIGANAZOUI. Après qu’on a eu à réparer ce véhicule, ce Monsieur a commencé à me harceler pour lui verser les huit millions (8.000.000). Je lui ai fait comprendre que je n’avais pas les moyens sur moi, mais que j’allais me débrouiller pour les lui payer.
Un jour, Monsieur FEIGANAZOUI est arrivé chez moi pour demander la voiture, en me disant qu’il avait perdu un de ses parents dont il voulait faire l’enterrement, et qu’ après les obsèques, il allait me ramener le véhicule. Je lui ai remis le pick-up. Depuis ce jour, il est parti pour toujours. S’étant rendu compte que le véhicule ne revenait pas, un jour, mon épouse m’a posé la question de savoir ce que cela pouvait bien signifier. Alors, je lui ai répondu, que Monsieur FEIGANAZOUI est un grand magistrat et m’a demandé un service. Et qu’étant donné qu’on n’a pas encore payé le véhicule, je préférais qu’on lui rende service et que dès qu’il aura terminé ses courses, il allait nous ramener le véhicule. Douteuse, mon épouse a décidé d’aller le voir mais je lui ai dit de laisser faire.
Un jour, je suis allé le voir pour cette affaire. C’est là qu’il va déclarer ceci : « je préfère vous rembourser ». Là-dessus, je lui ai répondu que, puisqu’il en avait décidé ainsi, il n’y avait pas de problème. Par contre, j’ai exigé qu’il faille tout faire par écrit. Il a donc signé un engagement pour nous rembourser les huit cent (800.000)FCFA. Mais depuis ce jour, jusqu’à aujourd’hui, il n’a fait que nous tourner en rond et n’arrive pas à nous rembourser les huit cents mille (800.000)FCFA.

Le vendredi 29 août 2014, Monsieur FEIGANAZOUI a envoyé un émissaire, pour me dire de lui envoyer quelqu’un à qui il attendait remettre l’argent qu’il nous doit. C’est ainsi que mon épouse a préféré appelé ma grande sœur Babo qu’elle a envoyée chez le magistrat. Mais curieusement, ce dernier s’est mis à tergiverser, en racontant des histoires incompréhensibles. Par exemple, il va déclarer que moi, j’aurai vendu le véhicule deux fois, à deux (2) musulmans, et que j’aurai remplacé le moteur. Etonnée, ma grande sœur lui a lancé à la figure : « tu ne m’as pas appelée pour venir prendre l’argent du pick-up ? Mais comment se fait-il que tu te mettes à parler de cette manière? Si tel est le cas, alors, moi, je repars vers monsieur Achille et sa femme pour les informer ».
Quand la dame est rentrée, elle nous a rapporté les propos du magistrat. J’étais toujours souffrant d’hypertension. Mais nous avons quand même pris le temps de suivre le récit de la rencontre de notre sœur, concernant l’attitude de Monsieur FEIGANAZOUI. Elle a donc expliqué les détails à ma femme qui me les a rapportés. Sur le champ, j’ai décidé, quoique malade, d’aller voir ce Monsieur en face chez lui à Gobongo. Je précise que, entre temps, ce Monsieur s’est arrangé dans la matinée avec un groupe d’Anti-Balakas, dirigés par un certain Monsieur Hardi qui est connu par tout le monde au quartier Gobongo. C’est ce bonhomme nommé Hardi qui a récemment tué un soldat congolais de la Misca au niveau du marché de Gobongo. Ils se sont donc arrangés le matin et ont déposé des grenades et des armes dans la maison de ce magistrat pour nous attendre. Mais le bon Dieu a fait que nous nous sommes présentés sur les lieux avant eux.
Lorsqu’on est arrivé au domicile de Monsieur FEIGANAZOUI, celui-ci était dans son salon. Ensuite, il est sorti avec un petit fauteuil sur lequel il s’est assis. Après l’avoir salué, je lui ai déclaré ceci : « Grand frère, pourquoi à chaque fois, tu me qualifies de voleur ? Qu’est ce que j’ai volé chez toi et que t’ai-je fait de mal ? Dis-moi à peu près aujourd’hui exactement ce que je t’ai fait de mal, car il faut qu’on mette un terme à cette confusion ». Il va me répondre, en me disant qu’il a appris que j’ai trafiqué le moteur du véhicule. Je lui ai répondu que le numéro du moteur est sur l’ancienne carte grise et qu’on peut le vérifier. Je lui ai demandé de faire venir le mécanicien qui lui a parlé de trafic du moteur, pour qu’il démontre que moi, j’ai remplacé le moteur. Sur cette demande, Monsieur FEIGANAZOUI a acquiescé. Il a pris l’engagement d’appeler son mécanicien. 

