Djotodia dément que la Centrafrique soit au bord d'un génocide
par Joe Penney
Le président centrafricain par intérim Michel Djotodia a démenti samedi que son pays se trouve au bord d'un génocide et d'une guerre civile entre communautés religieuses.
Le pays, peuplé de 4,6 millions d'habitants, a sombré dans le chaos depuis que Michel Djotodia, à la tête des rebelles de la Séléka, s'est emparé de la capitale Bangui en mars, chassant du pouvoir le président François Bozizé.
Bien que Michel Djotodia ait dissous la Séléka, qui est accusée d'atteintes aux droits de l'homme, l'incapacité de son gouvernement à enrayer les violences a conduit certains, au Conseil de sécurité, à réclamer une intervention militaire internationale pour rétablir l'ordre en Centrafrique.
La France se prépare à accroître ses effectifs militaires dans son ancienne colonie, qui passeront à au moins 1.000 hommes lorsque l'Onu aura adopté - normalement la semaine prochaine - une résolution sur la Centrafrique dans l'attente du déploiement d'une force de l'Union africaine.
Un mini-sommet informel sur la Centrafrique doit se tenir à Paris le 7 décembre, à l'issue du sommet de l'Elysée consacré à la paix et à la sécurité en Afrique, a-t-on appris samedi de source proche de la présidence française. Le Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye, y prendra part, a-t-on ajouté.
"Il y a un risque d'implosion dans tous les domaines qui est absolument massif", a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, mardi dernier sur France Culture.
"Jusqu'à présent, cela ne concernait, et c'était déjà trop, que les Centrafricains, et aujourd'hui si le vide et l'implosion s'installent cela va concerner tous les pays de la région c'est-à-dire le Tchad, les Soudans, le Congo, le Cameroun", a-t-il ajouté.
De son côté, la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a déclaré que la Centrafrique était menacée d'un double risque: l'effondrement de l'Etat et un possible génocide, en raison de l'augmentation des violences entre la majorité chrétienne de la population et les musulmans, qui soutiennent les hommes de la Séléka.
UN DIXIÈME DES HABITANTS DÉPLACÉS
S'exprimant dans sa résidence de Camp de Roux, camp militaire de l'époque coloniale sur une hauteur dominant le cours de l'Oubangui, Michel Djotodia a attribué les violences à des réglements de compte entre des éléments fidèles à François Bozizé et une partie des hommes de l'ex-Séléka.
"On entend parler certains de guerre inter-religieuse, parfois de génocide. Quel groupe veut exterminer l'autre ? Qui projette d'exterminer l'autre ?" s'est interrogé le dirigeant centrafricain.
"Selon moi, rien ne prouve que l'on peut parler de génocide. C'est simplement de la vengeance. Un régime a commis des abus, maintenant il est tombé. Ses victimes se vengent, c'est tout", a-t-il déclaré.
"Il n'y a pas de génocide, pas même de guerre inter-religieuse. Tout ça est créé pour manipuler l'opinion de la communauté internationale", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Environ 460.000 personnes, soit un dixième de la population, ont fui les violences de ces derniers mois dans le pays.
A Bossangoa, région natale de l'ancien président Bozizé, à 300 km au nord de Bangui, 40.000 chrétiens ont été déplacés par les violences, et plusieurs milliers ont trouvé refuge dans une église.
Michel Djotodia ne s'est pas dit inquiet pour eux, déclarant que ceux qui s'étaient rendus dans l'église de Bossangoa l'avaient fait parce qu'ils savaient qu'ils trouveraient là-bas de la nourriture et de l'eau gratuites.
"Celui qui veut noyer son chien l'accuse d'avoir la rage, c'est tout. Notre situation n'est pas plus dramatique que dans d'autres pays, mais on la décrit comme telle. C'est injuste", a-t-il déploré. (Eric Faye pour le service français).
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