CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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Centrafrique : une "crise oubliée" à l'agenda de l'ONU

Par Anne LE COZ

 

PARIS, France - La "crise oubliée" de la Centrafrique, éclipsée par la guerre en Syrie, arrive cette semaine à l'agenda des Nations unies à New York où la France veut sonner la mobilisation pour sauver son ancienne colonie du chaos.

Plongée dans l'anarchie depuis le renversement en mars de François Bozizé par une coalition hétéroclite de rébellions et groupes armés, la Centrafrique est aujourd'hui menacée de "somalisation", selon les mots du président français François Hollande.

Pillages, meurtres et viols commis en toute impunité par d'anciens rebelles auxquels se sont joints des éléments infiltrés du Tchad et du Soudan : depuis des mois, les ONG tirent la sonnette d'alarme, mettant en garde contre le risque d'effondrement total de l'Etat dans un des pays les plus pauvres au monde, où, hors de la capitale Bangui, les infrastructures et l'administration sont quasi inexistantes.

Selon l'ONU, 1,6 million de Centrafricains, soit un tiers de la population, a besoin d'une aide humanitaire d'urgence, plus de 270.000 ont été déplacés ou se sont réfugiés dans les pays voisins.

Mercredi, une réunion ministérielle est prévue à New York, coprésidée par la France, le bureau des affaires humanitaires de l'Onu (OCHA) et l'Union européenne à laquelle doivent participer des représentants de l'Union africaine (UA), de l'Onu, des Etats-Unis, des pays voisins de la Centrafrique, d'Afrique du Sud, du Burundi.

Le nouveau régime, qui sera représenté à l'Assemblée générale de l'Onu, par le Premier ministre de transition Nicolas Tiangaye, entend plaider pour une "aide massive", sécuritaire et humanitaire, afin de mener à bien la transition jusqu'aux élections, a expliqué à l'AFP Guy-Simplice Kodégué, porte-parole de Michel Djotodia, l'ancien chef de la coalition rebelle Séléka devenu président.

Jusqu'ici, les autorités de transition ont été incapables de mettre fin aux violences tout comme la force africaine, forte de 1.500 hommes, déployée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEAAC).

Le 1er août, cette force régionale a officiellement été placée sous l'égide de l'UA mais la nouvelle Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca, 3.600 hommes prévus) peine à se constituer, faute de moyens logistiques et financiers.

Face à l'urgence humanitaire, l'Union européenne a porté son aide à 20 millions d'euros et s'est déclarée disponible pour soutenir financièrement la Misca.

Les Africains en première ligne

Selon Paris, les effectifs promis par les pays africains (Tchad, Congo, Cameroun, Gabon et Burundi) seront suffisants mais "il faut que la communauté internationale prenne des engagements, logistiques et financiers, pour aider les organisations régionales".

La France, qui dispose de 450 hommes à l'aéroport de Bangui, s'est dit prête à dépêcher 300 militaires supplémentaires "si nécessaire" pour une mission d'encadrement. Mais pas question, insiste Paris, d'une intervention directe comme au Mali: "c'est aux Africains d'être en première ligne, mais nous sommes prêts à aider".

Selon des sources diplomatiques, la France proposera "très vite" à l'Onu une résolution permettant d'une part de "renforcer la mission politique du bureau de l'ONU en Centrafrique" en élargissant ses prérogatives, et d'autre part de "favoriser la montée en puissance" de la Misca.

Le dispositif pourrait, dans un deuxième temps, se transformer en une véritable opération de maintien de la paix de l'ONU. "C'est une option mais ce n'est pas l'objectif immédiat", précise le ministère français des Affaires étrangères.

Certains évoquent aussi une "mise sous tutelle" de la Centrafrique, qui pourrait être placée provisoirement sous administration de l'ONU. Une option que certains dirigeants de la région verraient d'un bon oeil, tant est grande l'inquiétude d'une contagion de la crise alors que de récents affrontements ont pris une dimension religieuse entre ex-rebelles, majoritairement musulmans, et une population à 80% chrétienne.

"Le chaos engendrera le terrorisme", a mis en garde la semaine dernière François Hollande, alors que plusieurs experts craignent que la Centrafrique devienne un sanctuaire pour des rébellions voisines, comme l'Armée de résistance du seigneur (LRA) de l'Ougandais Joseph Kony ou les milices janjawid du Soudan.

 
Afrique Expension - AFP
 
 


23/09/2013
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