 

Mais entre temps, j’ai téléphoné aux jeunes qui ont travaillé pour réparer ce véhicule quand il était encore chez moi. Ils ont répondu, qu’ils n’ont fait que des réparations et rien d’autre. J’ai mis l’appareil en main libre pour que Monsieur FEIGANAZOUI suive la conversation. A son tour, le magistrat a pris son téléphone et s’est mis à parler à quelqu’un en ces termes : « Allo! Tu es où ? Les gens sont arrivés chez moi manu militari ». Immédiatement, j’ai compris qu’il y a quelque chose qui n’allait pas. Et, deux minutes après, il a demandé à mon beau frère qui m’avait accompagné de le suivre. Je n’y comprenais rien. Ma femme inquiète s’est opposée. Mais je lui ai dit de le laisser aller. Quand le magistrat s’est levé, je me suis aussi levé, et quand nous l’avons rejoint, il nous a montré une vieille Hilux criblée de balles. Du coup, je lui ai déclaré :« grand-frère, à quel jeu sommes-nous en train de jouer ? Nous ne sommes pas des enfants. Tu nous a montré ta vieille voiture criblée de balles. Pourquoi ? Tu veux nous tuer ? » Cela m’est venu au hasard, et je le lui ai dit.
Quand on est retourné sous la véranda, en un clin d’œil, quatre (4) Balakas sont arrivés. Ils ont ouvert en fracas le portail. Ils étaient tous armés. Parmi eux, il y avait le fameux Monsieur Hardi. Le magistrat lui cède sa place. Il a donné du respect à ce personnage en lui cédant sa place et j’ai compris …. Et là, le fameux anti-Balaka s’est mis à parler de manière provocante : « Toi là, qui es tu ? Votre régime est parti ». Alors, je lui ai répondu en lui posant la question suivante : « de quel régime parles-tu ? Et toi aussi, qui es-tu ? Moi, je suis venu chez mon grand frère pour voir un problème de véhicule ». Ma femme a renchéri en lui parlant disant : « mon fils, pourquoi parles-tu de cette manière ? Nous sommes venus chez notre parent, pour régler un problème. » C’est à ce moment que l’anti-Balaka va monter sur ses quatre chevaux : « Allez ! Ferme ta bouche ». Il a pris son pistolet automatique. Lorsqu’il a sorti l’arme, énervé, je m’étais aussitôt levé. A ce moment, le magistrat, a fait un jeu. Il s’est placé devant l’Anti Balaka en écartant les jambes pour que le Balaka puisse tirer entre ses jambes pour atteindre mon épouse qui était assise derrière lui. Mais, apparemment, l’anti-Balaka n’a pas compris. Mais moi, j’avais saisi le sens de la posture de Monsieur FEIGANAZOUI. Je suis venu me placer devant lui en lui demandant ce qu’il voulait faire. Je l’ai poussé contre l’anti Balaka qui ne pouvait plus faire usage de son arme. Par contre, l’autre Anti Balaka qui était soi-disant l’aide de camp de Hardi a entre temps armé une kalachnikov et en avait déjà descendu le sélecteur. Monsieur HARDI a alors reculé. Ayant fait quelques pas, il est parti récupérer la kalachnikov des mains de son aide camp. Ne pouvant pas tirer sur ma femme car j’étais an face de son chef, il m’a tiré à bout portant, six (6) balles. Mais je suis avancé vers lui et son arme, pour le saisir. Ses tirs ne m’ont pas atteint. Par contre, ma grande sœur qui était assise à côte de moi, prise de panique s’est levée et a voulu s’éloigner. Je précise que la dame que j’appelle grande sœur est la demi-sœur de Monsieur FEIGANAZOUI. C’est elle qui a reçu trois (3) balles dans sa jambe. Quant à ma femme, je l’ai poussée dans la maison du magistrat. Elle est partie se cacher tout à fait par hasard dans un placard. J’avoue que je n’y ai rien compris, parce que je n’ai pas de problème avec ce Monsieur.

