CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Centrafrique: le président par intérim occupe le terrain

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Par Adrien Jaulmes (LeFigaro)

 

Les rues de Bangui ont retrouvé un peu d'animation et les commerces ont en partie rouvert. Les troupes françaises et panafricaines déployées dans la ville depuis cinq jours continuent à maintenir le niveau de violences au minimum. Mais ce retour à un semblant de normalité s'accompagne d'une incertitude politique et sécuritaire inquiétante, alors que la Croix-Rouge faisait état lundi d'un bilan d'une centaine de morts dans des violences intercommunautaires à Bozoum, dans le Nord-Ouest du pays, depuis le 5 décembre.

Propulsé à la tête de l'État vendredi dernier après la démission forcée de Michel Djotodia, et censé présider pour une durée de quinze jours maximum aux réunions du Conseil national de transition qui doit désigner son successeur, le président de transition par intérim, Ferdinand-Alexandre Nguendet, se comporte plutôt comme un chef d'État nouvellement élu.

Assis à la fenêtre de sa voiture tout-terrain noire, il a passé l'après-midi à sillonner Bangui sous les acclamations des badauds. Dans la matinée, il s'est adressé solennellement aux forces armées centrafricaines au cours d'une prise d'armes organisée dans le camp de la gendarmerie. «La récréation est terminée!», a annoncé le président. Dans les cérémonies, les mots «transition» et «intérim» ont presque disparu de son titre. «Chacun doit faire son travail… À partir de ce soir à minuit, tous les soldats qui sont dans la clandestinité seront considérés comme des déserteurs.» Il a également ordonné aux soldats de tirer à vue en cas de trouble à l'ordre public.


 

Son appel a été en partie entendu par les anciens soldats des Forces armées centrafricaines (Faca). Dispersés en mars 2013 par l'entrée de la rébellion de la Séléka dans Bangui, beaucoup sont restés chez eux ou ont rejoint le mouvement adverse des anti-Balaka. Plusieurs centaines d'entre eux, généralement en tenue civile, sont venus se faire enregistrer à l'Ecole nationale de la magistrature. «On a entendu l'appel du président et du chef d'état-major», dit le lieutenant Antonin Dobia, «les ex-Faca ont commencé à revenir. D'ici 48 heures, toute l'armée peut être à nouveau rassemblée.»

Mais ces mesures et l'attitude présidentielle de Nguendet n'ont pas convaincu tout le monde. Dans l'immense camp de déplacés qui entoure la piste et l'aérogare de M'Poko, une grande partie des réfugiés fuyant les exactions de l'ex-Séléka refusent de quitter la protection offerte par la proximité de la base française. «Nous attendons l'élection d'un vrai président de transition», dit Constant Ngoli, un menuisier réfugié à M'Poko depuis l'attaque du 5 décembre 2013, «ensuite seulement nous rentrerons à la maison. On ne veut pas de Nguendet comme président. Il est venu ici nous demander de rentrer, nous l'avons chassé. C'est un Séléka, c'est un musulman, on ne veut pas de lui. C'est à cause de gens comme lui que nous sommes ici!», dit Espoir Zagui, un autre réfugié.

Les Ex-Séléka cantonnés dans les casernes de Bangui sont aussi mécontents. Dans le camp Kassaï, le plus grand camp militaire de la capitale, des groupes de ces soldats qui ont fait régner la terreur pendant des mois sont assis sous les arbres devant les baraques délabrées et les carcasses de blindés rouillées. Un camion venu du Camp de Roux leur a livré quelques sacs de riz et bidon d'huile. «Nous sommes restés cantonnés sur ordre de nos chefs depuis décembre», dit le colonel Rabet. «Nous avons fait ce qu'on nous a demandé, mais depuis la démission du président Djotodia, on ne s'occupe plus de nous, on ne nous donne même plus de nourriture. Nous demandons aussi que les anti-Balaka soient désarmés et contrôlés. Ils sont venus hier nous insulter à l'entrée du camp. S'ils nous attaquent, nous riposterons.»

 

 

 

 



14/01/2014
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