CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Centrafrique : accord et divisions à Nairobi

Un accord de cessez-le-feu a été signé mercredi à Nairobi, sans François Bozizé et Michel Djotodia, sur fond de divisions internes des anti-Balaka et des ex-Séléka. Au forceps et sous pression kényane, l'accord de Nairobi entre les belligérants centrafricains a finalement été signé dans la précipitation ce mercredi.

 

 

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Au forceps et sous pression kényane, l’accord de Nairobi entre les belligérants centrafricains a finalement été signé dans la précipitation ce mercredi. Un accord de cessez-le-feu a donc été ratifié entre anti-Balaka et ex-Séléka, les deux principaux groupes armés en conflit en Centrafrique. Pourtant, cet accord n’apporte rien de neuf dans la résolution de la crise centrafricaine. Contrairement à une première version qui avait jeté le trouble, en demandant l’amnistie générale et l’ouverture d’une troisième transition, l’accord signé mercredi se borne à rappeler l’engagement des belligérants pour une cessation des hostilités et un reconnaissance des autorités de transition actuelles. Des dispositions qui avaient déjà été signées à Brazzaville en juillet 2014 mais jamais respectées. Il faut dire que l’initiative hasardeuse de Nairobi du président congolais Sassou Nguesso avait été peu appréciée par la communauté internationale et les autorités centrafricaines. Bangui ne souhaitait pas voir réapparaître de sitôt les deux anciens présidents Bozizé et Djotodia et craignait que les discussions de Nairobi ne parasitent leur propre Forum de paix, fixé au 27 avril. Mais depuis février, et la signature de la seconde version de l’accord, sa signature a été plusieurs fois repoussée. En cause, les hésitations de l’initiateur de Nairobi : Denis Sassou Nguesso, qui prenait la mesure de la contestation internationale – voir notre article.

 

En catimini, sans Bozizé et Djotodia

Après deux mois d’atermoiement, la médiation kényane, seule aux commandes, a décidé de forcer le destin. C’est mardi 8 avril, en fin de soirée, que les Kényans précipitent les événements. Sans prévenir le président Sassou Nguesso, Uhuru Kenyatta convoque les signataires pour le mercredi matin. Fini la grande signature avec tambours et trompettes, en présence des chefs d’Etat de la région, comme cela était prévu par Sassou et Kenyatta, la signature se déroule à huis clos, dans un hôtel de Nairobi. Mais si Joachim Kokaté paraphe bien le document au nom des anti-Balaka, Michel Djotodia laisse Nourredine Adam engager les ex-Séléka et François Bozizé, encore à Kampala, est absent de la signature. L’ancien président Bozizé, n’a pas n’ont plus été informé de la signature précipité de l’accord, mais il pourrait cependant rejoindre rapidement Nairobi pour signer le document. Depuis la signature, le président congolais semble s’être réveillé et il tente maintenant de convaincre Michel Djotodia d’apposer sa signature sur l’accord.

 

Divisions en cascades

 

Que vaut donc cet accord, au contenu minimal et sans avancées majeures sur le conflit en cours en Centrafrique ? « C’est une signature pour rien », répond-on à Bangui dans l’entourage de la présidente Samba-Panza. « On a perdu beaucoup de temps pour rien et cela n’aura aucune conséquence sur le Forum de Bangui » veut-on croire. Il faut dire qu’au-delà de cet accord, les deux principaux groupes armés : Séléka et anti-Balaka sont en pleine division interne. Côté Balaka, les dissensions entre Edouard Ngaissona, et Joachim Kokaté (présent à Nairobi) éclatent désormais en plein jour. Ngaissona, coordonnateur national des anti-Balaka, qui a fondé son propre parti, le PCUD, affirme ne pas avoir mandaté Kokaté pour négocier à Nairobi. Le second reproche à Ngaissona la création de son parti et ses « ambitions présidentielles ». Le mouvement anti-Balaka pourrait bien se présenter divisés à Bangui le 27 avril prochain.

 

Djotodia perd le contrôle

L’ancien président Michel Djotodia est-il encore le leader incontesté des ex-Séléka ? Pas si sûr. Allié à Nourredine Adam, l’ex-homme fort de la Séléka, Michel Djotodia tient une ligne politique que les autres membres du mouvement peinent à suivre. L’ancien président Djotodia plaide pour ce qu’il appelle « des réparations ». En clair, il demande son retour aux affaires, à la tête d’une nouvelle transition, afin d’organiser les prochaines élections. Djotodia ne comprend toujours pas son éviction du pouvoir en janvier 2014. Il souhaite terminer son « mandat » pendant les 15 mois qu’il était encore censé effectuer à la tête de la présidence de transition avant sa démission. L’ancien patron de la Séléka considère toujours avoir été maltraité « parce que musulman » et se dit victime « d’injustices». Problème, il est quasiment le seul à le penser et certains militaires de l’ex-Séléka ont déjà lâché Djotodia. Comme par exemple, ce général de l’ex-Séléka : Mahamat Al Khatim. En lien avec l’ancien ministre des Mines, Djono Haba qui s’occupe de la branche politique d’un mouvement dissident, il mène la fronde anti-Djotodia. Selon nos informations, ces ex-Séléka seraient disposés à conclure une alliance avec les anti-Balaka contre Michel Djotodia. C’est dire l’état des divisions internes au sein des anciens Séléka, dont la mouvance a toujours été très « composite ». La représentativité des délégations qui assisteront au Forum de Bangui et le dosage des différences factions Balaka et Séléka constitueront donc le principal défi des organisateurs de cette grande table ronde intercentrafricaine. En cas d’échec à Bangui, tous ces groupes (encore) armés pourraient être tentés par une fuite en avant qui rallumerait alors le conflit. La semaine du Forum de Bangui qui s’ouvrira le 27 avril s’avère cruciale.

 

 

Lettre-anti-Balaka-Nairobi.png

 

Christophe RIGAUD – Afrikarabia

 

 

afrikarabia.com



10/04/2015
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