 

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L’Harmattan : Vous confirmez l’identité de ce Magistrat ?


Kolongo Achile. Oui, il s’appelle FEIGANAZOUI Salomon, il est en fonction au Conseil d’Etat.


L’Harmattan : Parlons du véhicule qui est au centre de cette affaire. Vous en a-t-il donné la source ?


Kolongo Achile : quand il est venu vers moi, il m’a dit que c’était son véhicule de fonction, à lui remis par le Président Bozizé, que ce n’était pas un véhicule appartenant à l’Etat. Que c’était pour lui, un bien personnel.


L’Harmattan : outre la grande sœur qui a reçu les balles, quelle était la réaction des voisins après les coups de feu dans la concession de Monsieur FEIGANAZOUI ?


Kolongo Achille : Dans la panique, j’ai appelé ma femme qui m’a dit qu’elle était déjà en route avec la grande sœur blessée pour l’hôpital . Lorsque je les ai rattrapées à l’hôpital, ma femme a interpellé les Sangaris et un colonel de la gendarmerie qui sont arrivés sur les lieux pour récupérer notre voiture, celle à bord de laquelle nous nous sommes rendus chez FEIGANAZOUI. Curieusement, arrivés au domicile du magistrat, ils sont tombés sur le groupe des anti-Balakas et les enfants de FEIGANAZOUI, qui étaient en train de démonter les roues et d’autres pièces de notre véhicule. Bizarre ! Pourtant, c’est Monsieur FEIGANAZOUI qui a appelé mon beau frère pour aller récupérer notre voiture. Et voilà que c’est en sa présence que les balaka emportent les pièces de ce même véhicule. Quand mon beau-frère est arrivé, il a été agressé par les Balakas qui se sont mis à lui tirer dessus. En tout, une vingtaine de balles. Il s’en est sorti par pur miracle.


L’Harmattan : Quelle a été la réaction du quartier ?


Kolongo Achile : Les gens ont commenté l’évènement, en affirmant que ce magistrat a des comportements douteux vis-à-vis de ses voisins. Même sans nous, vous pouvez aller mener vos investigations au quartier Gobongo et vous en saurez davantage.


L’Harmattan : A votre avis, est-ce que ce Monsieur a des relations avec les Balakas ?


Kolongo Achile : Il a des liens étroits avec les Anti- Balakas, vu ce qui s’est passé avant-hier. Je vous le confirme. Car c’est lui qui a pris son portable en tant que magistrat, pour appeler les Balakas pour venir nous tuer, afin d’effacer les traces de ce véhicule. Il ne veut pas nous rembourser notre argent et il ne veut pas nous rendre le véhicule, c’est clair.


L’Harmattan : qu’entendez-vous faire après ce qui est arrivé ?
Kolongo Achile : A partir de cet événement ? Nul n’est au dessus de la loi, Sauf si la loi centrafricaine est à part. Puisqu’il est magistrat, comme il le disait lui-même, il serait au dessus de la loi. Mais moi, je vais le poursuivre pour ce qu’il m’a fait. Si par hasard, il n’y a pas de loi en Centrafrique, alors, je vais faire la mienne. Je vais laisser l’affaire à la portée de la loi. Mais si le droit n’est pas dit, alors, je vais régler cette affaire à mon niveau.


L’Harmattan : Je vous remercie monsieur Achile.

 

Kolongo Achile . Je vous remercie Monsieur le Journaliste.

 



02/09/2014
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