CENTRAFRIQUE NEWS EXPRESS

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RCA: «Sangaris va adapter son dispositif à l’arrivée de la Minusca»

L’opération Sangaris, conduite par la force militaire française en Centrafrique, ne cesse pas avec l’arrivée des casques bleus de la Minusca en Centrafrique. Le chef d’état-major de Sangaris, le colonel Cédric du Gardin, le réaffirme aujourd’hui. Dans l’interview qu’il a accordée aux envoyés spéciaux de RFI à Bangui, le numéro 2 de la force française explique que Sangaris va modifier la répartition géographique de ses effectifs et de son matériel, mais que la force est maintenue et que son mandat reste le même.

 

Par Laurent Correau

 

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Est-ce que Sangaris va partir avec l’arrivée de la Mission de maintien de la paix des Nations unies en Centrafrique, la Minusca ?

 

Cédric du Gardin : Non, Sangaris ne va pas partir avec l’arrivée de la Minusca. Sangaris va adapter son dispositif à la nouvelle donne qu’il y a avec l’arrivée des casques bleus. Nous étions déjà en appui, puis en soutien de la Misca [la force africaine, ndlr]. Nous allons donc perpétuer cette mission avec la Minusca. On va s’adapter au déploiement qui est prévu par la Minusca. Ce déploiement s’opère actuellement majoritairement dans Bangui et dans l’Ouest. Dans Bangui, nous restons présents comme nous le sommes actuellement. Dans l’Ouest, petit à petit, la Minusca s’installe à notre place, notamment à Bouar par exemple, dans les prochains jours, ce qui nous permet à nous non pas de partir, mais de pouvoir déplacer nos efforts bien plus à l’est, dans le couloir central pour pouvoir appuyer ce déploiement progressif de la Minusca.

 

De quelle manière est-ce que Sangaris va coopérer avec la Minusca ?

Sangaris coopère déjà avec la Minusca depuis plusieurs semaines puisque nous les appuyons dans le domaine logistique. Vous n’êtes pas sans savoir que la logistique onusienne est énorme. Donc nous l’appuyons quotidiennement sur l’aéroport de Mpoko pour décharger les mastodontes que sont les Antonov 124, surtout les convois logistiques qui arrivent du Cameroun. Il y a des convois escortés, il y a des convois à faire rentrer. Il y a une fluidité à assurer sur cet axe puisque ce sont des convois de plus de 500 camions. C’est énorme. Nous aidons également des différents contingents en leur prêtant des matériels puisque nous avons repeint, re-préparé des camions, des véhicules blindés au profit de différents contingents. Donc toute la partie logistique est déjà en marche. Pour la partie des opérations, au fur et à mesure que les bataillons se déploient et qui nous demandent leur aide, nous venons sur place pour leur amener notre aide et notre connaissance du territoire.

 

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

A Bouar, on est dans une situation où tout est apaisé, qui est saine, qui est gérable. A partir de ce moment-là, les troupes de l’ONU arrivent. On va prendre le cas des Bangladais. On se « colocalise » avec eux un certain temps. On leur fait prendre connaissance de la zone, prendre connaissance des gens, prendre connaissance des us et des coutumes. Et une fois qu’ils sont autonomes, on leur laisse la place. Et nous, on bascule vers un autre effort pour pouvoir préparer l’arrivée des contingents suivants.

 

Est-ce que le travail de Sangaris vient surtout en appui de la Minusca pour son déploiement ou est-ce que sur des interventions, par exemple, si vous êtes sollicités par la Minusca, vous pouvez également vous projeter sur telle ou telle zone ?

Les deux. Effectivement, s’il y a un problème sécuritaire qui demande à ce que je les renforce, je viendrai les renforcer. Au même titre que ce que l’on faisait déjà avec la Misca. Un exemple : il y a une menace sur les populations dans telle ou telle ville, ils estiment qu’ils n’ont pas les moyens de faire face à un groupe armé ou à une certaine situation. En nous le demandant, on viendra les renforcer pour pouvoir toujours continuer à maintenir ce palier sécuritaire acceptable et les aider à pouvoir gérer la situation sur le terrain. L’avantage, c’est qu’ils vont être nombreux. Ils vont quand même être 10 000, plus les policiers. Donc ils vont avoir une capacité de maillage du pays qui va quasiment être doublée par rapport à celle de la Misca. Effectivement, nous, on vient sur leur appel pour pouvoir amener la plus-value quand ils auront besoin de nous. On est toujours beaucoup plus mobiles qu’eux. Et à partir de ce moment-là, on peut leur amener cette plus-value.

 

Est-ce qu’avec l’arrivée de la Minusca, le mandat de Sangaris a changé ?

Il va évoluer sur le terrain en fonction de son déploiement. Mais les principes restent les mêmes : la force reste impartiale, elle fait appliquer les mesures de confiance là où elle est déployée et elle garantit un palier minimum sécuritaire pour que les populations puissent vivre normalement. Soit ça se fera ensemble sur différents points quand la Minusca me demandera de lui apporter notre concours, soit ça se fera de manière autonome si j’ai besoin de me mettre dans les intervalles parce qu’elle ne peut pas occuper tel ou tel point.

 

Les mesures de confiance qui signifient qu'aucun groupe armé ne peut se promener en ville avec ses armes ?

Avec ses armes, à part quelques cas. Je vous rappelle que ces mesures de confiance ont été signées par tous les acteurs de la Centrafrique à plusieurs reprises, au mois de décembre, janvier et février. Donc elles sont reconnues par toutes les factions présentes. Certaines personnes peuvent se déplacer d’un point A à un point B avec des armes, mais de manière générale, personne ne peut se déplacer en ville ou dans les intervalles [ainsi].

 

Sur quel calendrier Sangaris se projette pour une réduction du dispositif, voire un retrait de Centrafrique ?

 

Sangaris n’a pas de calendrier. Quand vous êtes en soutien ou en appui, vous vous mettez au tempo des unités que vous soutenez. Vous connaissez le tempo actuel des Nations unies. Normalement jusqu’à la fin décembre, on devrait avoir tous les contingents qui seront arrivés. Les Nations unies ont annoncé qu’elles seraient complètement opérationnelles au mois d’avril. On va essayer de suivre leur tempo pour pouvoir les mettre en place.

 

Et la réflexion sur une éventuelle réduction du dispositif viendra plus tard ?

 

Elle viendra en fonction de la façon dont la Minusca s’est déployée et des effets qu’elle a atteints sur le terrain.

 

RFI



20/09/2014
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